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La complainte de David sur Saül et Jonathan


La défaite d'Israël annoncée à David par un Amalékite
 La complainte de David écrite dans le livre de Jashar
 Les nobles sentiments de David
 Ne pas publier la nouvelle de la défaite parmi les Philistins
Le souvenir de Jonathan
 

Lire : 2 Samuel 1

            Après le récit des épreuves de David dans le premier livre de Samuel, le deuxième livre s’ouvre avec l’établissement effectif de son règne. Rétabli dans sa communion avec Dieu après la douloureuse affaire de Tsiklag (1 Sam. 30), David va exercer le pouvoir de façon heureuse et juste. Ce premier chapitre montre les progrès spirituels de celui qui sera le roi de grâce – image frappante du Messie. La grâce qui le caractérise apparaît dans son émouvante complainte au sujet de la mort du roi Saül et de son fils Jonathan. Son amour pour le peuple brille ici ; il mène deuil en apprenant la défaite d’Israël et la ruine de la famille de Saül.
            L’attitude de David est particulièrement riche en instructions pour nous, croyants : son affliction profonde à l’annonce de la perte des deux hommes « tombés au milieu de la bataille » (v. 25), l’affection et la bienveillance qu’il exprime à leur égard, l’absence de ressentiment envers celui qui avait été son ennemi acharné – tout cela évoque la douceur et la bonté du Christ (voir 2 Cor. 10 : 1).


La défaite d'Israël annoncée à David par un Amalékite

            Le jeune homme qui vient annoncer à David la mort de Saül (v. 2) croyait être « un messager de bonnes nouvelles » (4 : 10). Le chemin du trône semblait enfin s’ouvrir devant « l’oint de l’Eternel », et cet Amalékite pensait le réjouir en le lui annonçant. C’était bien mal connaître le cœur de David. La grâce brille en lui, le désintéressement aussi. Il aime son peuple et respecte l’ordre que Dieu a établi. Comment se réjouirait-il, alors qu’Israël a été vaincu par les Philistins et que son roi a été tué par les ennemis de l’Eternel ?
            Ce jeune homme se présente devant David avec les signes extérieurs de la sympathie et du deuil (v. 2), et cherche à le tromper par un récit mensonger. Il voudrait que le futur roi d’Israël reçoive la couronne de sa main. Il a d’ailleurs apporté les insignes royaux sur lesquels il a pu mettre la main : la couronne de Saül ainsi que le bracelet qu’il portait au bras (v. 10). Dans une grande douleur, David déchire ses vêtements et tous ses hommes suivent son exemple (v. 11). Ils pleurent ensemble et mènent deuil sur Saül et sur Jonathan qui sont tombés sur les montagnes de Guilboa ; ils jeûnent jusqu’au soir (v. 12).
            David interroge encore le jeune homme : « Comment n’as-tu pas craint d’étendre ta main pour tuer l’oint de l’Eternel ? » (v. 14). Deux fois au moins dans le passé, Saül s’était trouvé à la merci de David ; mais celui-ci avait refusé de mettre à mort son persécuteur, malgré l’insistance de ses compagnons (1 Sam. 24 et 26). Il ordonne maintenant le jugement immédiat de ce faux témoin qui se glorifie d’avoir mis à mort l’oint de l’Eternel (v. 15-16). Cet Amalékite porte nos pensées sur le plus grand de tous nos ennemis, Satan. Lors de la tentation au désert, il a cherché à convaincre Jésus de recevoir de sa main tous les royaumes du monde et leur gloire – si seulement il se prosternait devant lui (Matt. 4 : 8-10).


La complainte de David écrite dans le livre de Jashar

            Bien loin de se réjouir de la mort de son ennemi, David prononce à son sujet une émouvante complainte. Elle est écrite dans le « livre de Jashar », expression énigmatique déjà utilisée en Josué 10 : 13. L’Eternel avait alors livré les Amoréens entre les mains des fils d’Israël et, à la requête de Josué, le soleil s’était arrêté sur Gabaon (Jos. 10 : 7-14).
            David exprime aussi le désir que ce « chant de l’Arc » soit enseigné aux fils de Juda (v. 18). Témoins du désastre survenu en Israël, ils pourront en tirer des leçons pour eux. Que notre désir soit aussi d’en recevoir une profonde instruction !
            « Ton ornement, ô Israël, est tué sur tes hauts lieux. Comment les hommes forts sont-ils tombés ! » (v. 19). Cette exclamation douloureuse de David devient une sorte de refrain et se répète encore deux fois dans la complainte (v. 25, 27).
            Le dernier chapitre de 1 Samuel nous donne le récit de la bataille dans laquelle les Philistins ont vaincu Israël et tué son roi. « La bataille se renforça contre Saül, et les archers l’atteignirent ; et il eut une très grande peur des archers » (v. 3). De nombreux hommes forts de la tribu de Benjamin, à laquelle appartenait la famille de Saül, avaient précédemment rejoint David à Tsiklag (1 Chr. 8 : 40 ; 12 : 1-2). L’armée de Saül ayant ainsi perdu beaucoup « d’hommes forts et vaillants, tirant de l’arc», le roi avait de fortes raisons de redouter les archers des Philistins qui s’approchaient de lui. Quelques jours auparavant, Saül avait déjà été effrayé en voyant l’armée des Philistins, et en s’apercevant que Dieu ne lui répondait plus (1 Sam. 28 : 4-6). Si Dieu est contre nous, la bataille est perdue d’avance. Il dirige ici, à n’en pas douter, les flèches des Philistins. « C’est une chose terrible de tomber entre les mains du Dieu vivant ! » (Héb. 10 : 31).
            En contraste, rappelons-nous ce qui est écrit au sujet de Joseph, un des plus beaux types de Christ : « Les archers l’ont provoqué amèrement, et ont tiré contre lui, et l’ont haï ; mais son arc est demeuré ferme, et les bras de ses mains sont souples par les mains du Puissant de Jacob » (Gen. 49 : 23-24).


Les nobles sentiments de David

            En composant cette complainte, David laisse parler son cœur. C’est un homme pieux, généreux, et les sentiments qu’il exprime sont réels. Il sait qu’il est un objet de la pure grâce de Dieu. Dans des situations parfois dramatiques, il s’est confié en l’Eternel qui est intervenu en sa faveur et l’a sauvé. Et maintenant, il manifeste un amour qui a sa source en Dieu seul. Il est rendu capable d’aimer des personnes qui sont pourtant loin d’être aimables. Il n’y a pas trace chez lui de ressentiment, ni d’une satisfaction quelconque à la pensée d’être enfin vengé.
            On peut dire en réalité de David : « L’homme noble se propose des choses nobles, et il se maintiendra par des choses nobles » (Es. 32 : 8). Souvent accablé par les accusations injustes et la haine constante de Saül, David n’a pas chéri et cultivé sa douleur. Il n’est pas de ceux qui ressassent des griefs qui finalement les remplissent d’amertume. Il oublie autant que possible le triste comportement de Saül qui l’a poursuivi sans répit, « comme on poursuivrait une perdrix dans les montagnes » (1 Sam. 26 : 20). Il éloigne ce triste passé de sa pensée et se tourne résolument vers le Dieu de son salut et de sa délivrance.
            Cette complainte ne contient pas un mot de reproche à l’égard de Saül. David cherche à se souvenir de tout ce qui peut honorer celui que Dieu avait établi roi sur Israël. Celui-ci a été l’oint de l’Eternel et il a porté un certain temps le témoignage de Dieu devant le monde environnant. Au début de son règne, il a conduit le peuple à la victoire sur les Ammonites (1 Sam. 11 : 11). Il était alors aimé et apprécié de tout son entourage, comme Jonathan. David le rappelle dans sa complainte (v. 23).
            Dieu seul connaît les motifs du cœur de l’homme. Il y lit comme dans un livre ouvert. La Parole de Dieu nous invite « à ne rien juger avant le temps, jusqu’à ce que le Seigneur vienne, lui qui mettra en lumière ce qui est caché dans les ténèbres, et manifestera les intentions des cœurs » (1 Cor. 4 : 5).
            David exprime tout son respect à l’égard de celui qui était fermement décidé à lui ôter la vie. C’est un bel exemple du travail de Dieu dans le cœur d’un croyant. En revanche, David maudit les montagnes de Guilboa. Ce lieu a été témoin de la défaite du peuple de Dieu : « Là fut jeté comme une chose souillée le bouclier des hommes forts, le bouclier de Saül, comme s’il n’eût pas été oint d’huile » (v. 21).


Ne pas publier la nouvelle de la défaite parmi les Philistins

            On comprend l’immense tristesse de David au lendemain de la défaite d’Israël. Dans un amour sincère pour le peuple de Dieu, il conjure son entourage : « Ne le racontez pas dans Gath, n’en portez pas la nouvelle dans les rues d’Askalon ; de peur que les filles des Philistins ne se réjouissent, de peur que les filles des incirconcis ne tressaillent de joie » (v. 20). Gath et Askalon étaient deux villes appartenant aux Philistins.
            Chers enfants de Dieu, il se peut que des chutes parmi les croyants nous soient rapportées. Allons-nous répandre à tous vents, avec légèreté, ces tristes nouvelles ? « L’amour couvre une multitude de péchés » (1 Pier. 4 : 8). Veillons à ce qu’aucune parole inconvenante ne sorte de notre bouche, « mais celle qui est bonne, propre à l’édification selon le besoin, afin qu’elle communique la grâce à ceux qui l’entendent » (Eph. 4 : 29). Il nous arrive, hélas ! de nous conduire comme le « rapporteur » dont les paroles sont « comme des friandises » pour ceux qui l’écoutent (Prov. 18 : 8 ; 26 : 22). Le monde, toujours à l’affût de nos misères, se saisit de telles choses pour jeter de l’opprobre sur le nom de Christ.
            Humilions-nous devant le Seigneur, car de tels faits sont un grand sujet de tristesse et une souffrance pour l’ensemble du corps de Christ. Souvenons-nous que nous sommes « membres l’un de l’autre » (Rom. 12 : 5).


Le souvenir de Jonathan

            David rappelle ensuite que Saül et Jonathan « n’ont pas été séparés dans leur mort », eux qui étaient « plus rapides que les aigles, plus forts que les lions » (v. 23). Il est touchant de voir la façon délicate avec laquelle David évoque ici une épreuve personnelle qui a certainement laissé des blessures dans son cœur aimant : l’absence d’une décision claire de la part de son ami, à un moment crucial.
            Tout jeune, Jonathan avait manifesté une foi remarquable. Comptant sur Dieu seul, il avait remporté une grande victoire sur les Philistins (1 Sam. 14). Lors du combat contre Goliath, il s’était beaucoup attaché à David en constatant sa foi et son courage exemplaires (1 Sam. 17). Il avait vu l’amour de David pour l’Eternel et pour son peuple se manifester en pratique, en exposant sa propre vie pour la délivrance des autres. Et il n’avait pas hésité à se dépouiller de tout ce qui faisait sa dignité de fils du roi pour le remettre au vainqueur (1 Sam. 18 : 4).
            A cette époque, David avait déjà été oint roi sur Israël par le prophète Samuel, Saül ayant été rejeté à cause de sa désobéissance. Après avoir aimé David durant quelque temps, Saül avait été jaloux de lui et de la faveur dont il jouissait de la part du peuple ; il avait alors rapidement développé une haine tenace contre lui. Voyant l’attachement de Jonathan pour David, il avait multiplié les rebuffades et les paroles blessantes à l’égard de son fils. Il avait même voulu le transpercer avec la lance dont il s’était déjà servi, heureusement sans succès, contre David (1 Sam. 20 : 32-34).
            Durant cette période tourmentée, Jonathan était allé à plusieurs reprises visiter son ami David dans les lieux où il se cachait. Leur amitié était pure, noble, exempte d’égoïsme. Ensemble, ils ont pleuré, « jusqu’à ce que les pleurs de David devinrent excessifs» (20 : 41). Et même encore lors de sa dernière visite, Jonathan fortifie la main de David en Dieu (23 : 16). Il le reconnaît comme devant être son supérieur, et se déclare heureux d’occuper une place au-dessous de lui lorsqu’il régnera. Mais hélas! à un moment décisif, « David demeura dans le bois, et Jonathan s’en alla à sa maison » (v. 18). Le fils de Saül a perdu alors la dernière occasion de faire un choix dont les conséquences étaient capitales. Ne laissons pas échapper les occasions de prendre les décisions qui s’imposent! Jonathan n’a pas eu assez de courage moral pour suivre David dans son rejet. Mais dans sa complainte, David ne dit pas un mot de tout cela.
            David et Jonathan ne devaient plus se revoir sur la terre. Jonathan est tué, avec ses deux plus jeunes frères, dans la bataille contre les Philistins où il avait accompagné son père. Celui-ci tombe également, conformément au jugement prononcé par l’Eternel contre lui. L’angoisse de David vis-à-vis de Jonathan est immense; l’acuité de sa douleur se perçoit dans la façon dont il s’exprime au sujet de son ami intime, disparu prématurément. Ses affections s’épanchent librement : « Je suis dans l’angoisse à cause de toi, Jonathan, mon frère ! Tu étais pour moi plein de charmes ; ton amour pour moi était merveilleux, plus grand que l’amour des femmes » (v. 26).
            Les paroles de David sont accompagnées de ces terribles questions toujours d’actualité au milieu des enfants de Dieu, et sans réponse tant que nous sommes sur la terre. Nous aussi, en menant deuil, nous nous écrions : « Comment les hommes forts sont-ils tombés au milieu de la bataille ! Comment Jonathan a-t-il été tué sur tes hauts lieux ! » (v. 25). Questions qui se posent inévitablement après des chutes humiliantes survenues dans le peuple de Dieu.
            Abiathar, fuyant pour sa vie, s’était réfugié auprès de David et avait été accueilli par ces paroles encourageantes : « Demeure avec moi, ne crains point; car celui qui cherche ma vie, cherche ta vie, et près de moi tu seras bien gardé » (1 Sam. 22 : 23). Jonathan, malgré son attachement à David, n’a pas eu l’énergie de quitter la maison royale pour partager l’exil et les épreuves de celui qui était « l’oint de l’Eternel ». Ces exemples doivent nous parler. Restons tout près du Seigneur; là seulement, nous serons bien gardés.

 

                                                                                 Ph. L - « Messager évangélique » sept. 2012