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Son jardin

 Un jardin, lieu de détente et de paix 
 Les parfums du jardin mis en valeur
 « Je suis venu dans mon jardin… » (5 : 1)
 La communion et l’affection fraternelle goûtées ensemble
 

            Le dialogue du Cantique des cantiques entre le bien-aimé et la « fiancée » juive, l'Epouse terrestre, a bien des résonances dans le cœur et la conscience de l'Epouse céleste, de même que pour chaque saint en particulier. Aussi sommes-nous en droit de nous appliquer cette comparaison de l’époux : « Tu es un jardin clos, ma sœur, ma fiancée… » (4 : 12).

 

Un jardin, lieu de détente et de paix

            La raison d'être d’un jardin est l'agrément, le profit et le plaisir de celui à qui il appartient, et c'est bien ce qu'est l'Eglise pour son Epoux divin. Ce jardin-là est clos ; c'est une propriété privée. Pas d'intrus. Personne ne doit pouvoir en dérober les fruits ni nuire aux jeunes plants ; il ne doit y pénétrer aucune semence étrangère. Ses fleurs et ses fruits, ses parfums et ses aromates, ses sources et ses fontaines sont réservés au seul usage du Maître. Et ce dernier sait l'apprécier, à entendre la description qu'Il en fait ! A ses yeux c'est « un paradis » (v. 13), le jardin d'Eden du second homme, dans lequel toutes les richesses sont d'ordre spirituel. On y trouve tout ce que la nouvelle création comporte de perfections morales pour la satisfaction de Celui qui en est et l'auteur et le chef.
            Ce jardin-là, placé présentement sous notre responsabilité, ne doit-il pas être gardé avec plus de soin encore que le premier paradis ? En effet, si nous ne veillons pas, ou si la clôture de séparation d'avec le monde est mal jointe, le serpent ancien s'introduira dans ce qui est le domaine réservé du Seigneur : son Assemblée. Alors nous en subirons les plus grands dommages et Lui sera privé du fruit qu'il s'attendait à y recueillir. Ce fruit est celui de l'Esprit, selon Galates 5 : 22 : l'amour, la joie, la paix…, « fruit exquis », agréable au Seigneur et dont Il surveille la maturité dans la vie des siens. Il y a des arbres de vie dans ce jardin : c'est « un paradis de grenadiers ». Alternant avec des clochettes, les grenades ornaient le bord de la robe du souverain sacrificateur, image du fruit de la vie divine et du témoignage rendu sur la terre par les rachetés liés à un Christ céleste (la robe de bleu).
            Sont énumérés ensuite les multiples parfums : henné, nard, safran, roseau, cinnamome, encens, myrrhe, aloès, avec tous les principaux aromates, dont chacun représente un composant de « la bonne odeur de Christ pour Dieu » (2 Cor. 2 : 15). La multiplicité des parfums est la preuve de l'amour du Seigneur à qui n'échappe aucune des beautés morales de l'Eglise. Un simple verre d'eau donné en son nom (Matt. 10 : 42), une petite preuve de soumission, a trop de prix pour Son cœur pour qu'Il l'oublie. Au chapitre 5 (v. 13), la Bien-aimée montre qu'elle connaît aussi quelques-uns des parfums de la personne de son Seigneur, mais combien plus Celui-ci sait-il en découvrir dans celle qu'Il aime !

 

Les parfums du jardin mis en valeur

            Pour mettre en valeur les richesses de ce jardin, deux choses sont nécessaires. En premier lieu l'eau, sans laquelle la meilleure essence d'arbre ou de plante se flétrit et finit par périr.

 
                        L’eau

            Elle est dispensée par la fontaine du verset 15 ainsi que par les puits d'eau vive, images de la Parole communiquée par le Saint Esprit, dont les sources fraîches sont indispensables à l'entretien de la vie divine. Pour rendre son fruit en sa saison, un arbre doit être planté près des ruisseaux d'eau (Ps. 1 : 3).

                        Le vent de l’épreuve

            Mais il faut encore un autre moyen, inattendu et qui peut nous paraître désagréable, auquel le Seigneur pourvoit dans sa fidélité : c'est le vent de l'épreuve. Chaque fois que notre somnolence spirituelle affaiblit la manifestation des vertus chrétiennes, chaque fois que notre volonté propre vient entraver l'épanouissement des fleurs de la vie divine, le Seigneur, qui est souverain, appelle le vent du nord ou celui du midi - l'épreuve sous l'une ou l'autre de ses formes - et leur ordonne de souffler un moment sur son jardin. « Réveille-toi, nord, et viens, midi…» (Cant. 4 : 16a). Alors le jardin « se réveille » ; les tiges se courbent, les branches sont péniblement secouées, mais le but est atteint : les effluves des gloires morales de Jésus deviennent perceptibles et en même temps s'exprime le désir du cœur de l'Epouse : « Que mon bien-aimé vienne dans son jardin et qu'il mange ses fruits exquis » (v. 16b).

 

« Je suis venu dans mon jardin… » (5 : 1)

            A l’appel de l’Epouse, le Seigneur n'a pas pu rester insensible. N'attendant que cela, comment tarderait-il un instant de plus ? « Je suis venu dans mon jardin… » ; j'y suis venu, non comme un invité, mais comme le Maître. Et voyons ce que j'y trouve, maintenant qu'a soufflé l'épreuve !

                        « J'ai cueilli ma myrrhe… »

            Il est remarquable que la myrrhe, symbole de la souffrance, soit nommée la première, et venant juste après le vent qui en a répandu le parfum. Or le Seigneur revendique le fruit de l'épreuve comme étant sien. Il s'approprie nos douleurs : « J'ai cueilli ma myrrhe… ». Beaucoup de croyants gardent leurs peines pour eux ; ils trouvent mille raisons de gémir et de se lamenter. « Mon âme refusait d'être consolée », s'écrie le psalmiste qui s'était complu dans sa douleur (Ps. 77 : 2). Mais les larmes de pitié que nous versons parfois sur nous-mêmes ne sont pas de celles que Dieu met « dans ses vaisseaux » (Ps. 56 : 8).
 

                        « … avec mes aromates »

            Chaque fois que le Seigneur peut reconnaître dans ma vie quelque conformité avec lui-même, c'est comme un aromate produit par Lui et pour Lui. Ce n'est pas ma patience, ma douceur, mon amour ; c'est la patience, la débonnaireté, la grâce de Jésus faiblement reproduites en moi par son Esprit. Comment donc m'en glorifierai-je ?

                        « J'ai mangé mon rayon de miel avec mon miel… »

            Il nous semble voir ici l'âme et ses affections, le vase avec son contenu, les sentiments d'amour en même temps que le cœur qui les éprouve. « Tout en nous est à toi », chantons-nous quelquefois. Rien n'est plus précieux pour l'Epoux que le cœur de l'Epouse, sur lequel Il s'est acquis tous les droits.

                        « J'ai bu mon vin »

            Le vin, tout comme la myrrhe, est à Lui ; il est l’image de la joie de l'enfant de Dieu. Mes joies de chrétien sont de même nature que celles de Christ ; ne parle-t-Il pas de sa joie accomplie dans les siens? (Jean 15 : 11 ; 17 : 13). C'est bien son vin que le Seigneur récolte lorsque, joyeux, le croyant chante des cantiques (Jac. 5 : 13) ou que, même dans la souffrance, il est rendu capable de se réjouir en Lui.

                        « ... avec mon lait »

            La nourriture n'est pas oubliée. L'aliment complet du nouvel homme doit se trouver dans ce jardin du Seigneur, autrement dit dans l'Assemblée. Et ce n'est pas notre vérité, notre  doctrine particulière, les exhortations de tel ou tel frère qui seront l'objet de notre attention. Le « pur lait de la Parole » (1 Pier. 2 : 3), nourriture non frelatée que le Seigneur doit pouvoir reconnaître comme sienne, c'est Sa Parole enseignée et mise en pratique.

            Il est le Seigneur ; il descend dans son jardin, il y recueille sa myrrhe, ses aromates, son rayon de miel, son vin, son lait. Nous ne pouvons donc Lui rendre que ce qui lui appartient déjà, Lui apporter que ce que lui-même a produit de nos cœurs - et Il ne pourrait d'ailleurs rien accepter d'autre. « Ce qui vient de ta main, nous te le donnons » (1 Chr. 29 : 14). C'est de son propre jardin que provient tout ce que nous Lui apportons, en particulier dans le culte : ces fruits dont nous sommes invités à remplir nos « corbeilles » (Deut. 26 : 2). Mais dans sa grâce, Il veut nous en faire jouir avec Lui.

 

La communion et l’affection fraternelle goûtées ensemble

            Est-ce à son seul usage que le Seigneur recueille les fruits et les essences de son jardin ? Ne nous permet-Il pas de jouir les uns des autres, de goûter l'affection fraternelle et la communion d'une vraie sympathie ? Quand Paul se proposait de « cueillir quelque fruit » pour le Seigneur au milieu des saints de Rome, c'était, leur dit-il, « pour que vous soyez affermis », c'est-à-dire « que nous soyons ensemble encouragés au milieu de vous, vous et moi, chacun par la foi qui est dans l'autre » (Rom. 1 : 11-13).

            Nous partageons

                      - la myrrhe : « si un membre du corps souffre, tous souffrent avec lui » (1 Cor. 12 : 26a) ;

                      - le vin : « si un membre est glorifié, tous les membres se réjouissent avec lui » (v. 26b) ;

                      - le lait : chaque fois que nous nous penchons ensemble sur la Parole dans les réunions d'édification.

            Quand un homme mange, son corps entier bénéficie de la nourriture ; celle-ci se répartit également de manière que chaque membre en profite. Christ nourrit et chérit toute son Assemblée. Et c'est de Lui que nous recevons à la fois les aliments et l'invitation à en user : « Mangez amis ; buvez, buvez abondamment, bien-aimés » (Cant. 5 : 1). « Tu dresses devant moi une table… » (Ps. 23 : 5). C’est « un festin de vins vieux, de choses grasses moelleuses » (Es. 25 : 6). Tous les produits du jardin sont placés devant nous et nous n'avons qu'à nous asseoir, à rendre grâces et à participer à ce festin préparé. Mais nous ne le pouvons que dans la mesure où nous jouissons de son amour. C'est en tant qu'amis que nous mangeons, en tant que bien-aimés que nous buvons. L'exhortation ne va pas sans le rappel de la relation.

            Dieu veuille que le cœur de l'Eglise, c'est-à-dire celui de chacun de nous, conscient des droits du Seigneur, désire ardemment Sa présence, qui en vérité est le bien suprême ! Alors s'exprimera le vœu de chacun de nos cœurs : Viens dans ton jardin, Bien-aimé; tu es ici chez toi ; cueille ce qui t'appartient ; « tous les fruits exquis, nouveaux et anciens… je les ai gardés pour toi » (7 : 13).


                                    D'après Jean Koechlin – article paru dans le « Messager Evangélique » (1973 p. 154)