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Les bienheureux

 

Lire : Matthieu 5 : 1-9

 

            Au chapitre 4 de l'évangile de Matthieu, nous voyons la personne du Roi et la manifestation de Sa puissance, d’un côté en ce qu’Il défait le diable et de l’autre côté en ce qu’Il pille ses biens (12 : 29) ;  dans les versets 23-25 la puissance du royaume est manifestée, alors que le royaume n’est pas encore établi. Dans ces derniers versets, Jésus se présente comme le Messie-Roi et manifeste Sa puissance en bénédiction.
            Au chapitre 5, Jésus monte sur la montagne, se sachant rejeté sur la terre ; cela évoque Son retour au ciel, où il est caché pour ainsi dire, jusqu’à Sa manifestation future en gloire, quand tout dans les cieux et sur la terre Lui sera assujetti, dans le royaume de justice et de paix. Certainement des foules le suivent, une partie du moins, mais c’est aux disciples qui s’approchent de Lui, qu’Il s’adresse, et Il les enseigne (5 : 1-2).
            Le royaume des cieux est le gouvernement du ciel exercé sur la terre, actuellement « en mystère » parce que le Roi est rejeté. Quel doit donc être le comportement des sujets du royaume pendant leur trajet vers le ciel, sur la terre, pour honorer le Roi déjà annoncé par Moïse, comme prophète Roi (Deut. 18 : 15-19) ? C’est pour répondre à cette question que le Seigneur réunit les disciples autour de Lui.

            Les 9 « bienheureux » se divisent en 7+2. Le chiffre 7 parle d’une plénitude spirituelle et les sept premiers illustrent ce que doit être la conduite de ceux qui sont les « siens », pendant Son absence. Les quatre premiers sont en rapport avec le caractère de justice (devant Dieu) et sont résumés dans le verset 10. Les trois suivants présentent le caractère de grâce administrée au nom de Christ, et ils sont résumés dans le verset 11.

 
« Bienheureux les humbles en esprit, car c’est à eux qu’est le royaume des cieux » (Matt. 5 : 3)

            Le secret du vrai bonheur c’est une vie de sainteté ici-bas, comme celle de Jésus ; elle assure un bonheur sans mélange dans le futur. Ce qui caractérisait l’Homme Christ Jésus sur la terre, c’était l’humilité, la débonnaireté du cœur, et en conséquence la paix du cœur, la communion avec Son Père dont Il était toujours dépendant et auquel Il obéissait constamment. Notre privilège, pendant l’absence du Seigneur, c’est de nous juger nous-mêmes à la lumière de ces béatitudes. Jésus était le Témoin de Dieu, fidèle et véritable. Maintenant nous sommes appelés à porter ce témoignage, comme l’ânon portait Jésus (Luc 19 : 35), le « roi humble et débonnaire » qui entrait à Sion (en grâce) pour être crucifié à Jérusalem (Matt. 21 : 4-11). Le Seigneur envoie ses disciples comme le Père l’a envoyé, Lui. Il était venu apporter de bonnes nouvelles et la paix à Sion (Es. 52 : 7-8). Il était Emmanuel - « Dieu avec nous » (Matt. 1 : 23), « manifesté en chair » (1 Tim. 3 : 16), apportant la lumière dans un pays de ténèbres (Matt. 14 : 16) mais aussi la puissance pour guérir, racheter et bénir, après avoir lié et vaincu celui qui tenait les hommes prisonniers sous sa puissance (Ps. 103 : 3-4 ; Act. 2 : 6, 18). A chaque bénédiction du royaume est attaché, comme préalable, un trait de caractère de l’état de l’âme, qui a été, elle, enseignée par le Saint Esprit (Jean 16 : 14).
            Le Seigneur s’adresse ici aux disciples, c’est-à-dire à ceux qui ont tout laissé pour Le suivre (Matt. 4 : 22, 20). Ils ont confessé leurs péchés au Jourdain et ont été subjugués par la grâce. Cette grâce a brisé leur esprit et leur cœur.
            « Les sacrifices de Dieu sont un esprit brisé » (Ps. 51 : 17). Il ne méprisera pas un tel homme. Bien au contraire, c’est en lui qu’Il se plaît à faire sa demeure et c’est un tel esprit (contrit) qu’Il revivifie (Es. 57 : 15). C’est à de telles personnes que Dieu regarde (Es. 66 : 2) et c’est à ces « pauvres » qu’Il a envoyé Jésus pour leur annoncer de bonnes nouvelles (Luc 4 : 18) ; toutes les richesses du royaume sont à eux.

            Ces pauvres en esprit en ont fini avec eux-mêmes. Non seulement ils n’ont pas une haute opinion d’eux-mêmes, mais pour eux, ce qu’ils sont par nature a été jugé et mis de côté par Dieu - quand Christ a été jugé par Dieu à la croix (en Lui le péché dans la chair a été condamné – Rom. 8 : 3). « Pauvre en esprit », c’est le fondement de ma nouvelle relation avec Dieu : le vase est brisé (2 Cor. 4 : 7). La lumière de Christ est manifestée. Le vase est vidé et Christ le remplit ; la joie de l’Esprit Saint remplit le cœur. Les cruches sont cassées (Jug. 7 : 19), la puissance de Dieu se manifeste dans la faiblesse. Et ayant reçu le Saint Esprit le croyant peut être envoyé par le Seigneur, être un instrument pour Dieu, des flèches dans sa main (Ps. 127 : 4). S’il n’est pas envoyé ailleurs, il veille « aux portes » et « garde les poteaux des entrées » (Prov. 8 : 34), en écoutant ce que Dieu veut lui dire. Il se tient prêt sur la tour de veille (Hab. 2 : 1).
            Quand nous en avons fini avec nous-mêmes et nos propres voies, avec notre propre volonté, alors nous sommes prêts à recevoir la bénédiction. Quand le fils prodigue revient, il ne reçoit pas seulement les sandales, la robe et l’anneau, mais le veau gras. Quand Naomi, ayant tout perdu, revient à Bethléhem, c’est le temps de la moisson. Quand le lépreux est entièrement couvert de lèpre, il est déclaré pur et peut revenir dans le camp et dans sa tente (Lév. 13 : 17). Quand Job déclare qu’il a horreur de lui-même et se repent dans la poussière et dans la cendre, Dieu bénit sa fin plus que son commencement (Job. 42 : 6, 12).

            Le Seigneur Jésus Lui-même s’était, pour ainsi dire, vidé « de ses attributs divins » pour accomplir les conseils de grâce de Dieu pour la bénédiction de sa créature. Quel exemple pour nous !

                   
« Bienheureux ceux qui mènent deuil, car c'est eux qui seront consolés » (Matt. 5 : 4)
 
            La première bénédiction concerne la position propre de l’âme (esprit brisé) devant Dieu. La deuxième concerne ceux dont le cœur est affecté profondément par la condition morale et spirituelle de ceux qui les entourent, condition qui porte du déshonneur sur Dieu. Mais ces sentiments sont accompagnés par une profonde tendresse, avec le désir que Dieu intervienne au temps propre. Une telle âme est heureuse dans la présence de Dieu mais éprouve en même temps les sympathies trouvées dans « l’homme de douleurs » (Es. 53 : 3) quand Il était méprisé (Es. 53 : 3 ; 49 : 7). Le Seigneur lui-même attend patiemment (Marc 13 : 32) la venue de son royaume en puissance et en gloire, quand la volonté de Dieu sera faite, « comme dans le ciel, aussi sur la terre » (Matt. 6 : 10). Maintenant le royaume des cieux est en « mystère » (Matt. 13 : 11). Ceux qui mènent deuil doivent le faire avec l’esprit de Christ. Nous sommes en présence d’un monde où tout est en ruine, même l’Eglise, et tout cela est la conséquence de l’introduction du péché dans le monde et de la manifestation en toutes choses de la volonté propre de l’homme. Notre position est comme celle de la dispersion juive à Babylone : « là nous nous sommes assis, et nous avons pleuré quand nous nous sommes souvenus de Sion » (Ps. 137 : 1), mais nous, nous avons « la bienheureuse espérance » (Tite 2 : 13). Des calamités, des deuils nous entourent ; la création elle-même soupire (Rom. 8 : 22). Notre désir s’exprime ainsi : « Viens, Seigneur Jésus » (Apoc. 22 : 20). Ces sentiments sont agréables à Dieu. Daniel menait deuil quant à l’état de son peuple et de Jérusalem. « Ecoute, ô notre Dieu… fais luire ta face sur ton sanctuaire désolé » ; et l’ange Gabriel lui dit : « Tu es un bien-aimé » (Dan. 9 : 17, 23). Au chapitre 10, il mène deuil trois semaines et le Seigneur Lui-même lui apparaît et lui dit : « Daniel, homme bien-aimé, comprends les paroles que je te dis… Ne crains pas… puis… ne crains pas, homme bien-aimé : paix te soit ! sois fort ! » (Dan. 10 : 2, 11, 12, 19). A la fin du livre, la consolation finale est donnée : « Tu te reposeras, et tu te tiendras dans ton lot, à la fin des jours » (12 : 13).
            Le Seigneur Jésus a pleuré sur Jérusalem (Luc 19 : 41-43). Il a frémi au tombeau de Lazare en voyant le désastre (mort et corruption) introduit par le péché dans le monde. Il pleure quand Il voit que la maison de Son Père est devenue une « maison de trafic » (Jean 2 : 16 ; Ps. 69 : 9-10). Il est attristé à cause de l’endurcissement du cœur des chefs religieux ; Il soupire (Il frémit) en présence d’un sourd (Marc 3 : 5 ; 7 : 34). Il soupire encore parce que des pharisiens, après avoir été témoins de tant de miracles, lui demandent un signe du ciel (Marc 8 : 12). Le cœur du Seigneur est attristé quand Il pense à l’homme riche de Luc 16, aux vierges folles de Luc 25, car Il était venu pour sauver tous les hommes ! Et nous, avons-nous parlé à de telles âmes, sommes-nous tristes dans la présence de Dieu quand de vrais croyants pactisent avec le monde ? Le chrétien qui mène deuil est dans la solitude. C’était le cas de Daniel. C’est le cas d’Esdras (Esd. 9 : 4) : il est désolé, mais d’autres bientôt s’associent à lui, ceux qui tremblent aux paroles du Dieu d’Israël. Déjà dans l’Ancien Testament, Dieu promet la consolation à ceux de Sion qui mènent deuil (Es. 61 : 3 ; 66 : 10, 13). L’apôtre Paul aussi versait des larmes après avoir connu les problèmes à Corinthe (2 Cor. 2 : 4) et sur ceux qui, pensant aux choses terrestres, étaient devenus des « ennemis de la croix de Christ » (Ph. 3 : 18, 20). Dieu et le Seigneur voient les larmes, les apprécient. Elles sont conservées dans les vaisseaux de Dieu, dans Son livre (Ps. 56 : 8).
 

« Bienheureux les débonnaires (ceux qui sont doux) car c’est eux qui hériteront de la terre »
(Matt. 5 : 5).
 
            Ceux-là sont en bonne compagnie – la compagnie de Celui qui est « débonnaire et humble de cœur » (Matt. 11 : 29). On trouve ici par rapport aux 2 premiers bienheureux un grand progrès concernant le bonheur de l’âme ; ce bonheur est conservé et même augmenté dans les conditions les plus difficiles. L’âme ne se révolte pas, ne conteste pas avec Dieu ; il n’y a  plus de « pourquoi ? » au sujet des circonstances éprouvantes ; elle se soumet avec douceur à la volonté du Père (pas ma volonté, mais celle de Dieu, le Père). L’âme ne se défend pas elle-même. Pensons à Moïse, l’homme le plus doux sur la face de la terre (Nom. 12 : 3). La débonnaireté et la douceur se ressemblent, elles se trouvaient en Christ (2 Cor. 10 : 1) ; la douceur est un des éléments du fruit de l’Esprit (Gal. 5 : 23) et elle caractérise la manière dont se conduit un chrétien sage et intelligent (Jac. 3 : 13).
            Le débonnaire sait que malgré tout ce qui est contrariant, le conseil de Dieu s’accomplira pour son propre bien (Rom. 8 : 28). L’homme de foi reste tranquille et humble, marche avec Dieu, n’envie personne. Ses ressources sont dans le Dieu vivant. La voix du Père, la main du Père, Sa volonté, Son conseil soutiennent un esprit doux et humble. « Dieu est pour lui » (Rom. 8 : 31). Que lui fera l’homme ? (Héb. 13 : 6 ; Ps. 56 : 11). Quand l’ennemi vient comme un fleuve, c’est l’Esprit de l’Eternel qui lèvera un étendard contre lui (Es. 59 : 19).

            Quels sentiments devaient être ceux du Seigneur en Matt. 11, l’homme le plus sensible de tous, parce que parfait dans son humanité ! Les chefs religieux l’avait appelé, Lui, « le maître de la maison, Belzébul » (Matt. 10 : 25). Il avait appelé le malheur sur Chorazin, Bethsaïda, Capernaüm, parce que ces villes ne s’étaient pas repenties, malgré tous les miracles qu’Il avait fait au milieu d’elles (Matt. 11 : 20-24). Il  devait leur prédire un jugement très sévère. Par la parole prophétique, Il pouvait dire quant au résultat publiquement visible de son service (3 ans 1/2) en Israël : « J’ai travaillé en vain, j’ai consumé ma force pour le néant et en vain », mais Il ajoute : « toutefois mon jugement est par devers l’Eternel, et mon œuvre par devers mon Dieu » (Es. 49 : 4). Le Seigneur soupire bien sûr à propos du mal qui l’environne « car il n’était pas venu alors pour juger, mais pour sauver » (Jean 12 : 47), mais Il reste soumis à son Père et à sa volonté : « Oui, Père, car c’est ce que tu as trouvé bon devant toi » (Matt. 11 : 26). Ce que le Seigneur a devant les yeux, ce sont les voies de grâce du Père envers les débonnaires et les humbles. Le Père protège le Fils du regard des impies et cache la gloire du Fils de l’orgueil de l’homme : « Personne ne connaît le Fils, si ce n’est le Père » (Matt. 11 : 27). Mais la bénédiction est pour les débonnaires. Dieu leur montre son chemin à Lui et leur enseigne le chemin qu’ils ont à choisir (Ps. 25 : 9, 12 ; Ps. 37 : 11) ; ce chemin aboutit au pays promis où ils feront leurs délices d’une abondance de paix. Tout au long de ce chemin, ils sont en compagnie de l’Homme humble et débonnaire qui leur dit : « Venez à moi ». Quand le cœur de l’Homme débonnaire est brisé (Ps. 69 : 20), Il se retire dans la présence de Dieu, et là Il jouit déjà du pays par anticipation : « toutes choses m’ont été livrées par mon Père ». C’est la bénédiction, c’est là qu’il appelle tous les débonnaires à se retirer avec Lui et les fait jouir de Sa propre paix et de son repos, « dans le sein du Père » qu’Il leur fait connaître. Quant à la route qui traverse ce monde, Il leur dit : « Prenez mon joug », vous tous qui êtes chargés : le joug et le fardeau ce sont les circonstances que le Père a trouvé bon de nous faire traverser dans ses conseils d’amour. Pour Lui, le joug est « facile à porter » et le fardeau est « léger » parce que son plaisir c’est d’accomplir la volonté de son Père. Et voilà le débonnaire attelé au même joug que le Fils. Un joug est porté à 2. Quel réconfort dans le chemin d’être sous un même joug avec Christ et être ainsi fortifié par Lui (2 Cor. 12 : 10 ; Phil. 4 : 13) ! Nous pouvons être sûrs que c’est Lui qui porte la plus grande partie du poids du joug.
 
 
« Bienheureux ceux qui ont faim et soif de la justice, car c’est eux qui seront rassasiés » (Matt. 5 : 6)
 
            Ce quatrième bienheureux conduit à une pleine satisfaction de l’âme. Avoir faim et soif exprime un désir ardent de justice ; il ne s’agit pas ici de la « justice qui vient de Dieu, moyennant la foi » (Ph. 3 : 9). Dieu nous attribue la justice de Christ, mais la justice pratique de la marche c’est celle qui correspond en toutes choses à la volonté de Dieu pour moi. C’est Dieu lui-même qui produit dans un cœur renouvelé ce désir, et ce désir ce sont les « arrhes de l’héritage ». Rien dans ce monde ne peut jamais pleinement et durablement satisfaire un cœur d’homme. Salomon l’a éprouvé et doit reconnaître (livre de l’Ecclésiaste) que tout dans ce monde est vanité et poursuite du vent. Le cœur renouvelé ne peut être satisfait que par Christ. La bien-aimée du Cantique des cantiques peut dire : « Tire-moi », quand le Roi l’a trouvée, puis elle dit qu’elle se souviendra de ses amours plus que du vin ! (Cant. 1 : 4). C’est le travail de la grâce ; cela ne vient pas de nos cœurs dépravés. Christ seul est le repos de l’âme. Il est seul le rocher et le salut journalier, la haute retraite, le refuge (Ps. 62). C’est dans sa compagnie, dans la contemplation de sa Personne dans le sanctuaire que se trouve le rassasiement de l’âme, et que la joie est goûtée (Ps. 63 : 5). Dans les tribulations qui attendent dans le monde celui qui veut maintenir l’autorité et la gloire de Dieu en marchant dans un chemin de justice, qui est bien souvent délaissé même par des vrais enfants de Dieu, « que fera » celui qui veut être « juste » devant Dieu ? (Ps. 11 : 3). Sa maxime sera : « Est-ce que ce que je fais est en harmonie avec la volonté de Dieu pour moi ? ».  Sa consolation : « L’Eternel juste aime la justice ; sa face regarde l’homme droit » (Ps. 11 : 7). Son désir c’est d’être asservi à la justice, asservi à Dieu, ayant été affranchi du péché, pour avoir « son fruit dans la sainteté et pour aboutissement la vie éternelle » (Rom. 6 : 18-22). C’est encore la grâce de Dieu qui produit ce désir de « présenter nos corps en sacrifice vivant, saint, agréable à Dieu » ; et c’est par l’entendement renouvelé (par le Saint Esprit) que nous discernons la volonté de Dieu pour nous (Rom. 12 : 1-2).  Cela ne va-t-il pas nous rendre légalistes ? Non, la loi parfaite est celle de la liberté (Jac. 1 : 25 ; 2 : 13). Nous la voyons accomplie en Christ, et il nous faut la regarder de près. Sa vie est notre vie, et le standard de cette vie, la norme qui nous jauge, c’est la vie de Christ. Cette vie n’est jamais opposée à la Parole : elle manifeste l’obéissance, la liberté parfaite, la joie et la puissance de vie.
            Dans la pratique, le Cantique des cantiques illustre cette marche pratique et la grâce qui soutient dans le chemin de la justice. La bien-aimée sait que par nature elle est noire, mais l’amour du Roi l’a subjuguée ; il l’a tirée après Lui et elle se sait aimée de Lui, et sait aussi qu’elle est maintenant (en Christ) le lis des vallées (Cant. 2 : 1). Elle s’est assise, comme Marie de Béthanie à son ombre et a goûté l’intimité (la communion) de Sa présence. Il est à elle et elle est à lui (2 : 16). Or, il paît parmi les lis et elle n’est pas avec lui ! Elle le cherche et le trouve, et puis elle ne le lâche pas (3 : 4). Pourquoi avait-elle quitté sa compagnie ? Tout au long du chapitre 4, il lui dit tout le plaisir qu’il trouve en elle et qu’il veut qu’elle ne soit que pour lui. Et elle répond à son désir (4 : 16). Quant à lui, il va dire à ses amis tout le plaisir qu’elle lui a procuré (5 : 1). Et puis, la voilà à nouveau loin de lui dormant tout en ayant le cœur réveillé. Son bien-aimé heurte à sa porte, elle ne lui ouvre pas ! La recherche de ses propres aises a créé une distance entre elle et lui ; elle est plus occupée d’elle-même que de lui. Ne l’avait-elle pas déjà perdu une première fois ? Le Bien-aimé a essayé d’entrer, ensuite il est parti. Enfin, elle se rend compte qu’il lui manque ! C’est ainsi que la grâce agit. Avant qu’il parte, son cœur à elle n’était déjà plus occupé par lui seulement. La myrrhe laissée par la main du bien-aimé sur le guichet de la porte lui rappelle son amour (les souffrances et la mort de Christ) et elle veut le rattraper, mais les gardes la frappent, la considérant comme une femme légère - c’est la discipline de l’amour du Seigneur. Ces gardes chargés de l’ordre dans la ville – l’assemblée en figure – n’ont peut-être pas agi avec le tact qui convient, mais le Seigneur l’a permis. Le but du Bien-aimé est atteint : les affections de la bien-aimée sont réveillées ; où pourrait-elle être consolée, si ce n’est chez lui et par lui. A nouveau, elle est malade d’amour, elle en parle à d’autres qui lui demandent ce qu’il a donc de si particulier. Alors elle le voit en esprit devant elle dans tous ses attributs et elle ne peut les énumérer tous, car c’est toute sa personne qui est désirable (5 : 16). La discipline de la grâce a atteint son but : elle ne peut être satisfaite que par lui. Et au fur et à mesure qu’elle a ainsi détaillé tous ses caractères, elle réalise où il est : « il paît parmi les lis » (6 : 3). Va-t-il lui faire des reproches ? Non ! Elle est pour lui plus belle que jamais, belle comme la lune, pure comme le soleil. Au chapitre 7, il la détaille et commence par ses pieds. Qu’ils sont beaux ses pieds qui l’ont ramenée vers lui ! Il est « enchaîné » par elle. C’est elle qui lui avait échappé, mais lui était resté fidèle dans son amour pour elle. Et alors elle sait qu’elle est à son bien-aimé, et elle le sera toujours ; elle ne dit plus qu’il est à elle. N’est-elle pas capable de le perdre à nouveau ? Ainsi nous sommes par rapport au Seigneur. Mais lui ne nous perdra jamais ; combien Sa grâce est grande !

            Son désir se portera toujours vers elle. Elle monte maintenant du désert, s’appuyant sur son bien-aimé (8 : 5). Elle désire être « comme un cachet sur son cœur », s’y reposer toujours « comme un  cachet sur son bras », que tout ce qu’elle fait soit commandé par son bras. S’appuyer sur lui dans le chemin, se reposer sur son cœur, être dirigée par lui en tout, c’est la satisfaction parfaite. Lui-même peut dire d’elle qu’elle a trouvé la paix ; il a atteint son but pour elle dans la course qu’elle fournit avec lui dans le désert vers le ciel.
 
 
« Bienheureux les miséricordieux, car c’est à eux que miséricorde sera faite
(Matt. 5 : 7).
 
            Avec ce nouveau bienheureux, nous abordons le deuxième caractère, le bonheur et la joie du racheté en manifestant les caractères de Christ dans sa vie, en rapport avec ses relations avec ceux qui l’entourent et qu’il côtoie.
            La miséricorde est l’un des attributs de Dieu. Il est appelé « le Père (c’est-à-dire la source) des miséricordes » (2 Cor. 1 : 3) : c’est la pitié, les compassions, la tendresse, la bonté, la charité, manifestées dans un monde où règne la misère, en particulier la misère morale. La miséricorde est le grand fleuve que sépare l’éternité passée de l’éternité future dans ce monde de péché. Au-delà de cette rivière, il n’y aura plus de miséricorde : elle s’arrêtera quand le temps s’arrêtera. La miséricorde est la manifestation de la grâce de Dieu envers le pécheur et en rapport avec le péché. Après le veau d’or et l’intervention de Moïse auprès de Dieu pour qu’il ne consume pas son peuple, Dieu, en Sinaï, se manifesta à Moïse, comme « l’Eternel ! Dieu, miséricordieux et faisant grâce, lent à la colère, et grand en bonté et vérité » (Ex. 34 : 6). Le cœur de Dieu est ému quand Il voit la misère dans laquelle se trouve sa créature à cause du péché : Il est « ému de compassion ». C’est « la profonde  miséricorde de notre Dieu » qui L’a conduit à visiter son peuple dans la Personne de son Fils (Luc 1 : 78-79). C’est aussi parce que, au temps des Juges, l’âme de Dieu avait été en peine de la misère d’Israël, causée par leur infidélité, qu’Il leur envoya un Sauveur en la personne de Jephté (Jug. 10 : 16 ; 11).

            Il y a une différence entre la grâce et la miséricorde. La miséricorde est exercée par le Seigneur Jésus à notre égard à cause des péchés : « C’est pourquoi il dut, à tous égards, être rendu semblable à ses frères, afin qu’il soit un miséricordieux et fidèle souverain sacrificateur dans tout ce qui concerne Dieu, en vue de faire propitiation pour les péchés » (Héb. 2 : 17). La grâce, en revanche, est exercée en rapport avec nos besoins pour avoir du secours. « Approchons-nous donc avec confiance du trône de la grâce, afin de recevoir miséricorde et de trouver grâce, pour avoir du secours au moment opportun » (Héb. 4 : 16). La grâce a aussi le caractère d’une faveur accordée librement par Dieu, alors que de notre côté, il n’y a aucun droit à la recevoir. L’expression des souhaits qui se trouve au début de la plupart des épîtres ne comporte la miséricorde que lorsqu’elles sont adressées à des individus ; quand elles s’adressent à des assemblées, seule la grâce est mentionnée, car celles-ci sont vues comme unies à Christ et donc vues dans leur perfection devant Dieu (en Christ qui est le chef du corps). Christ est la manifestation même de la grâce : « la grâce est répandue sur ses lèvres » (Ps. 45 : 2). « Tous… s’étonnaient des paroles de grâce qui sortaient de sa bouche » (Luc 4 : 22). L’expression de sa miséricorde est illustrée dans les évangiles chaque fois qu’il est écrit qu’Il fut ému de compassion – à l’égard de la veuve dont le fils unique était mort, à l’égard des « brebis, lassées et dispersées n’ayant pas de bergers, à l’égard des aveugles à la sortie de Jéricho par exemple (Luc 7 : 13 ; Matt. 9 : 36 ; 14 : 14 ; 15 : 32 ; 20 : 34).

            Et maintenant il nous convient de rappeler constamment à nos cœurs la miséricorde dont nous avons, chacun individuellement été les objets. Nous sommes des « vases de miséricorde » (Rom. 9 : 23), et cela est en dehors de nous. Nous n’en voulions pas ; elle est de « Dieu qui fait miséricorde » (v. 16) et qui est « riche en miséricorde, à cause de son grand amour dont il nous a aimés » (Eph. 2 : 4). Maintenant notre bonheur et notre joie ce sera d’agir comme notre Père. Le Seigneur nous dit : « Soyez miséricordieux, comme aussi votre Père est miséricordieux ; ne jugez pas » (Luc 6 : 36). Nous serons alors les canaux de la miséricorde de Dieu envers d’autres, si nous l’exerçons dans le même esprit que celui de Jésus. « Celui qui exerce la miséricorde, qu’il le fasse joyeusement » (Rom. 12 : 8).

            Le Seigneur, dans le chapitre 18 de l’évangile de Matthieu, nous rappelle d’une manière toute solennelle la grandeur de la miséricorde dont nous avons été les objets et y précise en même temps son vaste champ d’application. La parabole du roi qui a voulu compter avec ses esclaves répond à la question de Pierre : « Combien de fois pardonnerai-je à mon frère qui péchera contre moi ? ».  Et le Seigneur explique que chaque péché que je fais est une dette envers Dieu, une dette qui s’accumule de jour en jour. Un jour il nous faudra en rendre compte devant Lui. L’esclave (Matt. 18 : 24) devait 10 000 talents à son Seigneur, ce qui représente 100 millions de deniers ou le même nombre de salaires journaliers ; en comptant celui-ci au SMIG (environ 75€), la dette s’élevait à l’équivalent de 7,5 milliards d’euros soit 500 000 années de travail au SMIG. Le Seigneur « ému de compassion » (v. 27) lui remit cette dette. Cela donne une idée de la grandeur de la miséricorde de Dieu envers moi, et cela d’autant plus que notre Seigneur Jésus a payé à ma place. Il peut dire : « Ce que je n’avais pas ravi, je l’ai alors rendu » (Ps. 69 : 4). Et nous, enfants d’un Père si miséricordieux, ne remettrions-nous pas les dettes plus significatives que nos frères, en péchant contre nous, ont contractées ? Ne serons-nous pas prêts à pardonner de tout notre cœur, à chacun de nos frères. Il convient évidemment que mon frère reconnaisse son péché devant Dieu (« contre toi seul j’ai péché » - Ps. 51 : 4) et devant moi pour qu’une pleine communion soit rétablie. Mais dans mon cœur il me faut être préparé à pardonner « comme Dieu aussi, en Christ m’a pardonné » (Eph. 4 : 32). Et comme je suis peiné par le fait que mon frère ait perdu la communion avec Dieu, j’irai vers lui, après m’être jugé moi-même, pour le reprendre avec toute humilité et douceur et patience afin de le gagner pour Christ (Matt. 18 : 15 ; Eph. 4 : 2).

            Pour celui qui use de miséricorde, il y a une promesse pour le futur : à lui miséricorde sera faite. Paul écrit à Timothée : « Que le Seigneur fasse miséricorde à la maison d’Onésiphore, car il m’a souvent réconforté et n’a pas eu honte de mes chaînes ; mais, quand il a été à Rome, il m’a cherché très soigneusement et il m’a trouvé. Que le Seigneur lui fasse trouver miséricorde de la part du Seigneur dans ce jour-là » (2 Tim. 1 : 16-18). Un peu plus loin, Paul dit : « Désormais, m’est réservée la couronne de justice que le Seigneur, le juste juge, me donnera dans ce jour-là » (2 Tim. 4 : 8). C’est le jour de la manifestation de toutes choses, le jour de Christ où nous aussi serons manifestés avec Lui, le jour des récompenses. Le jour de Christ commencera pour chacun de nous par notre manifestation individuelle, nous-mêmes étant revêtus de nos corps de gloire, devant le tribunal de Christ (2 Cor. 5 : 10). Là, je ne serai pas jugé mais avec Christ je passerai en revue toute ma vie, et alors sa miséricorde envers moi sera manifestée entièrement et dans tous les détails, « je connaîtrai à fond comme aussi j’ai été connu » (1 Cor. 13 : 12) et c’est alors seulement que je connaîtrai la grandeur de sa miséricorde, dont je garderai le souvenir pendant toute l’éternité. Un secret entre Lui et moi. Combien est grande sa miséricorde en ce que, à propos de ma vie ici-bas, mes pensées seront les mêmes que les siennes : aucune ombre ne persistera entre Lui et moi.
 
 
« Bienheureux ceux qui sont purs de cœur, car c’est eux qui verront Dieu » (Matt. 5 : 8).
 
            Pour être bienheureux (paix et joie de cœur en la présence de Dieu), il faut deux conditions préalables : un état de cœur qui convienne à cette présence et l’objet convenable qui occupe le cœur. Dieu seul est pur. Ses yeux sont « trop purs pour voir le mal » - sans le condamner et le juger (Hab. 2 : 13). Pour apprécier Dieu, il faut un cœur pur. La vision pour Le voir est une vision morale de l’âme, une vision par la foi. Plus le cœur sera pur et mieux nous verrons Dieu, mieux nous apprécierons sa gloire. Ce sixième bienheureux est bien sûr la conséquence de la connaissance profonde de sa miséricorde et de sa bonté. Dans les Psaumes nous trouvons souvent ensemble la bonté (grâce) et la vérité, puis la justice et la paix. « La grâce et la vérité sont venues par Jésus Christ » (Jean 1 : 17). C’est Lui qui est venu dans ce monde de péché, image de Dieu invisible (Col. 1 : 15). Ceux qui L’ont reçu ont vu « sa gloire, une gloire comme d’un Fils unique de la part du Père » - la gloire de la grâce de Dieu, qui est la première de ses gloires. Le Seigneur de gloire a voilé ses autres gloires, pour être le Fils de l’homme qui, sur la base de sa mort allait réconcilier le monde avec Dieu. Il  introduira dans un temps futur un règne de justice et de paix qui sera en bénédiction pour tout l’univers et pour le bonheur des créatures de Dieu qui étaient, à cause du péché, destinées au jugement éternel. Mais cela impliquait pour Lui la croix, où « la justice et la paix se sont entre-baisées » (Ps. 85 : 10). La gloire de l’Eternel, qui dans l’Ancien Testament avait l’apparence d’un feu dévorant (Ex. 24 : 17), sera alors révélée à toute chair et l’Eglise aura la gloire de Dieu et cette gloire l’illuminera (Apoc. 21 : 11 ; 22 : 23). « La terre sera pleine de la connaissance de la gloire de l’Eternel » (Es. 40 : 5 ; 11 : 9).
            C’est par la foi que le cœur est purifié et c’est Dieu qui le purifie. Pierre dit de Corneille et de ceux des nations : « Dieu a purifié leurs cœurs par la foi » (Act. 15 : 9).  David, après son péché, demande : « Crée-moi un cœur pur, ô Dieu ! et renouvelle au-dedans de moi un esprit droit » (Ps. 51 : 10). Le cœur naturel est la source de tout mal. Dieu l’a condamné il y a longtemps (Gen. 6 : 5 ; 8 : 21) comme étant trompeur et incurable (Jér. 17 : 9). Un cœur pur est un cœur régénéré, dans lequel Christ habite par la foi (Eph. 5 : 17 ; 1 Pier. 1 : 22-23), mais cette pureté est maintenue par la jouissance de l’Esprit, qui rappelle constamment Christ à notre cœur et nous reprend dans notre conscience quand nous perdons Christ de vue. Notre cœur naturel est une source d’impureté et un autre danger est notre environnement, le monde et tout ce qui est mondain dans nos associations et qui répond ainsi aux convoitises du cœur. Un cœur pur regarde vers Christ et vers Lui seul. Jacques appelle pécheurs ceux qui ont un cœur double (Jac . 4 : 8) et « adultères » (c’est-à-dire reniant leurs relations avec Christ) ceux qui pactisent avec le monde (4 : 4). Paul nous indique les compagnies des croyants qui voient Dieu : ceux qui invoquent le Seigneur d’un cœur pur (2 Tim. 2 : 22). Le Père et le Fils ont fait leur demeure chez eux ; le Saint Esprit est leur Consolateur, ils se soumettent de bonne volonté au service présent du Seigneur qui leur lave les pieds ; ils persévèrent dans le jugement d’eux-mêmes et ne perdent pas le Seigneur de vue. En regardant vers Lui, ils sont eux-mêmes illuminés et leurs faces ne sont pas confuses (Ps. 34 : 5). Ce qu’ils voient dans la face de Christ, c’est la gloire de Dieu en grâce, douceur, humilité, compassion, douleur, justice, réserve, sainteté, sagesse, paix, amour. Cette face resplendit comme le soleil (Matt. 17 : 2) et celui qui la contemple se baigne dans ses rayons. Lui-même est transformé progressivement en la même image (2 Cor. 3 : 18), et il devient un miroir qui réfléchit pour ceux qui l’entourent les perfections de Christ. Il attend le moment où il verra Christ comme Il est et lui sera semblable (1 Jean 3 : 1-3). Le croyant, ayant cette espérance, se purifie (par le jugement de lui-même, la séparation) comme Lui est pur. Christ demeure en lui et lui en Christ, pour marcher comme Lui a marché (1 Jean 2 : 6). L’Eglise dans le Millénium est caractérisée par la pureté : or pur, verre pur, verre transparent - aucune chose souillée n’y entre-, un fleuve d’eau vive éclatant comme de cristal, des robes lavées ! Ne devrions-nous pas avoir dès maintenant le saint désir d’être transformés dans notre entendement pour refléter ici-bas les caractères de Christ que nous porterons au ciel ?
 
 
« Bienheureux ceux qui procurent la paix, car c’est eux qui seront appelés fils de Dieu » (Matt. 5 : 9)
 
            Procurer la paix ne signifie pas vivre paisiblement, garder la paix et rester en paix avec tous. C’est un point important car il y a le danger de sacrifier la fidélité à Dieu pour maintenir la paix. Procurer la paix, c’est l’activité de la grâce du Seigneur Jésus par nous, pour calmer les passions turbulentes et les eaux troubles et cela sans compromettre la sainteté de Dieu ou déclamer « paix, paix ! » quand il n’y a pas de paix (Jér. 6 : 14 ; 8 : 11). Pour cela, il faudra beaucoup de renoncements à soi-même, accepter de voir des soucis se présenter, s’attendre avec patience à Dieu et ne pas chercher à éviter les troubles qui viendront perturber notre esprit. Tout doit être examiné selon les normes du sanctuaire. L’impartialité est un trait de caractère indispensable : miséricorde, paix et justice vont ensemble. Il faut vérité et grâce, justice et paix, et laisser à Dieu le temps d’agir. La paix ne peut être imposée. Mais s’il existe dans une situation de conflit la plus petite possibilité pour le maintien de la sainteté et de la vérité de Dieu, alors oui, les fils de Dieu seront des éléments précieux.
            Pour être apte à exercer un tel service, il faut un certain état de l’âme en relation avec Dieu : un cœur pur (c’est-à-dire qui voit Dieu) qui est en paix avec Dieu et marche dans le jugement de soi-même - un cœur pur, en paix avec Dieu, qui aime la paix, désire aussi la même paix et le même bonheur pour les autres. Mais il faut aussi un jugement spirituel sain, ce qui présuppose aussi le jugement de soi-même et une marche dans la lumière, « comme lui est dans la lumière » (1 Jean 1 : 7). Il faut la sagesse qui vient d’en haut ; elle est « premièrement pure, ensuite paisible » (Jac. 3 : 17) ; elle est aussi pleine de miséricorde et sans partialité.

            Mais que penser de ceux qui troublent la paix, qui ont oublié de chausser leurs pieds de la préparation de l’évangile de paix (Eph. 6 : 15) ? Faisons attention : une erreur est souvent transformée en délit, une opinion différente sur un passage en fausse doctrine. A la source il y a souvent un faux zèle à propos d’une vérité ; « on tient un homme coupable pour un mot » et on argumente au sujet de « choses futiles » (Es. 29 : 21). Un peu de sagesse, un peu de patience, un peu de charité, un peu de considération pour des faiblesses humaines, un peu d’attente pour que Dieu intervienne, auraient évité discordes et divisions. Gédéon (Juges 8 : 1-3) est un bel exemple d’un homme qui procure la paix : les hommes d’Ephraïm étaient manifestement contestataires. Mais Gédéon, par sa réponse, apaisa leur esprit et su ainsi conserver la paix. Cent ans plus tard, dans une situation analogue, les fils d’Ephraïm se montrent toujours aussi intraitables (Juges 12) ; mais Jephté répond à leurs menaces (v. 1-6) par la force et 42 000 Ephraïmites sont tués !

            Mais il y a encore un danger plus grand : un serviteur de Dieu mécontent parce qu’il pense que son service n’est pas assez apprécié. C’est l’esprit de parti d’un homme qui attache plus d’importance à son service qu’à la paix entre les frères (voir 2 Cor. 11 : 6-20 ; Gal. 5 : 12 ; Act. 20 : 30). Sept fois, Dieu est appelé « le Dieu de paix ». Le Seigneur est venu annoncer la paix, Il laisse la paix à ses disciples, mais ceux qui Lui sont fidèles ne pourront pas, dans bien des occasions, maintenir une paix avec ceux qui sont opposés à Christ. Lui-même dit : « Je ne suis pas venu mettre la paix, mais l’épée : car je suis venu jeter la division entre un homme et son père » (Matt. 10 : 34-37). « S’il est possible, autant que cela dépend de vous, vivez en paix avec tous les hommes » (Rom. 12 : 18).
 

                                                                                            R. H – 06-2010