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LE LIVRE DE JOSUE (9-10)

 CHAPITRE 9 : L’alliance avec les Gabaonites
 Chapitre 10 : La victoire de Gabaon


CHAPITRE 9 : L’alliance avec les Gabaonites

 
                        Introduction (v. 1-2)
 
            Après la double victoire de Jéricho et d’Aï, six nations du pays se coalisent pour faire la guerre à Josué et à Israël (v. 1-2).
            Ce sont précisément - à l’exception des Guirgasiens qui ne sont pas mentionnés ici – les nations qu’Israël devait déposséder. Le passage de l’arche à travers le Jourdain (3 : 10-11) avait déjà montré que le Dieu vivant était là pour détruire ces nations et donner leur pays en héritage à son peuple (Néh. 9 : 8). Les instructions divines étaient formelles à leur égard (Deut. 7 : 1-2). Il fallait les détruire entièrement et ne jamais traiter alliance avec elles.

            L’une d’elles, le Hévien (les Gabaonites), occupe dans le récit une place particulière. Ce peuple habitait les quatre villes de Gabaon, Kephira, Beéroth et Kiriath-Jéarim (v. 17). Par ruse, les Gabaonites entreprennent de s’introduire au milieu du peuple d’Israël pour échapper au jugement qui devait les atteindre. C’est l’épisode du chapitre 9, dont les conséquences immédiates pour Israël sont tirées au chapitre 10. Ces deux chapitres nous enseignent comment une chute dans la marche du chrétien (ou du peuple de Dieu) sur la terre peut porter des fruits amers pour toute la vie.

            Avant que la guerre ouverte ne se déclare entre Israël et les nations, il faut faire face aux ruses des Gabaonites. C’est ainsi que le chrétien doit tenir ferme contre les « artifices du diable » (Eph. 6 : 11) déguisé en « ange de lumière » (2 Cor. 11 : 14), avant d’engager le conflit contre Satan exerçant la violence du « lion rugissant » (1 Pier. 5 : 8).
 
                        La ruse des Gabaonites (v. 3-13)
 
            Les Gabaonites trompent le peuple d’Israël. Ils disent venir d’un pays très éloigné (v. 9), alors qu’ils étaient voisins (v. 16). Se présentant même au nom de l’Eternel, ils ajoutent la flatterie religieuse, une arme redoutable dans la main de l’adversaire. C’est un exemple frappant de la prudence des fils de ce siècle à l’égard de leurs semblables (Luc 16 : 8). Comment blâmer ces hommes de chercher ainsi par des moyens humains à échapper au jugement ? Toutefois, à la différence de Rahab, ce n’est pas la foi qui les fait agir, mais une prudence humaine qui emploie des artifices charnels. Plus tard, la femme cananéenne (Matt. 15 : 22-28), appartenant à une race vouée au jugement, viendra aussi à Christ par la foi pour recevoir le salut.
 

                        La faute de Josué et des princes d’Israël (v. 14-27)
 
            La responsabilité de Josué et du peuple d’Israël était tout autre que celle des Gabaonites, car les oracles de Dieu lui avaient été confiés (Rom. 3 : 2). Le camp était bien à Guilgal, là où la pensée de Dieu pouvait leur être révélée ; mais, malheureusement, on oublie d’interroger la bouche de l’Eternel (v. 14). La Parole avait été honorée à Sichem (8 : 32), et maintenant la prière est négligée à Guilgal. Une position collective conforme à l’enseignement de la Parole ne nous préservera pas si nous ne recherchons pas constamment la pensée de Dieu par la prière dans chaque circonstance !
            De plus, les hommes d’Israël prennent des provisions des Gabaonites : ils goûtent la communion avec le monde. C’est aussi ce qu’a fait l’assemblée sur la terre. L’histoire de Pergame correspond à la période où l’empereur Constantin établit la puissance romaine civile comme protection de l’église céleste. L’Esprit Saint doit déclarer à celle-ci : « Je sais où tu habites, là où est le trône de Satan… parmi vous, là où Satan habite » (Apoc. 2 : 13), c’est-à-dire dans le monde.

            Les inquiétudes légitimes des hommes d’Israël (v. 7) sont balayées par la décision hâtive mais irrévocable de Josué et des princes de l’assemblée (v. 15). Ceux-ci font la paix avec les Gabaonites, traitent alliance avec eux et s’obligent par serment au nom de l’Eternel, le Dieu d’Israël (v. 18). La vérité éclate trois jours plus tard ; on comprend les murmures de l’assemblée d’Israël contre les princes. Mais, de la même manière que le péché d’un seul, Acan, avait souillé toute l’assemblée, la décision de Josué et des princes engage maintenant tout le peuple d’Israël.

            Que ceux à qui le Seigneur a confié dans les assemblées une place particulière de responsabilité veillent soigneusement sur eux-mêmes. Qu’ils écoutent leurs frères pour ne pas engager l’assemblée locale dans un chemin qui n’est pas celui de la vérité !

            Lors de la défaite d’Aï, le peuple s’était confié dans sa propre force et avait dû faire l’expérience de sa faiblesse. Dans l’affaire des Gabaonites, les principaux du peuple s’appuient sur la sagesse de l’homme sans consulter Dieu. La convoitise d’Acan montre en figure comment le monde et le péché peuvent s’introduire dans le cœur du chrétien. L’infidélité d’Israël à l’égard des Gabaonites montre maintenant comment le monde peut pénétrer dans la marche du peuple de Dieu.

            En définitive, les Gabaonites ont la vie sauve (v. 26) : telle est la souveraine grâce de Dieu, bien que leur action soit aussi inexcusable que celle de l’économe injuste dans le récit déjà cité (Luc 16 : 8). En conséquence, s’ils sont dès lors associés au peuple de Dieu, ils restent étrangers et serviteurs pour toujours, à cause de leur tromperie (v. 23).
 

                        Les conséquences lointaines. Saül et les Gabaonites
 
            La faute d’Israël dans l’affaire des Gabaonites était plus grave que celle d’Acan, en raison de ses conséquences lointaines dans toute l’histoire du peuple.
            Quatre siècles plus tard, les résultats se manifestent lorsque Saül, dans son zèle pour les fils d’Israël, avait cherché à les frapper (2 Sam. 21 : 2). Trois ans de famine pour le peuple entier et la mort infamante des sept fils du roi sont les tristes fruits de l’égarement de Saül qui avait rompu le serment fait au nom de l’Eternel. Combien la chair, même dans un roi, est éloignée de la pensée de Dieu ! Saül épargne les Amalékites alors qu’il fallait les détruire (1 Sam. 15 : 11), mais il porte la main sur les Gabaonites, au lieu de les laisser vivre tranquillement au milieu du peuple. Lorsque Israël s’est purifié de la faute de Saül à leur égard, « après cela, Dieu fut propice au pays » (2 Sam. 21 : 14).
 

                        Conclusion et application spirituelle

            L’histoire des Gabaonites parmi les fils d’Israël se poursuit par deux notes plus heureuses dans l’histoire du peuple :
                 – « Jishmahia… homme fort parmi les trente, et au-dessus des trente » (1 Chr. 12 : 4) était un Gabaonite qui a aidé le roi David au temps de son rejet.

                 - Plus tard, « Mélatia, le Gabaonite… les hommes de Gabaon et de Mitspa » (Néh. 3 : 7) ont coopéré à la réparation de la muraille de Jérusalem après la transportation.

            Une application pratique importante pour nous de ce récit, c’est de veiller à ne pas nous engager légèrement dans des situations personnelles vis-à-vis des autres – nos frères ou des personnes du monde – dont nous ne pourrions plus nous libérer (Prov. 6 : 1-2 ; Rom. 13 : 8). En effet, la fidélité à Dieu exige de satisfaire scrupuleusement à tous les engagements que nous avons contractés : c’est le premier témoignage à rendre vis-à-vis du monde.

 
 
Chapitre 10 : La victoire de Gabaon
 
                        La coalition des cinq rois (v. 1-6)
 
            Les conséquences de l’alliance avec les Gabaonites ne tardent pas à se manifester. Une coalition des rois des Amoréens se dresse contre Gabaon, que les nations identifient maintenant à Israël. Que fallait-il faire ?
                 – Aider Gabaon, c’était paraître accepter définitivement l’alliance avec le monde.

                 – Laisser exterminer Gabaon, n’était-ce pas l’occasion de se libérer d’un engagement inconsidéré à leur égard ?

            Non, la fidélité à son serment engageait Israël à se porter au secours des Gabaonites qui avaient fait appel à eux (v. 6). L’Eternel confirme sa pensée à Josué (v. 8). Maintenant tout est simple, car Dieu est avec son peuple et le serviteur parle librement à son maître (v. 12). Guilgal devient à nouveau le point de départ des victoires et le point de ralliement après celles-ci (v. 7, 15, 43).
            La coalition des ennemis de Gabaon et d’Israël comprend cinq rois des Amoréens :
                 – Adoni-Tsédek, roi de Jérusalem, chef de la coalition ;

                 – Hoham, roi de Hébron ;
                 – Piream, roi de Jarmuth ;

                 – Japhia, roi de Lakis ;
                 – Debir, roi d’ Eglon.

            Adoni-Tsédek, dont le nom signifie « seigneur de justice », portait un nom semblable à celui de son prédécesseur Melchisédec (roi de justice), roi de Salem (la paix), qui était venu à la rencontre d’Abraham après la défaite des rois (Gen. 14 : 18 ; Héb. 7 : 1-3). Sacrificateur du Dieu Très-haut, roi de justice et de paix, Melchisédec régnait sur la ville appelée plus tard Jérusalem (possession de paix). Mais toute crainte de Dieu avait disparu parmi les successeurs de Melchisédec sur le trône de Salem, pour faire place à la haine religieuse contre le peuple de Dieu dont il avait autrefois reconnu le Nom. Même après la destruction des Amoréens, la forteresse de Sion à Jérusalem, occupée par les Jébusiens (2 Sam. 5 : 6-9), tiendra jusqu’à la dernière extrémité contre l’Oint de Dieu. Rien n’endurcit plus le cœur que le contact extérieur avec les enseignements de la parole de Dieu lorsque la conscience n’est pas touchée.

 
                        Le jugement des Amoréens (v. 7-15)
 
            Maintenant est venu le jour de leur jugement, annoncé longtemps auparavant à Abraham, car leur iniquité était parvenue à son comble (Gen. 15 : 16). Leur coalition contre Gabaon, c’est-à-dire contre Israël et en fait contre Dieu lui-même (l’Eternel combat pour Israël au verset 14), est l’occasion de leur défaite et de leur destruction finale.
            Deux choses caractérisent ici particulièrement le jugement des Amoréens : d’une part, l’Eternel combattait avec Israël, et d’autre part, Josué et tout le peuple, montant de Guilgal (v. 7), étaient retournés au camp à Guilgal (v. 15).

            Dieu lui-même intervient, soit par l’épée de son peuple sous la conduite de Josué, soit par une action providentielle (de grosses pierres jetées des cieux : v. 11). La seule intervention divine comparable s’était produite lors des plaies d’Egypte (Ex. 9 : 24-25), prélude des jugements de la fin qui seront d’intensité croissante (Apoc. 11 : 19 ; 16 : 21 ; 20 : 9).

            A la prière de Josué, l’Eternel écoute la voix d’un homme et arrête, pour environ un jour entier, le cours naturel des astres jusqu’à ce que le jugement des ennemis du peuple soit complet (v. 12-14). La Parole rapporte une autre occasion où Dieu a suspendu le cours du temps, lorsque le roi Ezéchias a reçu le témoignage à sa guérison (Es. 38 : 8). Le retour de l’ombre de dix degrés sur le cadran d’Achaz correspond à un allongement de ce jour remarquable de quarante minutes. On a pensé que l’arrêt du soleil sur Gabaon (environ un jour entier) a exactement duré 23 heures 20 minutes, de sorte que cette double intervention divine correspond au total à un jour entier. C’est le jour qui manque effectivement dans les calculs précis des astronomes qui se sont penchés sur la cosmologie depuis la création.
 
            Cette première partie du chapitre (v. 1-15) relate donc les jugements des cinq rois des Amoréens avec leurs armées, image de la destruction des ennemis du Seigneur à sa venue. Lorsque le monde dira : « Paix et sûreté » (1 Thes. 5 : 3), alors une subite destruction viendra sur lui. Jamais dans l’histoire contemporaine, le monde n’a été plus proche de ce moment, surtout au Moyen-Orient, centre de la carte prophétique des événements à venir. Le jugement qui s’annonce sera aussi soudain que le déluge aux jours de Noé et aussi certain que la destruction de Sodome et de Gomorrhe aux jours de Lot (Luc 17 : 26-29). Le monde dira alors : « Le grand jour de sa colère est venu, et qui peut subsister ? » (Apoc. 6 : 17). Avant que ces choses n’arrivent, Dieu fait encore retentir les appels de sa grâce : « Aujourd’hui, si vous entendez sa voix, n’endurcissez pas vos cœurs » (Ps. 95 : 7-8 ; Héb. 3 : 8, 15 ; 4 : 7).
 

                        Le sort des rois des Amoréens (v. 16-21)
 
            La deuxième partie du chapitre contient des détails instructifs sur la victoire de Gabaon et la prise des sept villes appartenant aux ennemis du peuple. Les cinq rois des Amoréens s’étaient cachés dans une caverne à Makkéda. Josué les y enferme jusqu’à ce que la défaite des ennemis soit complète (v. 16-21). Leur jugement est le même que celui du roi d’Aï ; l’obéissance aux ordonnances de la loi au sujet de leurs cadavres est aussi scrupuleusement observée que précédemment (8 : 29 ; 10 : 27). Josué déclare à tout Israël et aux capitaines de l’armée que ces premières victoires étaient une anticipation de la victoire complète sur tous les ennemis (v. 25). Dieu a fait aussi la même promesse aux chrétiens : Satan a déjà été vaincu par Christ à la croix (Héb. 2 : 14), avec tous ses pouvoirs et autorités (Col. 2 : 15) ; mais la puissance effective de l’ennemi sera bientôt à jamais détruite : « Le Dieu de paix brisera bientôt Satan sous vos pieds » (Rom. 16 : 20).
 

                        La prise de possession du pays (v. 22-39)
 
            Le camp d’Israël se trouve momentanément à Makkéda (v. 21) pour prendre possession du pays des Amoréens. Six villes sont ainsi conquises avec le secours de l’Eternel : Makkéda, Libna, Lakis, Eglon, Hébron, Debir (v. 28-39). Une septième ville, Guézer, partage le triste sort des six autres, car son roi Horam s’était porté au secours de Lakis (v. 33). Les rois de trois de ces villes avaient déjà été jugés.
            Une mention particulière doit être faite de Hébron dont le roi Hoham (v. 3, 23) avait été pris et mis à mort (v. 26). Lorsque Josué se présente pour prendre possession de cette ville, un nouveau roi semble s’y être levé (v. 37). L’ennemi de nos âmes ne désarme jamais. Il ne suffit pas d’infliger une très grande défaite à l’ensemble pour que la victoire soit complète. Les fuyards trouvent encore refuge dans les villes fortifiées (comme Hébron) et se réorganisent contre le peuple de Dieu. Il faut de la vigilance et de l’énergie spirituelle jusqu’au bout : « Fortifiez-vous, et soyez fermes » (v. 25).
 

                        La conquête du pays du midi (v. 40-42)
 
            La victoire sur les ennemis s’étend ensuite au pays du midi. A ce moment des conquêtes, la possession de Juda, Benjamin et Siméon était à peu près libérée des ennemis jusqu’aux déserts de Shur, Paran et Sin qui bordaient le pays du côté de l’Egypte.
            Avant de jouir des bénédictions spirituelles en Christ, le chrétien doit d’abord remporter la victoire sur lui-même et sa nature héritée d’Adam (figurée par l’Egypte).

            Il est probable que les Philistins n’ont pas été entièrement chassés des rivages de la grande mer (la Méditerranée), ce qui expliquerait leur arrogance au temps des Juges.
 

                        Le retour à Guilgal (v. 43)
 
            A l’issue de ces combats, Josué, avec tout le peuple, revient au camp, à Guilgal. Makkéda avait été le siège momentané de la destruction de la puissance de l’ennemi. Après la victoire, il faut toujours revenir à Guilgal, figure du jugement de soi-même par la puissance de la croix de Christ. Telle est la sérieuse leçon pour chaque chrétien engagé comme soldat de Jésus Christ.
 

                                            D’après J. Muller - extrait de « Sondez les Ecritures » (vol. 3)