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Les péchés de Jéroboam

 

Lire : 1 Rois 11 et 12

 

            En lisant l'histoire des rois d'Israël, nous sommes frappés de ce que l'Esprit de Dieu, par l'écrivain inspiré, leur reproche de ne pas avoir voulu se détourner des « péchés de Jéroboam, par lesquels il avait fait pécher Israël » (2 Rois 3 : 3 ; 10 : 29, 31 ; 13 : 2, 11 ; 14 : 24 ;…). Ils ont pourtant commis beaucoup d'autres péchés. Pourquoi donc ce mal est-il chaque fois remis en évidence ? En quoi consistait-il ?

 
 
                        La grave transgression de Jéroboam

            Au temps de la vieillesse de Salomon, ses nombreuses femmes étrangères, d'entre les nations, détournèrent son cœur après d'autres dieux. Alors l'Eternel eut de la colère contre lui et lui dit : « Je t'arracherai certainement le royaume, et je le donnerai à ton serviteur... je l'arracherai de la main de ton fils » (1 Rois 11 : 11-12). Puis, il envoya Akhija à Jéroboam. Ce prophète déchira son manteau neuf en douze morceaux et en donna dix à Jéroboam avec cette parole de Dieu : « Voici, j'arrache le royaume de la main de Salomon, et je te donne dix tribus » (1 Rois 11 : 31). Les raisons de cette décision divine furent clairement communiquées à Jéroboam, de telle sorte qu'il ne pouvait douter que l'Eternel l'avait établi roi sur les dix tribus. Aussi donna-t-il son assentiment lorsqu'Israël le fit roi (12 : 20).
            Mais qu'est-il arrivé ensuite ? « Et Jéroboam dit en son cœur… » (v. 26). Que pense t-il ? A-t-il dit, dans la crainte de Dieu et dans la reconnaissance, selon ce qu’Il lui avait fait comprendre : Je veux marcher dans ses voies, faire ce qui est droit à ses yeux ? Je veux observer ses statuts et ses commandements comme le fidèle roi David (cf. 11 : 38) ? Ah non ! Dans son cœur il n'y avait pas de foi, pas de confiance dans le Tout-puissant qui lui avait pourtant donné, dans sa bonté, de fermes promesses. Il voulait conserver son royaume par ses propres moyens.
            Dans son incrédulité, il voyait de sérieux dangers pour son trône. Il se disait : « Si ce peuple monte pour offrir des sacrifices dans la maison de l'Eternel à Jérusalem (ainsi que la Loi l’ordonnait), le cœur de ce peuple retournera à son seigneur, à Roboam, roi de Juda, et ils me tueront, et ils retourneront à Roboam, roi de Juda » (v. 27). Chez un homme qui laisse Dieu de côté, de telles pensées sont tout à fait valables et judicieuses. Il semblait connaître le cœur inconstant du peuple.
            « Et le roi prit conseil… » (v. 28). Avec qui donc ? A-t-il consulté la Loi, la parole de Dieu ? S'est-il concerté avec ceux qui la connaissaient et l'aimaient ? Ah non ! Celui qui ne cherche pas Dieu ne cherche pas non plus la communion de ceux qui marchent avec Lui. Alors on tient conseil avec ceux qui partagent les mêmes vues. Il en est encore ainsi aujourd'hui.
            Le résultat d'un tel conseil ne nous surprend pas : « Il fit deux veaux d'or » et il en plaça un à Dan, au nord, et l'autre à Béthel, à la frontière sud de son royaume. Et ce que les Israélites avaient dit autrefois du veau d'or dans le désert (Ex. 32 : 4), il l'affirmait aussi maintenant avec ses propres veaux : « Voici tes dieux, Israël ! qui t'ont fait monter du pays d'Egypte ».
            Jéroboam s'attendait-il à ce que le peuple accepte sans autre ce nouveau « culte » qui pourtant méprisait les dix commandements et les ordonnances de l'Eternel relatives aux sacrifices et à la sacrificature ? Le roi David, fidèle et craignant Dieu, ne leur avait-il pas donné un tout autre exemple ? Le culte réalisé jusqu'alors ne devait-il pas sa magnificence insurpassable au temple somptueux de Salomon, sur lequel reposait la gloire de l'Eternel ?
            Pourtant Jéroboam voyait juste quand il disait : « C'est trop pour vous de monter à Jérusalem » (v. 28). Il parlait selon le cœur du peuple. Le culte à l'Eternel sollicitait tout leur cœur, leur engagement total, mais ils n’étaient pas disposés à se soumettre à son désir. Pour eux, cela ne faisait-il pas partie de ce dur service de Salomon et de ce joug pesant dont ils voulaient être libérés (v. 4) ? La religion est bonne et elle doit bien sûr exister, pouvaient-ils penser, mais ils en voulaient une qui laisse la place à la chair. Et voilà précisément ce que le roi inaugurait. Jéroboam fit aussi « une maison de hauts lieux » (v. 31). Maintenant, ils avaient ainsi des autels, des sacrifices, des sacrificateurs et des fêtes - et en plus beaucoup de liberté pour faire des choses que la Loi n'autorisait pas. Le fait que tout cela le roi l'« avait imaginé dans son propre cœur » (v. 33) ne les inquiétait pas. Aucun d'eux ne prenait à la lettre le fait que ces deux veaux, pourtant sortis des mains des orfèvres, les avaient réellement fait monter autrefois d'Egypte. Ce n'était là à leurs yeux que des symboles de Dieu, comme le culte pratiqué jusqu'alors avait aussi les siens !
            Ah ! le méchant cœur volontaire trouve mille raisons évidentes pour justifier sa manière d'agir ! Et c'est ainsi que le culte des veaux s'est établi parmi Israël et qu'il a duré jusqu'au jour où les dix tribus ont été transportées en Assyrie.
            Ce fut un très grand péché aux yeux de Dieu. Par sa religion nationale, imaginée par lui-même, Jéroboam avait officiellement détourné les dix tribus de l'Eternel vers les faux dieux !

 
                        Ce que nous avons à apprendre de ce récit

            Nous qui appartenons maintenant au témoignage du christianisme dans le monde, qu'avons-nous à apprendre de ces circonstances qui remontent à bientôt trois mille ans ? Sont-elles vraiment comparables avec celles que nous vivons maintenant ?
            Ce n'est pas seulement au peuple d'Israël, au milieu duquel il voulait habiter, que Dieu a donné des instructions pour le culte de ce temps-là. Par le moyen de l'apôtre Paul en particulier, le Seigneur a laissé des enseignements précis à son peuple actuel aussi - non seulement au sujet du plein salut en Christ et de la vie pratique des chrétiens, mais également quant à son Assemblée et le culte qui doit y être exercé. Et les premiers chrétiens « persévéraient dans la doctrine et la communion des apôtres, dans la fraction du pain et les prières » (Act. 2 : 42).
            Mais qu'est-il arrivé ensuite ? Au cours des siècles, ces enseignements de l'Esprit de Dieu ont été abandonnés en grande partie et remplacés par des doctrines humaines et des ordonnances religieuses que « le propre cœur s'est imaginé ». Tout cela a conduit, dans la chrétienté, à l'état de confusion que nous avons maintenant devant nos yeux. N'est-ce pas là tout aussi abominable pour Dieu que les « péchés de Jéroboam » autrefois ? Son œil voit des églises, des communautés, des groupes et des sectes de toutes tendances, au lieu des assemblées locales du début dont parle la Parole, où tous les saints de ces différents lieux se rassemblaient au seul nom de Jésus et gardaient l'unité de l'Esprit par le lien de la paix.
            Est-ce que nous voyons et jugeons ce mauvais état comme le Seigneur le fait ? En sommes-nous affligés ? N’est-il pas surprenant de voir combien notre cœur peut devenir indifférent et superficiel à l’égard des choses spirituelles, si par ailleurs il ne cherche pas la communion avec Christ qui « nous a aimés et s'est livré lui-même pour nous » (Eph. 5 : 2) ? Si tel est notre cas, le service du Seigneur nous paraîtra dur et semblable à un joug pesant que nous chercherons  à « alléger » dans notre vie pratique. Combien alors nous serons en opposition avec nos pères, qui, au 19ème siècle, dans la crainte de Dieu et dans leur zèle pour le Seigneur, ont étudié sa Parole pour y discerner sa volonté en toutes choses et pour réaliser le culte qu'il attend de son Assemblée. L'Esprit de Dieu pouvait ainsi les remplir et ils ne trouvaient pas « pénibles » ses commandements (1 Jean 5 : 3).
            L’apôtre Paul envisage le cas - impossible en soi - d’un homme qui connaîtrait « tous les mystères » et posséderait « toute la connaissance » ; mais même dans ce cas s’il n’avait pas l’amour, cet homme ne serait « rien » (1 Cor. 13 : 2).
            Comme déjà dit, il est frappant que Dieu reproche de la manière la plus solennelle, à chacun des rois qui ont succédé à Jéroboam, d'avoir marché « dans les péchés de Jéroboam ». Chacun était pleinement responsable de ce que les veaux d'or à Béthel et à Dan et les maisons des hauts lieux subsistent, détournant les Israélites du culte selon les prescriptions dans le temple à Jérusalem où Dieu avait fait habiter son nom.
            Ces rois ne pouvaient-ils pas prendre pour excuse le fait qu'en Juda tout n'allait pas non plus pour le mieux ? Les sacrificateurs et les lévites y poursuivaient bien leur service dans le temple de l'Eternel, mais n'était-il pas vrai aussi que certains rois de Juda, parfois du moins, s'adonnaient au culte des faux dieux - ainsi, par exemple, Joram, Achazia, Joas, Amatsia, Achaz, etc. ?
            Aujourd'hui aussi, des croyants, rendus attentifs quant à leur responsabilité envers la parole du Seigneur, dirigent leurs yeux sur d’autres et disent : Ces chrétiens, qui semblent tenir ferme les vérités relatives à l'assemblée de Dieu et la nécessité d'une séparation du mal doctrinal et moral dans la chrétienté, sont-ils « en réalité » meilleurs que nous ?
            Il y aurait certes beaucoup à objecter. Rien n'échappe au regard du Seigneur. Il prend connaissance du mal et du bien où qu'ils soient. « A quiconque il a été beaucoup donné, il sera beaucoup redemandé » (Luc 12 : 48). Quand le Seigneur viendra, Il « mettra en lumière ce qui est caché dans les ténèbres, et manifestera les intentions des cœurs ; et alors, pour chacun, l’approbation viendra de Dieu » (1 Cor. 4 : 5).
            Pas plus en Israël autrefois que dans la chrétienté actuelle les personnes ne sont prises en considération, mais le point important, c'est que celui qui appartient au peuple de Dieu cherche à observer avec soin Sa volonté révélée dans la Parole en tout ce qu'elle implique - y compris le culte qui lui est agréable - et qu’il y marche. Les « péchés de Jéroboam » doivent être pour nous un exemple à ne pas suivre.

                                                    D'après W. Gschwind – Extrait de « Conseils pour la vie nouvelle »