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Le Seigneur est réellement ressuscité (8)

 
 

« M'aimes-tu ? » (Jean 21 : 15-17)

            Les paroles que le Seigneur adresse maintenant à Pierre, après le repas, font briller la grâce inexprimable de Jésus. Elles sont la conclusion de son patient travail en vue de la restauration de ce disciple qui était tombé si bas.
            Avant la chute de Simon, le Seigneur avait déjà prié pour lui, afin que sa foi ne défaille pas (Luc 22 : 31-32). Et dès ce moment, nous voyons quel soin constant Il avait pris d'un disciple qui ne se connaissait pas lui-même. Ses mains avaient réparé le mal que l'épée de Pierre, mue par un zèle charnel, avait accompli (Luc 22 : 49-51). Après le reniement, Il avait posé sur son pauvre disciple un regard plein de tristesse et de compassion, qui lui avait fait sentir sa culpabilité et lui avait fait verser les larmes d'une repentance sincère (Luc 22 : 61- 62). Après la résurrection, le Seigneur avait envoyé à Pierre un message spécial (Marc 16 : 7). Lorsqu'Il lui était apparu peu après sa résurrection, Il lui avait adressé des paroles de grâce et de pardon, pour qu'il puisse retrouver la joie de la communion avec Lui (Luc 24 : 34). Ses « pieds » ayant été ainsi « lavés » - selon l'image de Jean 13 - Pierre pouvait, dès ce soir-là, prendre sa place parmi ceux que le Ressuscité salua en leur disant : « Paix à vous ! » Quel Seigneur nous avons ! Il ne fait rien à moitié ! Le passage que nous avons maintenant sous les yeux nous montre comment Celui qui connaît les cœurs achève le travail de restauration d'un disciple qui avait été victime d'une trop grande confiance en lui-même.
            Le comportement de Pierre ce matin-là, au bord de la mer, prouve que sa conscience avait été restaurée et purifiée. Mais si important qu’ait été ce travail en lui, il restait encore quelque chose à faire. La grâce avait ôté son péché mais il fallait que ce disciple, dont la chute avait été si grave, en reconnaisse et en juge les causes profondes.
            « Quand ils eurent déjeuné... » (Jean 21 : 15) - c'est par ces mots que le Saint Esprit introduit la scène. Pendant le repas, le Seigneur n'avait fait aucune allusion au passé. Il avait amené Simon à sa table, et lui avait fait goûter sa bonté. Ensuite seulement, Il se tourne vers lui. Il sait choisir exactement le moment opportun, et le meilleur moyen d'atteindre son but !
            « Jésus dit à Simon Pierre : Simon, fils de Jonas, m'aimes-tu plus que ceux-ci ne m’aiment ? ». Les mots « fils de Jonas », rappelaient à Pierre son origine, d'où la grâce l'avait tiré. Cette manière de s'adresser à lui, à trois reprises, a dû remuer profondément son cœur. Et combien plus encore les mots qui suivirent ! « Plus pénétrante qu'aucune épée à deux tranchants », cette première question - « m'aimes-tu plus que ceux-ci ne m’aiment ? » - a dû l'atteindre tout particulièrement. « Si tous étaient scandalisés à ton sujet, moi, je ne serai jamais scandalisé », avait-il affirmé avant sa chute (Matt. 26 : 33). Quelle confiance en soi ! Sa chute avait été pour lui une preuve magistrale des illusions qu'il s'était faites sur son propre compte, non seulement cette nuit-là, mais bien d'autres fois auparavant !
            « Il lui dit : Oui, Seigneur, tu sais que je t'aime. Jésus lui dit : Fais paître mes agneaux » (v. 15b). N'était-ce pas un amour profond, ardent, qui avait poussé ce disciple à prononcer les paroles présomptueuses auxquelles la question du Seigneur faisait allusion ? N'avait-il pas réellement risqué sa vie pour son Seigneur lorsqu'il avait tiré pour lui son épée, et lorsqu'il l'avait suivi jusque dans la cour du palais du souverain sacrificateur ? Hélas, il s'était néanmoins bien trompé sur son propre cœur, puisque son amour n'avait pas supporté l'épreuve d'une question de la part d'une servante ! C'est pourquoi il s'exprime maintenant très prudemment, se rejetant sur Celui qui connaissait son cœur mieux que lui-même : « Oui, Seigneur, tu sais que je t'aime ». Dans ses deux premières questions, le Seigneur emploie le mot grec « agapao », qui exprime un amour très fort, passionné. Pierre, de son côté, emploie le mot le plus faible « phileo », qui exprime plutôt l’amitié.
            Le Seigneur accepte cette déclaration et y répond en confiant à Pierre les petits de son troupeau : « Fais paître mes agneaux ».
            « Il lui dit une deuxième fois : Simon, fils de Jonas, m'aimes-tu ? » (v. 16). Les mots « plus que ceux-ci ne m’aiment » ne figurent pas dans cette seconde question, comme pour dire : Peut-on même parler d'amour, de la part d'un disciple qui, un jour, s'est mis à faire des imprécations et à jurer : « Je ne connais pas cet homme dont vous parlez » (Marc 14 : 71) ? Profondément humilié, Pierre répond dans les mêmes termes que précédemment. Maintenant, le Seigneur peut faire un pas de plus en chargeant Pierre d'une nouvelle mission : « Sois berger de mes brebis ».
            « Il lui dit, la troisième fois : Simon, fils de Jonas, m'aimes-tu ? » (v. 17a). Cette fois, le Seigneur utilise la même expression que celle que Pierre avait employée dans ses réponses. Pouvait-on même parler d'amitié ? N'y avait-il donc rien à quoi Pierre pût prétendre ? Non, absolument rien. La triple question du Seigneur mettait à nu inexorablement - quoique aussi tendrement que possible - les recoins les plus obscurs du cœur de Pierre. Ce disciple comprenait maintenant qu'il ne pouvait se fier aucunement à ses propres sentiments. Il était au comble de l'humiliation, et c'est ce qu'expriment maintenant ses paroles d'une manière extrêmement touchante.
            « Pierre fut attristé de ce qu'il lui avait dit, la troisième fois : M'aimes-tu ? Et il lui dit : Seigneur, toi tu sais tout, tu sais que je t'aime » (v. 17c). Il renonce maintenant complètement à toute capacité de discerner « les pensées et les intentions » de son propre cœur. Il ne répond même pas par un « Oui, Seigneur », comme précédemment. Il laisse au Seigneur le soin d'apprécier ses sentiments, se remettant entre ses mains avec une confiance absolue.

            Quelle leçon pour nous !
 

 « Toi, suis-moi » (Jean 21 : 18-23)

            L'amour parfait de Jésus a fait tout le nécessaire pour restaurer pleinement le disciple qui était tombé, seul avec lui d'abord et ensuite publiquement devant ses frères. Dans sa grâce, le Seigneur avait veillé à ce que la foi de Simon Pierre ne défaille pas. Que la triple question du Seigneur ait atteint son but, nous en avons la preuve dans la triple mission qui lui a été confiée ensuite. Le disciple du Seigneur était maintenant « revenu » et pourrait « fortifier ses frères » (Luc 22 : 32). Mais désormais, son chemin serait complètement différent de celui qu'il avait suivi jusque-là. C'est ce que sous-entendent les paroles solennelles mais aussi quelque peu énigmatiques de Jésus à son cher disciple. « En vérité, en vérité, je te dis : Quand tu étais jeune, tu nouais ta ceinture, et tu allais où tu voulais ; mais quand tu seras devenu vieux, tu étendras les mains, et un autre te ceindra, et te conduira où tu ne veux pas. Or il dit cela pour indiquer de quelle mort Pierre glorifierait Dieu » (v. 18-19). Quelle déclaration ! Le passé et l'avenir de ce serviteur de Jésus sont juxtaposés dans un raccourci saisissant, le chemin conduisant de l'un à l'autre, pour ainsi dire, étant celui du brisement de sa propre volonté.
            « En vérité, en vérité, je te dis » : c'est la dernière fois que nous entendons le Seigneur employer cette affirmation caractéristique, par laquelle Il a si souvent introduit ce qu'Il allait dire. C'est un fait bien connu que ce « en vérité » répété deux fois (à proprement parler « amen ») ne se trouve que dans l'évangile de Jean. Le lecteur qui recherchera ces vingt cinq expressions y trouvera un excellent thème de méditation et de prière.
            Déjà une fois auparavant, le Seigneur s'était adressé à Pierre de cette manière, en cette nuit où Il avait dû lui annoncer la triste défaillance qu'il allait avoir : « En vérité, en vérité, je te dis : Le coq ne chantera pas, que tu ne m'aies renié trois fois » (13 : 38). Cette défaillance, en fait, allait entraîner le brisement de sa forte volonté, de son indépendance et de sa confiance en lui-même. Elle allait clore définitivement une période pendant laquelle Pierre s'était pour ainsi dire ceint lui-même, c'est-à-dire où il avait cru être son propre maître, où il était allé où il voulait. Or cela ne peut jamais être le chemin d'un disciple de Jésus, d'un serviteur du Seigneur. Christ a été cloué sur la croix pour nous, et celle-ci démontre d'une manière définitive quelle est la place qui convient à notre vieille nature et à notre propre volonté.
            Pierre lui-même devait, dans un sens très littéral, terminer sa vie d'une manière qui l'identifierait avec son Seigneur dans sa mort. Il devait être pleinement « rendu conforme à sa mort » (Phil. 3 : 10). Quel honneur pour lui ! Sa déclaration : « Je laisserai ma vie pour toi... » aurait alors sa réalisation, mais cette fois dans un esprit d'entière dépendance. Car pour en arriver là, le chemin devait être le même que pour quiconque veut servir et suivre le Seigneur : c'est celui d'une volonté brisée. « Où tu voulais » était la caractéristique du chemin ancien ; « où tu ne veux pas » sera celle du chemin nouveau. Seul celui qui demeure près du Seigneur, d'un cœur ferme, peut suivre un tel chemin.
            « Quand il eut dit cela, il dit à Pierre : Suis-moi » (v. 19). Deux petits mots seulement, mais de quelle importance ! Nous les rencontrons souvent dans l'Écriture. Ils décrivent de la façon la plus claire le sentier étroit, mais combien béni, du serviteur. « Si quelqu'un me sert, qu'il me suive ; et où je suis, moi, là aussi sera mon serviteur. Si quelqu'un me sert, le Père l'honorera » (Jean 12 : 26).
            De ce point de vue, le chemin de tout serviteur du Seigneur est le même, quoique les tâches que le Maître assigne à chacun soient différentes. Le « disciple que Jésus aimait » suivait lui aussi le Seigneur. Pierre, qui lui est lié par une grande affection, s'en rend compte et demande : « Seigneur, et celui-ci, que lui arrivera-t-il ? » (v. 22). Mais cette question ne regardait que ce disciple-là et son Seigneur. Chacun n’est appelé qu’à s'occuper de son propre chemin. « Jésus lui dit : Si je veux qu'il demeure jusqu'à ce que je vienne, que t'importe ? Toi, suis-moi » (v. 22).
            Ces paroles du Seigneur ont conduit quelques-uns à conclure que Jean demeurerait vivant jusqu'à la venue du Seigneur. Le Saint Esprit réfute cette interprétation, d'abord en disant explicitement que ce n'est pas ce que le Seigneur a voulu dire, puis en répétant ses paroles mot pour mot. Mais, s'il ne parle pas ici de son disciple en personne, il semble bien qu'il parle du ministère de celui-ci. Nous pouvons en effet voir dans ce passage une allusion aux services différents de ces deux apôtres. Le ministère de Pierre, l'apôtre de la circoncision (Gal. 2 : 8-9), a pris fin, en un sens, lorsque le peuple terrestre de Dieu a été dispersé. Tandis que le ministère de Jean, qu'il nous présente la vie éternelle dans le Fils (comme dans son Evangile), ou la vie éternelle en nous (comme dans sa première épître), est tourné vers le peuple céleste de Dieu. Il ne s'achèvera que lorsque le Seigneur viendra le prendre auprès de Lui.
            Ainsi les ministères de ces deux disciples devaient-ils être complètement différents l'un de l'autre, dans leur terme comme dans leur portée. Et il en sera de même, répétons-le, pour tout serviteur du Seigneur. Chacun aura d'abord à apprendre à son moment et à sa manière le secret d'une volonté brisée, entièrement soumise à son Seigneur, mais à chacun s'imposera Sa même injonction : « Toi, suis-moi ».

 
                                                                                               F. von Kietzel