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LA DEUXIEME EPITRE AUX CORINTHIENS (10b)

 

CHAPITRE 10 : Humilité et hardiesse (suite)

          Orgueil  (v. 7-11)    
         
Se recommander soi-même ?  (v. 12-18)
         
           
Orgueil  (v. 7-11)           

            Tandis que Paul avait prêché avec humilité, dans la crainte et un grand tremblement, même dans la faiblesse, mais en démonstration de l’Esprit et de puissance « Jésus Christ, et Jésus Christ crucifié » (1 Cor. 2 : 1-5), ses opposants à Corinthe se présentaient en faisant étalage d’intelligence et d’une grande éloquence afin d’attirer les croyants après eux. L’un de leurs arguments était que, comme appartenant à Christ, ils méritaient d’être reconnus et ils devaient l’être - ce qu’ils refusaient à Paul et à ses collaborateurs. On peut voir peut-être dans ce groupe qui avait la confiance en lui-même d’être « à Christ », ceux qui se réclamaient en 1 Corinthiens 1 : 12 d’être « le parti de Christ ».
            Paul met à l’épreuve leur affirmation prétentieuse. Si « quelqu’un a la conviction d’appartenir à Christ », il doit admettre que le même Christ qui l’a appelé, a aussi appelé tous les autres (v. 7). S’il est véritablement la propriété de Christ, il reconnaîtra avec joie Paul comme associé dans la foi et comme frère. Si cependant il rejette Paul, il fait valoir abusivement sa relation avec Christ pour dénigrer ce fidèle serviteur et apôtre, et se révèle ainsi comme quelqu’un qui cherche sa propre gloire. Un serviteur de Christ gardé dans l’humilité reconnaîtra au contraire avec joie tous les autres serviteurs de son Seigneur, comme le faisait toujours Paul.
            Comme apôtre appelé du Seigneur, Paul aurait bien eu des motifs de se glorifier - non de ses capacités humaines, mais de l’autorité que le Seigneur lui avait conférée. Les croyants à Corinthe pouvaient témoigner qu’il avait manifesté « les signes d’un apôtre » au milieu d’eux (12 : 12). Tout ce dont ses opposants se vantaient sans fondement devant les Corinthiens était une réalité chez lui. Non, il ne serait assurément pas confus s’il relatait ce que le Seigneur avait opéré par son moyen et celui de ses compagnons d’œuvre pour l’édification - et non la destruction - des assemblées (v. 8 ; comp. 13 : 10).
            Paul renonce cependant volontairement à se prévaloir de cette manière de l’autorité que le Seigneur lui a donnée, afin de ne pas susciter en eux l’impression qu’il voulait les intimider de loin par ses lettres (v. 9). Il y avait cependant des voix qui s’élevaient pour dire que, quand il écrivait, Paul s’exprimait certes avec « du poids et de la force » ; mais on prétendait que lorsqu’il était présent au milieu des Corinthiens, il était « faible et sa parole méprisable » (v. 10). Effectivement, comme nous l’avons vu, il avait été au milieu d’eux « dans la faiblesse, et dans la crainte et dans un grand tremblement », et sa prédication n’avait « pas été en paroles persuasives de sagesse, mais en démonstration de l’Esprit et de puissance » (1 Cor. 2 : 3-4 ; comp. Gal. 4 : 13-14).
            Combien peu celui qui parlait ainsi, en décriant les lettres de l’apôtre comme étant des menaces creuses, discernait que leur auteur désirait venir à eux « avec amour et un esprit de douceur » plutôt qu’avec « le bâton » (1 Cor. 4 : 21) ! Il leur assure cependant qu’il pouvait également, étant présent, se manifester autrement. S’ils ne prêtaient pas attention à ses exhortations écrites, il confirmerait ses paroles lors de sa venue et agirait envers eux selon son autorité apostolique (v. 11).

 
Se recommander soi-même ?  (v. 12-18)

            Avec une certaine ironie, Paul déclare alors que ses compagnons et lui-même n’osaient pas « se mettre au rang de certains qui se recommandent eux-mêmes », ni se « comparer à eux ». Les opposants de Paul à Corinthe n’avaient pas d’autre échelle de comparaison qu’eux-mêmes, leur recommandation n’émanait de personne d’autre. Remplis d’arrogance, ils n’étaient occupés que d’eux-mêmes, de leurs prétendues qualités et performances. Le jugement de Paul est formel : « mais eux, qui se prennent eux-mêmes pour mesure et se comparent à eux-mêmes, manquent d’intelligence » (v. 12). Aussi doués qu’ils puissent être, ils n’étaient spirituellement pas intelligents. Cela ne se trouve-t-il pas aujourd’hui encore parmi les croyants ? Si nous nous imaginons supérieurs à nos frères et sœurs, et pensons qu’ils doivent tous nous écouter, nous appliquons une fausse mesure. Ce n’est que lorsque nous contemplons dans le silence notre Seigneur, que nous nous voyons dans la vraie lumière et restons gardés de fausse présomption.
            Paul était bien loin de se glorifier ainsi de ses capacités et de ses actes. Sa gloire consistait à vivre et travailler simplement, comme serviteur obéissant, dans la dépendance de Celui qui lui avait assigné sa sphère d’activité comme apôtre et docteur des nations (voir 1 Tim. 2 : 7). Lui est le « Dieu de mesure » qui attribue à chacun de ses serviteurs les mandats et les champs d’activité qui correspondent à ses capacités (comp. Matt. 25 : 15 ; 1 Cor. 7 : 7). Or annoncer l’évangile à Corinthe, ainsi que faire progresser les croyants et les édifier, faisait aussi partie du domaine d’activité de Paul (v. 13 ; Act. 18 : 10-11 ; 1 Cor. 3 : 5-9).
            Il était maintenant parti plus loin pour le service du Seigneur, et de faux apôtres, désireux de prendre sa place, s’étaient introduits à Corinthe et avaient entre autres persuadé les croyants que Paul les avait abandonnés ; son ambition, disaient-ils, le poussait à étendre toujours plus loin son action en visitant de nouvelles régions, afin de devenir encore plus célèbre. Il est vrai que de loin, il écrivait des lettres graves et sévères, mais il n’osait plus revenir jusqu’à eux. Pourtant la prédication de l’évangile du Christ à Corinthe n’était-elle pas la preuve de l’accomplissement fidèle de sa mission dans des régions qui n’avaient pas encore été atteintes par la bonne nouvelle du salut (v. 14 ; comp. Rom. 15 : 20- 21) ?
            Ces intrus effrontés, aux pensées charnelles, s’étaient dans un certain sens installés dans « un nid tout fait » et cherchaient une gloire douteuse dans « les travaux des autres », c’est-à-dire là où Paul et Apollos avaient déjà travaillé, en œuvrant contre l’apôtre et ses compagnons. Mais à leur différence, ceux-ci ne se glorifiaient pas dans ce qui « dépasse la mesure » (v. 15). Ils n’attachaient pas d’importance à leur propre honneur, mais avaient à cœur celui du Seigneur, ainsi que le bien spirituel et la croissance des assemblées - tout particulièrement quand ils devaient constater, comme à Corinthe, l’influence grandissante de faux conducteurs autoproclamés. Mais maintenant encore, alors que les Corinthiens se trouvaient en grand danger d’être entraînés dans un mauvais chemin, ils n’abandonnaient pas l’espoir qu’ils progresseraient dans la foi. Si les Corinthiens écartaient les intrus qui voulaient les dresser contre Paul, et lui rendaient la place qui lui revenait selon la volonté de Dieu, ce serait un signe de croissance dans la foi qui contribuerait à son grandissement parmi eux, et ceci conformément à la mission donnée par son Dieu. Il était bien l’apôtre des nations et leur père spirituel, celui qui les avait conduits au Seigneur et qui pouvait les considérer comme ses bien-aimés enfants dans la foi (comp. Rom. 11 : 13 ; 1 Cor. 4 : 14-16).
            Quelle manifestation d’amour, et aussi quelle confiance dans le Seigneur ! Paul espérait que leur foi croîtrait, et que lui-même serait abondamment agrandi au milieu d’eux, c’est-à-dire serait reconnu dans sa position et son ministère au milieu d’eux, au lieu d’être accablé par le devoir de s’occuper du mal qui se propageait. Ce n’est que lorsque l’état spirituel de l’assemblée à Corinthe serait affermi qu’il pourrait être pleinement libre d’annoncer l’évangile dans d’autres régions, en veillant à ne pas se « glorifier dans ce qui est déjà préparé dans le champ des autres », comme le faisaient ses opposants à Corinthe (v. 16).
            Et pourtant, il existe aussi des raisons de se glorifier pour un fidèle et humble serviteur du Seigneur, comme pour tout enfant de Dieu. Le chrétien qui trouve de quoi se glorifier lorsqu’il regarde à lui-même, succombe à une dangereuse illusion, comme les faux apôtres à Corinthe. Paul lui-même écrit en Romains 7 : 18 : « Je sais qu’en moi, c’est-à-dire en ma chair, il n’habite point de bien ». Il n’y a donc là aucun motif de se glorifier. D’autre part, le Seigneur a dit à ses disciples : « Séparés de moi, vous ne pouvez rien faire » (Jean 15 : 5). Tout bien qu’un enfant de Dieu peut faire, a sa source dans le Seigneur Jésus. Si donc il y a quelque motif de se glorifier, c’est dans notre Sauveur et Seigneur, auquel nous devons tout ce que nous sommes et tout ce que nous avons. D’où la conclusion que Paul peut adresser ici pour la seconde fois aux Corinthiens : « Mais que celui qui se glorifie se glorifie dans le Seigneur » (v. 17 ; voir 1 Cor. 1 : 31).
            Le Seigneur Jésus n’est cependant pas seulement la source de tout ce dont un chrétien peut se glorifier. Il est aussi Celui qui, en dernière instance, juge de tout. Ici aussi, la règle demeure : celui qui s’approuve soi-même sans se tenir dans la lumière divine, en arrive facilement à se recommander lui-même, comme le faisaient les faux apôtres à Corinthe (comp. v. 12). Mais celui qui se tient humblement dans la lumière du Seigneur ne se mettra jamais en avant, ne fera pas valoir ses qualités, ni ne cherchera par ce moyen à être reconnu par les hommes - même par les frères et sœurs dans la foi. Il appartient au Seigneur de montrer à sa manière quels sont ceux que Lui-même recommande (v. 18). Que cela n’arrive le plus souvent pas du jour au lendemain, est propre à nous exercer à l’humilité et à la patience, et à nous confier de plus en plus en Lui seul !
                                                                   

                                                                                                   D’après A. Remmers

  

A suivre