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LA DEUXIEME EPITRE AUX CORINTHIENS (11b)

 
 
 CHAPITRE 11 : Folie et gloire (suite)
    
           
De faux apôtres (v. 12-21a)
           
Les souffrances de Paul  (v. 21b-31)
           

De faux apôtres (v. 12-21a)

            Paul était fermement décidé à poursuivre son ministère comme auparavant, afin de n’offrir aucune occasion à ses opposants qui cherchaient continuellement de nouveaux motifs pour l’accuser. Lorsque les Corinthiens auraient reconnu que les critiques à l’égard de l’apôtre étaient insoutenables, ces disputeurs seraient alors manifestés devant eux comme Paul et ses compagnons d’œuvre l’avaient toujours été. Et il apparaîtrait aussi combien leur prétendue gloire était creuse et vaine (v. 12 ; comp. v. 6, 10 ; chap. 5 : 12).
           
Ces hommes prétendaient bien être des apôtres et des ouvriers dans l’œuvre du Seigneur, mais ils étaient en réalité « de faux apôtres, des ouvriers trompeurs, qui se déguisent en apôtres de Christ » (v. 13). Alors qu’ils attaquaient la personne de l’apôtre Paul, il y a aujourd’hui dans la chrétienté beaucoup de gens qui se permettent d’attaquer sa doctrine ! Plus tard, de faux apôtres sont aussi apparus dans l’assemblée à Ephèse, mais ils ont été reconnus menteurs (Apoc. 2 : 2). Aujourd’hui en revanche, de telles personnes sont souvent tenues dans la plus haute estime et remplissent des fonctions non scripturaires.
           
Si même Satan peut revêtir la forme d’un ange de lumière, il n’y a rien d’étonnant que ses serviteurs s’introduisent furtivement comme « serviteurs de justice ». Mais la fin sera « selon leurs œuvres » (v. 14-15). Il est sérieux de constater que Dieu ne mentionne jamais dans sa Parole des « circonstances atténuantes » pour une mauvaise marche ou de fausses doctrines. Il ne dit jamais à ceux qui confessent être chrétiens : vous êtes mes enfants, vous ne pouvez pas perdre votre salut, même si vous vivez dans le péché ! Au contraire, il est dit au sujet de ceux qui marchent  « comme des ennemis de la croix de Christ », malgré une belle profession pleine de sérieux, que « leur fin est la perdition » (Phil. 3 : 19). En parlant d’Alexandre qui a montré beaucoup de méchanceté envers lui, Paul déclare : « le Seigneur lui rendra selon ses œuvres » (2 Tim. 4 : 14). L’apôtre a déclaré aussi quant à lui-même : « de peur qu’après avoir prêché à d’autres, je ne sois moi-même réprouvé » (1 Cor. 9 : 27), bien qu’il n’ait nullement craint de perdre son salut. Mais celui qui professe être sauvé, est aussi responsable de vivre dans la sainteté. Une simple confession ne suffit pas ; elle conduit à la perdition éternelle.
           
Pour Paul, qui aurait de beaucoup préféré parler dans sa lettre du Seigneur et de sa gloire, c’était de la folie, comme déjà dit au verset 1, de s’occuper de sa propre personne. Mais à cause des graves accusations avancées contre lui et contre son ministère, il était maintenant contraint de se défendre. Il demande donc à ses lecteurs de ne pas le tenir pour un insensé qui aime à parler de lui-même. Et si toutefois ils estiment qu’il est un insensé, il leur demande d’avoir de la compréhension, s’il se glorifie un peu (v. 16).
           
Parler de soi n’est « pas selon le Seigneur », c’est-à-dire n’est pas selon la nature et la volonté de Celui qui a dit de lui-même : « Je suis débonnaire et humble de cœur » (Matt. 11 : 29), et duquel il est écrit : « Voici mon serviteur que j’ai élu, mon bien-aimé, en qui mon âme a trouvé son plaisir… Il ne contestera pas, il ne criera pas, et personne n’entendra sa voix dans les rues » (Matt. 12 : 18-19). Paul considérait une telle glorification de soi-même comme une folie, bien qu’il l’ait fait avec une certaine assurance - parce que ce qu’il disait correspondait à la vérité. Ses adversaires se glorifiaient, eux, « selon la chair », c’est-à-dire d’une manière qui doit être condamnée. Si donc il voulait maintenant se glorifier « un peu », ceci concernait des faits relatifs à sa personne et quant à sa vie et à son ministère, comme nous allons le voir (v. 17-18).
           
Nous ne devons pas déduire des paroles : « Ce que je dis, je ne le dis pas selon le Seigneur », que l’apôtre n’ait pas été inspiré en parlant ainsi. Il a écrit cela aussi sous la direction absolue du Saint Esprit, bien que son cœur, entièrement consacré à la glorification de son Seigneur, ait répugné à le faire. Il le fallait pourtant, à cause des astuces des faux docteurs et de l’empressement avec lequel beaucoup de croyants leur prêtaient attention.
           
Les paroles de l’apôtre qui viennent maintenant sont de nouveau pleines d’ironie. Il qualifie les Corinthiens de sages, parce qu’ils supportaient volontiers les insensés. En réalité, ils étaient insensés, puisqu’ils ne discernaient pas les faux apôtres qui se glorifiaient selon la chair (v. 19). L’énumération qui suit de cinq activités charnelles des intrus auxquels ils se soumettaient, montre jusqu’où même des croyants peuvent en venir lorsqu’ils ne vivent pas dans la « simplicité quant au Christ ». S’ils sont asservis, c’est-à-dire assujettis à une volonté humaine, s’ils sont dévorés, si on prend leur bien, si quelqu’un s’élève au-dessus d’eux et même - au sens figuré sans doute, bien que l’on puisse citer Actes 23 : 2 - si on les frappe au visage, ils peuvent le supporter (v. 20) !
           
Aux yeux des Corinthiens, le comportement complètement différent de Paul et de ses compagnons d’œuvre était un signe de faiblesse (v. 21a). Au lieu d’asservir, ils étaient des serviteurs (6 : 4), au lieu de dévorer les autres, ils se dépensaient entièrement pour eux (12 : 15), ils n’avaient rien pris d’eux (v. 9), ils ne s’étaient pas élevés ni recommandés eux-mêmes (10 : 18), et plutôt que de frapper au visage les bien-aimés du Seigneur, ils avaient été maltraités - litt : souffletés (1 Cor. 4 : 11). Ils s’étaient ainsi montrés de fidèles disciples de leur Seigneur, qui est en toutes choses le parfait modèle et le parfait exemple pour les siens. Or les Corinthiens avaient, eux, interprété cela comme de la faiblesse et un signe de honte.

 

Les souffrances de Paul  (v. 21b-31)

            L’apôtre entre maintenant dans quelques déclarations de ses arrogants opposants et se fait aussi « osé »  qu’eux, bien que cela lui répugne au plus haut point, car c’est « insensé » (v. 21b). Ces faux apôtres se vantaient ouvertement d’être Hébreux, mais Paul l’était aussi (v. 22 ; comp. Phil. 3 : 5). Lorsqu’ils prétendaient être serviteurs de Christ, il ne se laisse pas entraîner dans une comparaison (com. 10 : 12). Il s’excuse pour ainsi dire de parler « en insensé », c’est-à-dire de devoir s’exprimer contrairement à tout bon sens, et dit alors : « moi plus encore ». Y a-t-il un service plus élevé que celui pour Christ ? C’était la raison de vivre de Paul et il y mettait toutes ses forces. Dans les versets suivants, qui ne contiennent plus aucune comparaison avec les faux docteurs, il montre qu’un tel service n’apportait aucun honneur de la part des hommes, mais qu’il était lié à des souffrances indicibles.
           
La plupart des expériences douloureuses qu’il mentionne ici ne sont pas rapportées dans le livre des Actes des Apôtres - ce qui nous montre combien peu nous savons effectivement de la vie de ce grand apôtre. Aucun autre serviteur de Christ n’a sans doute autant souffert que Paul. Le Seigneur Jésus avait dit à Ananias : « Car je lui montrerai tout ce qu’il doit souffrir pour mon nom » (Act. 9 : 16). Comme l’indique la longue énumération de ses épreuves même sans beaucoup d’explications, il a enduré au cours de ses voyages des peines indicibles : « Dans les travaux bien davantage, sous les coups excessivement, dans les prisons bien plus souvent, en danger de mort souvent » (v. 23).
           
Il n’avait encore connu qu’un seul des cinq séjours en prison qui sont mentionnés dans le Nouveau Testament (Philippes : Act. 16 ; Jérusalem : Act. 22 ; Césarée : Act. 23 ; Rome, deux fois : Act. 28 ; 2 Tim. 1 : 8). Cependant, il écrit : « dans les prisons bien plus souvent », c’est-à-dire qu’il avait déjà alors été emprisonné plusieurs fois. Les versets 24-25 laissent entendre combien souvent il a connu les coups. La mention précise de « quarante coups moins un » renvoie à une ordonnance judaïque selon laquelle il fallait éviter d’enfreindre le commandement de Deutéronome 25 : 3 par un excès de coups. Paul a aussi souvent été exposé à la mort, tant de la part des hommes que par des catastrophes naturelles, comme le montre également le verset 25. « En voyages souvent, dans les dangers sur les fleuves, dans les dangers de la part des brigands, dans les dangers de la part de mes compatriotes, dans les dangers de la part des nations, dans les dangers à la ville, dans les dangers au désert, dans les dangers en mer, dans les dangers parmi de faux frères… » (v. 26). De toutes parts le guettaient des dangers dont toutefois le Seigneur a délivré son serviteur, pour qu’il puisse achever sa course. « En peine et en labeur, en veilles souvent, dans la faim et la soif, dans les jeûnes souvent, dans le froid et le dénuement… » (v. 27). Tel est le tableau des souffrances endurées au service de son Seigneur par cet homme fidèle !
           
Mais il y a plus encore. Au verset 28, les mots « en plus de ces circonstances exceptionnelles » (grec : ton parektos) laissent entendre qu’il ne s’agit pas d’une énumération complète de ses tribulations ! A ce qu’il a nommé ou tu, s’ajoute finalement ce qui assiégeait journellement son âme : « la sollicitude pour toutes les assemblées ». Et après tout ce que nous avons vu dans cette épître, Paul se faisait tout particulièrement du souci pour l’assemblée à Corinthe.
           
Partout où il rencontrait une âme croyante faible, il entrait dans ses difficultés avec amour, et si quelqu’un était scandalisé par le comportement désagréable d’autrui, son âme brûlait, pleine d’amour pour le Seigneur et pour les siens (v. 29 ; comp. Rom. 14 ; 1 Cor. 12 : 26).
           
« S’il faut se glorifier, je me glorifierai dans ce qui est ma faiblesse
 » (v. 30) : cette affirmation est certes étroitement liée à la précédente (comp. v. 16), mais elle introduit aussi un nouveau paragraphe, qui atteint son point culminant au verset 9 du chapitre 12. Il appelle d’abord à témoin « le Dieu et Père du Seigneur Jésus (lui qui est béni éternellement) » que tout ce qu’il a à dire correspond à la vérité (v. 31). Puis il mentionne - moins comme complément à l’énumération de ses souffrances que comme introduction à ce qui va suivre - sa fuite de Damas (v. 32-33 ; comp. Act. 9 : 25). Quelqu’un qui chercherait sa gloire n’aurait guère rappelé cette circonstance dans ce contexte. Aucun ange ne lui avait ouvert la porte, ou n’avait rendu aveugles ses poursuivants. Non, c’est dans une corbeille que des amis avaient aidé le grand apôtre des nations à fuir par une fenêtre à travers la muraille de la ville ! Arétas IV (9 av. JC à 40 après JC) était roi des Nabatéens et beau-père d’Hérode Antipas.
           
Ici non plus, Paul ne se vante pas de grands mots ou actes, dont son ministère étendu était en vérité loin d’être dépourvu, mais il se glorifie uniquement de sa faiblesse et de la grâce de son Seigneur et Maître. Ce n’est que pour ce motif qu’il mentionne le fait infamant qu’il a été dévalé par une fenêtre à travers la muraille de Damas immédiatement avant de décrire son glorieux « enlèvement » au troisième ciel dans le chapitre suivant.

                                                                                       D’après A. Remmers

  

A suivre