bible-notes.org

Imprimer ou partager la page :

LE LIVRE DE JOSUE (4-5)

 
 
CHAPITRE 4 : Le passage du Jourdain
 CHAPITRE 5 : La préparation du peuple aux conquêtes
  

CHAPITRE 4 : Le passage du Jourdain

 
            Deux témoignages distincts sont établis pour attester cette œuvre merveilleuse (3 : 5) :
                 - d’abord, douze pierres sont tirées du lit du Jourdain, là où s’étaient tenus les sacrificateurs (v. 3) ; elles devaient être placées en mémorial au lieu du premier campement d’Israël dans le pays, c’est-à-dire à Guilgal (v. 19-24) ;

                 - ensuite, douze autres pierres sont placées au milieu du Jourdain (v. 9), pour y être recouvertes par les eaux retournant en leur lieu (v. 18).
 
 
                        Les douze pierres tirées du Jourdain (v. 1-8)
 
            Les pierres tirées du Jourdain et placées à Guilgal étaient un témoignage et un mémorial pour les générations à venir. Leur nombre (douze, figure de la perfection administrative divine dans l’homme) était selon le nombre des tribus des fils d’Israël (v. 5) pour souligner l’unité du peuple. La table dans le lieu saint portait aussi douze pains pour rappeler cette unité.
            La part de l’Eglise est plus belle encore : il n’y a qu’un seul pain (mémorial de la mort de Christ, homme, et de son corps donné pour nous) qui rend aussi témoignage à l’unité de l’Assemblée qui est son corps (spirituel) : « Nous, qui sommes un grand nombre, sommes un seul pain, un seul corps » (1 Cor. 10 : 17).

            Les croyants, autrefois morts dans leurs fautes et dans leurs péchés, sont maintenant vivifiés ensemble avec le Christ, ressuscités ensemble et assis ensemble dans les lieux célestes dans le Christ
Jésus. Le dessein de Dieu est de montrer « dans les siècles à venir les immenses richesses de sa grâce, dans sa bonté envers nous dans le Christ Jésus » (Eph. 2 : 5-7).
            Le nombre des pierres tirées du Jourdain (douze) rappelait que pour Dieu tout le peuple d’Israël avait franchi le Jourdain, bien que deux tribus et demie soient plus tard retournées en arrière. De même, l’unité du peuple céleste de Dieu, qui ne forme qu’un seul corps en Christ, est présentée dans l’épître aux Ephésiens, comme liée à la résurrection de Christ (Eph. 1 : 19-20), à son sang (Eph. 2 : 13)  et au seul Esprit Saint (Eph. 2 : 18 ; 4 : 4).

            Ces premières pierres enlevées du Jourdain et placées dans le pays nous enseignent donc que nous sommes ressuscités avec Christ.
 
 
                        Les douze pierres dans le Jourdain (v. 9-11)
 
           Un second témoignage parle aussi puissamment à nos cœurs : douze pierres étaient dressées « au milieu du Jourdain, à la place où s’étaient tenus les pieds des sacrificateurs qui portaient l’arche de l’alliance » (v. 9). Cette seconde série de pierres montre ensuite que nous sommes « morts avec Christ ». Tous les rachetés, vivifiés et ressuscités ensemble avec le Christ, sont ainsi identifiés avec Christ dans sa mort. Cette vérité de l’identification du croyant avec Christ et sa mort se retrouve plusieurs fois dans l’Ecriture :
                 - En participant à la Pâque la première fois, en Egypte, chaque Israélite mangeait de la chair de l’agneau rôti au feu, étant ainsi identifié avec la victime offerte dont le sang préservait du jugement.

                 - Lorsque les sacrificateurs présentaient l’offrande du sacrifice de prospérités, l’adorateur mangeait du sacrifice, avait communion avec l’autel et s’identifiait ainsi avec la victime offerte en bonne odeur.

                 - Dans le sacrifice pour le péché (brûlé hors du camp), le coupable (en figure, chacun de nous par nature) posait ses mains sur la victime offerte sur l’autel, et s’identifiait ainsi avec le sacrifice.

           Cette portée spirituelle du Jourdain pour nous est clairement établie par les enseignements de l’apôtre Paul : « Si nous sommes morts avec Christ, nous croyons que nous vivrons aussi avec lui » (Rom. 6 : 8). La réalisation de cette vérité opère notre délivrance du joug du péché dans une marche de sainteté sur la terre. L’épître aux Colossiens présente ensemble les deux signes de la circoncision (figure de la mise de côté de la chair comme crucifiée à la croix) et du baptême chrétien (figure de notre identification avec Christ dans sa mort) : « … la circoncision du Christ, ayant été ensevelis avec lui dans le baptême » (Col. 2 : 11-12 ; « Vous avez été ressuscités avec le Christ » (Col. 3 : 1).
           Ces figures montrent donc à la fois la puissance de Dieu qui a ressuscité Christ d’entre les morts, et la place du croyant au-delà de la mort (à l’entrée, pour ainsi dire, du pays de Canaan). Il a Christ comme espérance : « Christ en vous, l’espérance de la gloire » (Col. 1 : 27). Le croyant a aussi la vie de Christ : « Votre vie est cachée avec le Christ en Dieu » (Col. 3 : 3) ; pour lui, Christ est tout (comme objet de son cœur) et en tous (comme puissance de vie).

 
                        Les guerriers des deux tribus et demie (v. 12-13)
 
            Conformément à l’accord conclu avec Moïse (Nom. 32 : 27), et confirmé à Josué (1 : 16), les guerriers de ces deux tribus et demie passent le Jourdain avec leurs frères pour participer aux combats. Parmi les cent dix mille hommes aptes au service militaire, et malgré les engagements pris, quarante mille seulement répondent à l’appel. Aujourd’hui encore, hélas, l’intérêt pour les choses de la terre ôte au croyant l’énergie spirituelle pour acquérir les choses célestes.
 
 
                        Josué élevé aux yeux d’Israël - L’arche sort du Jourdain (v. 14-18)
 
            Dieu avait annoncé à Josué avant le passage du Jourdain qu’Il l’élèverait aux yeux de tout Israël (3 : 7). Christ, le vrai Josué, est glorifié par son Père : « Sa gloire est grande dans ta délivrance ; tu l’as revêtu de majesté et de magnificence » (Ps. 21 : 5). Cette gloire lui est donnée après l’œuvre de la croix, lorsque l’arche (figure de Christ) est sortie du Jourdain (figure des eaux de la mort) : « Dieu… l’a ressuscité d’entre les morts et lui a donné la gloire » (1 Pier. 1 : 21).
            Lorsque toute la nation a passé, l’arche sort du Jourdain. L’arche entre donc, seule, la première (3 : 14), et sort la dernière des eaux du jugement et de la mort (3 : 17). Christ est « le premier et le dernier » (Apoc. 1 : 17) ; il est « l’alpha et l’oméga, le commencement et la fin » (Apoc. 21 : 6).
 
 
                        Le mémorial des pierres dans le Jourdain - Guilgal, le premier campement dans le pays (v. 19-24)
 
            Les douze pierres dressées au milieu du fleuve étaient recouvertes lorsque « les eaux du Jourdain retournèrent en leur lieu, et coulèrent par-dessus tous ses bords comme auparavant » (v. 18). Elles n’étaient donc plus un témoignage visible comme les premières pierres, laissé pour les générations à venir, ou même pour le monde. Pour le croyant, ces pierres rappellent l’œuvre intérieure divine qui s’est accomplie dans l’âme en dehors de tous les regards.
            C’est aussi le souvenir pour l’assemblée de ce que Christ a traversé pour elle en entrant dans la mort. Le monde n’a pas connu Christ, l’a perdu comme Sauveur et ne le reverra que comme Juge plus tard.

            Mais l’église, loin du monde, bien qu’encore dans le monde, revient au bord du fleuve de la mort pour contempler son Seigneur et se souvenir de lui et de son œuvre. « Christ a aimé l’assemblée et s’est livré lui-même pour elle » (Eph. 5 : 25).

            Le peuple habite maintenant dans le pays promis, au-delà du Jourdain qui a repris son cours. Dieu va préparer son peuple pour le combat, avant de le conduire aux conquêtes et à la possession effective de l’héritage.
 
 

CHAPITRE 5 : La préparation du peuple aux conquêtes

 
            Trois ressources importantes nous sont maintenant présentées pour remporter la victoire sur les ennemis et habiter dès maintenant par la foi dans le ciel :
                 - mettre de côté la chair - la circoncision à Guilgal (v. 2-9).
                 - se nourrir d’un Christ céleste  - le vieux blé du pays (v. 10-12).
                 - se placer sous l’autorité de Christ - le chef de l’armée de l’Eternel (v. 13-15).
 
 
                        Guilgal et la circoncision (v. 2-9)
 
            Après la traversée du Jourdain, le peuple doit être préparé au combat avant d’entreprendre la conquête du pays. C’est à Guilgal, le lieu de la circoncision*, que s’opère cette préparation : c’est le point de départ et le point de ralliement du peuple pour commencer et poursuivre les combats contre les ennemis (10 : 15, 43)
 
                                    • La circoncision après le désert
 
            La circoncision du peuple n’avait pas eu lieu dans le désert (v. 4-7), figure du monde pour le chrétien après sa conversion. La circoncision n’est donc pas mentionnée dans les épîtres qui montrent le croyant encore dans le désert (Romains, Hébreux et première épître de Pierre). Nous devons d’abord comprendre par la foi notre identification avec Christ dans sa mort (le Jourdain) et notre position dans les lieux célestes en lui (Eph. 2 : 6) et avec lui (Col. 3 : 1). Alors nous pourrons saisir la puissance de la circoncision du Christ pour nous libérer de l’esclavage du péché et de notre ancienne condition en Adam. C’est à Guilgal que s’opère la circoncision. Guilgal signifie roulement : « Aujourd’hui j’ai roulé de dessus vous l’opprobre de l’Egypte » (v. 9).
 
                                    • Les couteaux de pierre
 
            La mortification de la chair ne peut pas s’opérer par la chair. Josué devait se faire des couteaux de pierre pour circoncire les fils d’Israël (v. 2). Il ne pouvait utiliser pour cela des instruments produits par l’homme (le métal par exemple). Sortir du monde ne nous débarrasse pas du conflit avec nous-mêmes. Le principe monacal consiste à s’isoler du monde pour échapper à ses convoitises et à s’astreindre à des règles d’ascétisme, à un ensemble d’exercices physiques et moraux qui tendent à libérer l’esprit par le mépris du corps) ou à des ordonnances pour soulager la conscience. Ce principe ne change pas l’homme et ne peut produire en définitive qu’une grande misère morale.
            Pour vaincre en pratique la puissance de Satan, du monde, de la chair et de la Loi, il faut la puissance du Saint Esprit dans une vie nouvelle en nous : la vie de Christ ressuscité vécue au-delà de la mort.
 

                                    • Guilgal : la force et la liberté

            Le chrétien vit dans ce monde en partageant les peines et les joies de la condition humaine. Quant à ses affections, son but et sa vie, il est hors du monde bien qu’encore dans ce monde. Christ en lui est son objet et sa puissance de vie : « Christ est tout et en tous » (Col. 3 : 11).
            Le camp d’Israël était à Guilgal et le peuple devait toujours y revenir pour puiser la force nécessaire en vue de nouveaux combats. A Guilgal, précisément, se trouvaient les douze pierres du mémorial de la traversée du Jourdain. Pour le chrétien, la conscience d’être « mort avec Christ » est toujours nécessaire pour mortifier la chair en pratique. Tel est le secret de la force et de la vraie liberté chrétienne.
 
 
                        Guilgal, la Pâque et la nourriture du peuple (v. 10-12)
 
            Mais d’autres vérités importantes se rattachent à Guilgal. L’enlèvement de la saleté de la chair (1 Pier. 3 : 21)  est le secret du bonheur de l’âme et des victoires sur les ennemis, mais ne nourrit pas le cœur. Après la circoncision – le peuple est guéri (v. 8) – Dieu lui donne une nourriture appropriée à ses besoins actuels et à sa nouvelle position dans le pays de la promesse.
            Le peuple célèbre la Pâque selon l’ordonnance, le quatorzième jour du premier mois. Avant de prendre possession de l’héritage, il garde ainsi le mémorial de la délivrance de l’Egypte. L’Eternel dresse pour son peuple une table en présence de ses ennemis (Ps. 23 : 5). Dans la paix, avant les combats, le peuple racheté se repose sur l’œuvre du Sauveur et se nourrit de son sacrifice. La Pâque et le sacrifice de prospérités sont, dans l’Ancien Testament, les deux images les plus belles du culte que l’assemblée rend au Père par le Saint Esprit, en se tenant par la foi dans le ciel : telle est en figure la nouvelle position d’Israël à Guilgal, dans les plaines de Jéricho (v. 10).

            Dès le lendemain de ce jour du mémorial, Dieu change la nourriture de son peuple : la manne cesse, remplacée par le cru du pays, le vieux blé et le grain rôti (v. 11-12). Le pain sans levain, figure pour le chrétien d’une marche séparée du mal, n’est pas oublié à cette occasion. Le levain est toujours, dans l’Ecriture, l’image du mal qui se propage : les fausses doctrines (des pharisiens, des sadducéens ou d’Hérode) et l’hypocrisie (Matt. 16 : 6 ; Marc 8 : 15 ; Luc 12 : 1) ; le mal moral (1 Cor. 5 : 6) et le mal doctrinal (Gal. 5 : 9).

            Les chrétiens, peuple céleste, se nourrissent d’un Christ qui est au ciel, assis à la droite de Dieu. C’est ce qu’évoquent le vieux blé du pays et le grain rôti. Pour Israël, la manne a été remplacée par la nourriture du pays, lorsqu’il a quitté le désert pour la terre d’Emmanuel. Pour le croyant, au contraire, Christ est maintenant à la fois la manne pour la traversée du désert et la nourriture de son peuple appelé à vivre avec lui par la foi dans le ciel.

            En résumé :
                 – Nous nous nourrissons du souvenir de Christ sur la croix : c’est la Pâque.
                 – Nous goûtons les ressources de la grâce de Christ pour nourrir nos âmes dans le désert de ce monde : c’est la manne.

                 – Enfin, nous pouvons jouir en même temps de Christ en qui se réalisent les desseins et les pensées éternelles de Dieu ; nous avons avec lui les choses célestes comme partage et nourriture de nos âmes : c’est le cru du pays de Canaan et le vieux blé du pays.

 
                              Christ, Chef de l’armée de l’Eternel (v. 13-15)
 
            Après le tableau rafraîchissant du peuple goûtant la nourriture de Dieu, vient la dernière préparation au combat, devant la ville même de Jéricho, symbole de toute la puissance de l’ennemi.
            Josué, homme de foi et conducteur d’Israël, doit rencontrer le chef de l’armée de l’Eternel, Christ lui-même. Le moment est solennel et appelle à la même sainteté que celle commandée à Moïse au buisson ardent (v. 15 ; Ex. 3 : 5). Celui qui s’était présenté à Moïse comme « JE SUIS CELUI QUI SUIS » (Ex. 3 : 14), était descendu en majesté, en sainteté et en puissance, pour accomplir la rédemption de son peuple hors d’Egypte. Il se place maintenant à la tête des armées d’Israël pour engager le combat contre les ennemis du peuple dans le pays.

            Christ est « chef de tout pouvoir et de toute autorité » (Col. 2 : 10) et Dieu a « assujetti toutes choses sous ses pieds » (Eph. 1 : 22). Avant d’engager le combat « contre les puissances spirituelles de méchanceté qui sont dans les lieux célestes », le chrétien est invité à se fortifier « dans le Seigneur et dans la puissance de sa force » (Eph. 6 : 12, 10).

            La verge de Moïse, figure de l’autorité divine sous laquelle Israël a traversé la mer Rouge, est maintenant remplacée par l’épée nue, symbole du jugement divin assurant la victoire en Canaan. Israël était sorti d’Egypte comme des brebis et mené comme le « troupeau de l’Eternel » dans le désert (Ps. 78 : 52) sous l’autorité de la verge de Moïse. Maintenant, c’est un peuple de guerriers qui doit conquérir le pays à la suite du Chef de l’armée de l’Eternel.

            Josué, devant l’ange de l’Eternel, se prosterne dans l’adoration et se soumet dans l’obéissance (v. 14).

            Cette scène est aussi une anticipation des jugements de la fin où Christ, Fils de l’homme, apparaît dès le début du livre de l’Apocalypse comme un juge, une épée aiguë à deux tranchants sortant de sa bouche (Apoc. 1 : 16) ; prélude aux jugements guerriers où le Fidèle et Véritable, assis sur un cheval blanc, sort avec les armées du ciel (Apoc. 19 : 11-16).

            Ce combat est une chose solennelle dont l’enjeu et les règles sont soulignés par cette vision de Christ dans les attributs de son jugement, Dieu lui-même au milieu de son peuple.
 
 

                                               D’après J. Muller - extrait de « Sondez les Ecritures » (vol. 3)