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Les fils du prophète Esaïe

 
Le ministère d’Esaïe dans un temps difficile 
 Deux fils dont les noms avertissaient de ce qui allait arriver
 La citation d’Esaïe 8 : 18 en Hébreux 2
 

            Nous avons peu de détails sur la situation familiale des serviteurs du Seigneur dont il est question dans le Nouveau Testament. Nous ne savons pas, par exemple, si les frères du Seigneur étaient mariés comme Pierre ou d’autres apôtres. De même, il n’est rapporté que peu de chose sur les circonstances domestiques des prophètes de l’Ancien Testament ; ainsi, il est très peu parlé des fils de Samuel ou de l’épouse d’Osée. Nous supposons qu’Elie et Daniel n’étaient pas mariés. Jérémie était célibataire ; Ezéchiel était veuf. Esaïe était marié et avait une famille ; en effet, il est question dans son livre de sa femme et de ses enfants.

            Respectons le « silence » de l’Ecriture ; raconter certains aspects de la vie de ces hommes n’aurait servi qu’à nourrir une curiosité inutile. Il est sûr toutefois que les détails connus sur la famille d’Esaïe sont à leur place ; ils ont le même intérêt qu’apprendre le deuil d’Ezéchiel ou savoir que le cœur d’Osée a été brisé de douleur.

 
 
Le ministère d’Esaïe dans un temps difficile
           
            Esaïe vivait dans un temps très difficile pour un prophète de l’Eternel, même en Juda. Il devait faire connaître la pensée de Dieu, parler de sa part. Il lui fallait donc condamner le mal et annoncer que, faute de repentance, le jugement était proche. En revanche, il encourageait les « fidèles », ceux qui faisaient partie du « résidu » au milieu de ce peuple, à tenir ferme.
            Son style est clair et majestueux ; s’il appelle le peuple à s’humilier, il aura aussi l’honneur d’être le premier à révéler le moyen mis en réserve par Dieu, dès l’éternité passée, pour délivrer son peuple. Ses paroles constituent le « premier rayon » de la lampe prophétique au sujet d’Emmanuel, au milieu pourtant de profondes ténèbres morales (2 Pier. 1 : 19) !

            Son ministère commence seulement après le règne de Jotham, qui a duré seize ans. A la question du Seigneur : « Qui enverrai-je et qui ira pour nous ? », Esaïe répond : « Me voici, envoie-moi » (6 : 8). Sa réponse sera suivie d’une longue période de patience, très utile - sinon indispensable - pour chaque serviteur de Dieu.

            Juda connaissait alors une période très prospère sur le plan économique, mais c’était loin d’être le cas au point de vue spirituel. Nous savons sans doute par expérience personnelle que lorsque tout semble bien aller dans nos affaires, nous nous éloignons plus facilement de Dieu. Par sa conduite, le roi Achaz donnait à tout son peuple un mauvais exemple : il ne faisait pas ce qui était droit aux yeux de l’Eternel (2 Rois 16 : 2-3).

            La Syrie, Israël, Juda et d’autres pays, tel que le Liban, étaient assujettis à l’Assyrie. Ils devaient verser un tribut à Tiglath-Piléser, un roi très orgueilleux. Ils forment alors une coalition contre lui, mais Achaz refuse de s’y joindre (Es. 7 : 1-25 ; 2 Rois 16 : 1-20). Retsin, roi de Syrie et Pekakh, fils de Remalia, roi d’Israël, décident donc de monter contre Jérusalem, avec l’intention de lui faire la guerre. Juda est averti de leurs intentions ; le cœur du jeune roi Achaz et celui de son peuple est agité « comme les arbres de la forêt devant le vent » (Es. 7 : 2).

            Journellement confronté à la fausseté et à la propre justice de Juda, Esaïe restait fidèle à l’Eternel. Le souvenir de la vision glorieuse qu’il avait eue au début de son service le soutenait. Il avait vu le Seigneur assis sur son trône, haut et élevé… tandis que des séraphins criaient l’un à l’autre : Saint, saint, saint, est l’Eternel des armées ; toute la terre est pleine de Sa gloire ! (Es. 6 : 1-3). Contempler le Seigneur affermit notre cœur et il s’attache à Lui (2 Cor. 3 : 18).
 
 

Deux fils dont les noms avertissaient de ce qui allait arriver

            Il est surprenant de voir Esaïe appeler son épouse « la prophétesse » (Es. 8 : 3). Il ne donne aucune explication à ce sujet. Peut-être l’appelle-t-il ainsi par affection et du fait qu’il était lui-même un prophète ? Leurs deux fils reçoivent des noms étranges, même en ce temps-là. L’un est nommé Shear-Jashub, ce qui signifie « un résidu reviendra » (Es. 7 : 3) et l’autre Maher-Shalal-Hash-Baz (8 : 1) qui veut dire : « Qu’on se dépêche de butiner, qu’on hâte le pillage !» - ce dernier nom était vraiment prophétique, si l’on connaît un peu l’avenir immédiat de Juda !
 
 
                        Le nom du premier fils d’Esaïe témoignait de la fidélité de Dieu envers Juda
 
            L’Eternel envoie Esaïe porter un message de bonnes nouvelles à Achaz, en dépit de la conduite de ce méchant roi (2 Rois 16 : 2-4). Le prophète doit sortir à la rencontre d’Achaz, avec Shear-Jashub, son fils, et se rendre au bout de l’aqueduc de l’étang supérieur, sur la route du champ du foulon (Es. 7 : 3). Le nom si spécial de cet enfant, rappelé ci-dessus, n’aurait-il pas au moins dû intriguer Achaz et l’amener à se poser des questions ?
            Le lieu de leur entrevue n’était pas sans importance : c’est l’endroit où le Rab-Shaké, le général en chef du roi d’Assyrie, se tiendra, quelques années plus tard. Il y viendra avec de grandes forces, cherchant à impressionner Ezéchias, le fils d’Achaz (2 Rois 18 : 17b, 19-25). Le peuple de Juda recevra à cette occasion une leçon importante de son roi. Ezéchias les exhortera : « Fortifiez-vous et soyez fermes ; ne craignez point et ne soyez point effrayés devant le roi d’Assyrie et à cause de toute la multitude qui est avec lui ; car avec nous il y a plus qu’avec lui (cet Assyrien) : avec lui est un bras de chair, mais avec nous est l’Eternel, notre Dieu, pour nous aider et pour combattre nos combats. Et le peuple s’appuya sur les paroles d’Ezéchias, roi de Juda » (2 Chr. 32 : 7-8.).

            Mais le roi Achaz n’a jamais appris de telles leçons, si importantes pour les croyants. Pourtant, l’Eternel avait compassion de Juda, car Il n’oubliait pas ce que la Parole appelle les « grâces assurées de David » (Es. 55 : 3). Esaïe vient dire à Achaz, de la part de l’Eternel, de rester tranquille ; il n’a pas à craindre ces « deux bouts de tisons fumants ». Retsin et le fils de Remalia, Pékakh ne viendront pas à bout de leurs mauvais desseins, et en outre Ephraïm cessera bientôt d’être un peuple. Le prophète ajoute : « Si vous ne croyez pas, vous ne subsisterez pas » (Es. 7 : 4-9).

            Dieu invite également Achaz à Lui demander « un signe ». Sans droiture, avec une fausse humilité, ce roi refuse : il lasse la patience divine ! Cependant, malgré son attitude insolente, le Seigneur va donner à la maison de Juda un signe merveilleux, garant de Sa fidélité. C‘est la venue d’Emmanuel - le vrai Fils de David. Le fils de la vierge est annoncé pour la première fois ! L’Ecriture dit qu’il mangera du caillé et du miel, pour savoir rejeter le mal et choisir le bien. La signification de son nom est d’une grande beauté et très encourageante : « Dieu avec nous » (Matt. 1 : 23). Il apportera le salut à la maison de David, à tout Israël et au monde entier.

            Esaïe fait donc savoir à Achaz que les pays des deux rois dont il avait peur allaient être abandonnés. Mais l’Eternel fera également venir contre Achaz, sur son peuple et la maison de son père, le roi d’Assyrie ! Or justement Achaz comptait sur ce puissant roi des nations pour être délivré de ses adversaires, et maintenant il apprend que l’Assyrie va devenir son ennemi acharné ! Le Seigneur va endurcir le cœur de Juda, qui a « rejeté avec dédain la parole du Saint d’Israël » (Es. 5 : 24).

            Toutes leurs villes seront dévastées… Dieu se sert d’images pour décrire ses intentions. Il va siffler la mouche et l’abeille qui sont en Assyrie ; elles viendront se poser même dans les endroits les plus reculés de Juda. Il se servira aussi d’un « rasoir pris à louage » - c’était l’Assyrie - situé au-delà du fleuve. Il rasera par ce moyen la tête, les poils des pieds et la barbe de Juda (Es. 7 : 18, 20).

            Ce tableau annonce le jugement à venir. Toutefois, dans sa miséricorde, Dieu se propose de préserver « un dixième », qui reviendra dans son pays. Il sera « brouté comme le térébinthe et le chêne, dont le tronc seul reste, quand ils ont été abattus ». Cette « semence sainte », ce « résidu », est comparée ici à ce tronc décapité qui reste seul visible (6 : 13).

            Ainsi le nom du fils d’Esaïe - « un résidu reviendra » - est un signe tangible de cette fidélité de Dieu, « qui atteint jusqu’aux nues » (Ps. 36 : 5). Cet enfant rappelle par sa seule existence, partout où il se rend avec son père que « ce que Dieu a dit, Sa main l’accomplira ».
 
 
                        Le second fils d’Esaïe était un témoin vivant, par son nom, de l’imminence du jugement
 
            Au sujet de son second fils Maher-Shalal-Hash-Baz, Esaïe reçoit de l’Eternel des instructions précises. Il doit prendre une grande plaque et écrire sur elle le nom de cet enfant, avec un style d’homme ; on pourra ainsi comprendre facilement son nom. Tout se passe avant même que sa mère, la « prophétesse », l’ait conçu et enfanté (v. 3) ! Esaïe prend deux fidèles témoins pour témoigner de son obéissance aux ordres divins : un sacrificateur, Urie, et Zacharie, le fils de Jébérékia.
            Ce nom du deuxième enfant, au moins aussi étrange que celui de son frère, est très significatif. L’Eternel dit à son père : « Avant que l’enfant sache crier : « Mon père », et « Ma mère » on emportera la puissance (ou : les richesses) de Damas et le butin de Samarie devant le roi d’Assyrie » (v. 4). Cet enfant est donc un témoin, par son nom. Israël et la Syrie sont ainsi prévenus que le jugement est très proche : l’Assyrien va venir les dépouiller. Le nom de l’enfant témoigne de l’imminence de la chute de Retsin et de Pékakh.

            « Dieu parle une fois, et deux fois - et l’on n’y prend pas garde » (Job. 33 : 14). Il a compassion et Il avertit le méchant avant de le frapper ; n’oublions pas non plus notre responsabilité à cet égard. Comme Noé, soyons - par notre conduite et notre activité selon Dieu - des témoins envers nos concitoyens (Ezé. 3 : 17-18).

            Ces fils du prophète étaient en somme un dernier avertissement solennel adressé à Juda. Dieu va les frapper par le moyen de l’Assyrie, la « verge de sa colère » (Es. 10 : 5-11). Un ennemi habituel de son peuple, la Syrie, et le peuple d’Israël lui-même seraient d’abord atteints. Mais Juda n’allait pas écouter cet avertissement et serait frappé à son tour. Dieu cherche toujours à rendre chacun de nous attentif à Sa voix. Il désire que nous acceptions ses enseignements en vue de notre bien.
 
            A travers ces chapitres, nous voyons se déployer tour à tour le jugement et la grâce de Dieu. Le nom d’un premier enfant annonce qu’un résidu sera sauvegardé. Dieu veillera jalousement sur lui. Le nom de l’autre annonce, au contraire, l’imminence d’un jugement très sévère : il va fondre sur les coupables sans repentance, endurcis. Le délai est précisé, il dépend du temps que cet enfant prendra avant de prononcer correctement des mots simples, ceux qui viennent tout naturellement à la bouche au début d’une vie. Il faudra tout au plus deux ans avant que « le rasoir » commence à servir !
            L’Assyrien cruel trouvait un malin plaisir à être un instrument de jugement dans la main divine (Es. 10 : 7) ; il ne cesserait (ou n’abandonnerait) pas volontiers ce rôle de justicier, exactement comme Satan quand il tourmentait Job, - ou encore ces nations dont parle le prophète Zacharie, disant qu’elles s’acharnaient volontiers contre Juda (1 : 12-15) !
            Toutefois, dès que l’Eternel aurait achevé son œuvre « inaccoutumée » à l’égard de Sion et de Jérusalem, Il visiterait l’Assyrien en jugement, à son tour ; à cause de son arrogance et de la gloire de la fierté de ses yeux. La verge sera brisée à son tour (Es. 10 : 12, 15).
 
 
 
La citation d’Esaïe 8 : 18 en Hébreux 2
 
             Si les noms des fils d’Esaïe devaient parler de ce qui allait arriver, leur qualité « d’enfants » montrait qu’ils étaient les objets de l’amour d’Esaïe, - un type de Christ. Ce prophète est conduit à s’écrier : « Voici, moi et les enfants que l’Eternel m’a donnés, nous sommes pour signes et pour prodiges en Israël, de la part de l’Eternel des armées qui demeure en la montagne de Sion » (Es. 8 : 18). Ce texte est repris par l’auteur de l’épître aux Hébreux (2 : 13), quelque huit siècles plus tard.
            De quels enfants est-il donc question ici ? Le verset 16 du même chapitre des Hébreux montre qu’il s’agit des « disciples du Seigneur ». C’était au milieu d’eux qu’il convenait alors de « lier le témoignage et la Loi ». Il ne faut pas restreindre la portée du verset 18 à Esaïe et ses enfants ! Mais l’on peut dire que ses deux enfants, Shear-Jashub et Maher-Shalal-Hash-Baz, ont été des signes et des prodiges, dignes d’être remarqués en Israël !
 
            Retenons les enseignements de ces versets, cherchons à comprendre leur portée pratique, nous qui sommes encore dans ce monde, où Dieu nous appelle à « briller comme des luminaires, présentant la parole de vie » (Phil. 2 : 15-16). Elle doit être serrée entre nos mains et surtout se graver dans nos cœurs, afin de porter du fruit pour Dieu.
            Cependant notre plus grande joie n’est-elle pas - en lisant ce livre d’Esaïe - de l’entendre parler d’Emmanuel, Dieu avec nous !

                                   Dieu se fait homme ; ô saint mystère !
                                   Que son peuple adore à genoux !

 

                                                                                                              Ph. L -  le 28.03.13