Près de la croix
(Jean 19 : 25-28)
Trois femmes se trouvaient au pied de la croix:
- Marie, mère de Jésus ;
- Marie, soeur de la précédente et femme de Clopas ;
- Marie de Magdala.
En outre Jean, le disciple que Jésus aimait, contemple le spectacle du Fils de Dieu crucifié.
Tout est parfait dans cette scène où nous assistons à la rencontre de l'amour humain, établi et reconnu par Dieu, et de l'amour divin, dont l'étendue nous échappe.
Passons en revue, dans l'ordre où elles nous sont présentées, les différentes personnes de ces versets, et arrêtons-nous pour terminer, après les trois Marie, après Jean, à la Victime pure et sainte.
N'incarne-t-elle pas l'amour maternel, si profond qu'il est parfois incompréhensible ? L'Eternel lui-même s'exprime ainsi : « Comme quelqu'un que sa mère console, ainsi moi, je vous consolerai » (Es. 66 : 13). Marie, en ce moment, réalise la parole du vieillard Siméon : « Une épée transpercera ta propre âme » (Luc 2 : 35). Elle souffre intensément de voir son fils premier-né qui, enfant, lui était soumis et obéissant (Luc 2 : 51), attaché comme un malfaiteur à une croix infamante. Oh ! douleur du coeur d'une mère, douleur devant laquelle tant de croyants se sont inclinés.
Pourquoi donc cette autre Marie se tenait-elle au pied de la croix ? Ne peut-on pas penser qu'elle était là, pleine de sympathie pour sa soeur ? C'est une manifestation de l'amour fraternel, amour pour une soeur (ou pour un frère), puissant et mystérieux, liant deux êtres du même sang, souvent mentionné dans l'Ecriture pour exprimer les sentiments qui habitent le coeur d'un racheté pour un autre racheté : « Que l'amour fraternel demeure » (Héb. 13 : 1).
Sa présence sur le Calvaire nous émeut : cette femme a été fidèle au Sauveur jusqu'à la fin, dès le jour où elle a été délivrée de sept démons, plénitude de la puissance de Satan. Elle a assisté de ses biens l'Homme méprisé (Luc 8 : 2-3) ; elle s'est tenue au pied de la croix ; plus tard, elle a acheté des aromates pour embaumer le corps de Jésus (Marc 16 : 1) ; enfin, elle a pleuré, de grand matin, près d'un sépulcre vide (Jean 20 : 11). Un amour vibrant et profond remplissait le coeur de Marie de Magdala : c'est l'amour d'une pécheresse pour son libérateur, image de l'amour du racheté pour son Rédempteur.
Il est là, lui aussi, avec les femmes, exprimant l'amour du disciple pour son Maître. Il s'appelle lui-même, non pas le disciple qui aimait Jésus (c'eût été quelque peu présomptueux), mais le disciple que Jésus aimait - et cela dans cinq passages différents - c'est-à-dire qu'il avait goûté les affections du Seigneur pour lui.
Au-dessus de l'amour d'une mère pour son fils, d'une soeur pour sa soeur, d'une pécheresse pour son libérateur, d'un disciple pour son Maître, resplendit l'amour insondable de Jésus.
Jésus a aimé sa mère, à cette heure suprême. Il manifeste son amour filial en confiant Marie à celui qui pouvait le mieux le remplacer auprès d'elle : son disciple Jean. Sans doute, à Cana de Galilée, avait-il répondu nettement à celle qui l'avait mis au monde: « Qu'y a-t-il entre moi et toi, femme ? Mon heure n'est pas encore venue » (Jean 2 : 4). Mais maintenant son heure, l'heure de sa mort, était venue. En fils fidèle et dévoué, il s'occupe de sa mère. En outre, il montre l'amour du Maître pour son disciple en chargeant celui-ci d'une mission importante entre toutes : prendre soin de Marie. Quel était le lien entre Marie et Jean, sinon la personne même du crucifié ? N'est-ce pas une preuve de l'amour de Jésus qu'il daigne se servir de nous, nous considérer comme ses collaborateurs ? Jean obéit et accueille Marie chez lui.
Amour maternel, fraternel ; amour de la pécheresse, du disciple ; et en regard amour filial, Amour du Maître ; mais au-dessus de tout, l'amour du Fils pour son Père.
Plus haut que les sentiments humains, éclate l'attachement du Seigneur pour son Père. La parole du verset 28 «J'ai soif » correspond sans doute au verset 15 du Psaume 22 : « Ma vigueur est desséchée comme un têt, et ma langue est attachée à mon palais ». Mais la soif physique exprime d'une façon figurée le désir ardent qui étreignait le coeur du Seigneur de paraître devant son Dieu. « Mon âme a soif de Dieu, du Dieu vivant. Quand viendrai-je et paraîtrai-je devant Dieu? » (Ps. 42 : 2).
Ah! qu'à tes pieds, Seigneur, je reste,
Et, qu'ici-bas, ma faible voix
Exalte, unie au choeur céleste,
Le Fils de Dieu mort sur la croix.
B. Rossel – article paru dans « Feuille aux jeunes »