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 LA DEUXIEME EPITRE AUX CORINTHIENS (5a)

 CHAPITRE 5 : Les motifs du ministère
           
      La maison céleste (v. 1-5)
      Présents - absents (v. 6-9)
      La crainte du Seigneur (v. 10-13)
           
La maison céleste (v. 1-5)
 
            Quand l'apôtre pensait à « ce qui ne se voit pas » (4 : 18), il ne s'agissait pas pour lui de quelque chose d'imprécis ou d'incertain, car même en parlant de l'avenir, il pouvait dire : « nous savons » (comp. 4 : 14 ; Rom. 8 : 28). Le corps du croyant -  appelé, au chapitre 4, « un vase de terre » (v. 7) ou « l'homme extérieur » (v. 16), est désigné maintenant comme étant « une maison terrestre - simple tente » - elle aura un jour sa fin, lorsque la mort interviendra ; il sera même détruit. L'âme est certes alors auprès de Christ dans le paradis, ce qui « est, de beaucoup, meilleur » (Phil. 1 : 23), mais le corps terrestre périt et retourne à la poussière. Il sera remplacé, comme Paul l'avait déjà communiqué dans sa première épître, par un corps glorifié lors de la venue du Seigneur (1 Cor. 15 : 35-57). La conjonction « si » n'a pas ici le sens temporel de « lorsque, ou quand », mais un sens conditionnel (« le cas étant que... »). Les croyants qui meurent reçoivent leur corps de gloire lors de la résurrection pour être enlevés, c'est-à-dire au même moment que les vivants, qui alors sont « changés » (1 Cor. 15 : 52).

            Paul appelle ici ce corps futur « un édifice de la part de Dieu, une maison qui n'est pas faite de main, éternelle, dans les cieux » (v. 1 ; comp. Phil. 3 : 21). C'est revêtus de ce corps glorifié et parfait que nous verrons le Seigneur Jésus comme il est (1 Jean 3 : 2). Si nous ne possédons pas encore cette « maison », mais la recevrons plus tard lors de l'enlèvement, nous savons cependant que selon le conseil de Dieu, elle nous est déjà assurée.

            Dans notre condition présente, nous soupirons parce que le corps, avec ses faiblesses, nous empêche de jouir pleinement des bénédictions spirituelles. L'apôtre ne pense pas ici aux soupirs d'une âme qui ne possède pas encore la pleine assurance du salut, car il ne parlerait pas alors du désir ardent de « revêtir notre domicile qui est du ciel » (v. 2 ; comp. Rom. 8 : 23). Il emploie l'expression « revêtir » pour décrire la transmutation des croyants vivants lors de la venue du Seigneur. Puisque celle-ci aura lieu sur la terre, il nomme maintenant le corps futur, notre « domicile... du ciel », en contraste avec la « maison... dans les cieux » du verset 1. La vivante et bienheureuse espérance du croyant est donc l'enlèvement, non la mort !

            Pourtant, l'apôtre ajoute une mise en garde : « Si toutefois, même en étant vêtus, nous ne sommes pas trouvés nus » (v. 3). L'apparente contradiction entre « revêtus » et « nus » a conduit très tôt à la traduction erronée « dévêtus ».

            Peut-on être à la fois « revêtu » et « nu » ? La difficulté disparaît lorsque nous tenons compte du fait que l'apôtre a devant ses yeux non seulement les croyants, mais tous les hommes. Tous ressusciteront « une fois », certes à des moments différents et dans des circonstances tout à fait distinctes. De même qu'il y aura une « résurrection de vie » lors de laquelle tous les croyants endormis seront ressuscités, de même il y aura aussi mille ans plus tard, après la fin du règne millénaire, une « résurrection de jugement » pour tous les incrédules (Jean 5 : 28, 29 ; 1 Thess. 4 : 16 ; Apoc. 20 : 12-15). Tous seront « revêtus » d'un corps, mais ceux qui auront vécu sans Christ et sont morts, seront « trouvés nus », parce que le « vêtement de la justice », Christ, leur manque. Une simple profession ne suffit pas pour avoir le salut éternel, comme en rendent témoignage maints passages du Nouveau Testament (Matt. 7 : 21 ; 1 Cor. 9 : 27).

            Le verset 4 reprend la pensée du verset 2. Notre corps, la « tente » (comp. 2 Pierre 1 : 13, 14) fait partie de l'ancienne création, tandis que notre être intérieur appartient déjà à la nouvelle création (voir v. 17). « Nous gémissons, étant chargés » - non à cause de nos faiblesses et de nos péchés, mais parce que nous désirons que le Seigneur vienne et transforme « notre corps d’abaissement en la conformité du corps de sa gloire » (Phil. 3 : 21). Personne n'a certes mieux compris et plus intensément réalisé que Paul, que pour lui, vivre c'était Christ. Aussi avait-il « le désir de partir et d'être avec Christ, car c’est, de beaucoup, meilleur » (Phil. 1 : 23 ; comp. 3 : 10). Mais tout aussi clairement il replace continuellement devant nos regards l'espérance de la venue imminente du Seigneur pour l'enlèvement des siens (1 Cor. 15 : 51 ; Phil. 3 : 20 ; 1 Thes. 4 : 15). Il n'y a là absolument aucune contradiction. Le Seigneur Jésus, qui a promis à ses disciples de revenir et de les prendre auprès de lui, a aussi dit : « Je viens bientôt » ; cela signifie que nous pouvons l'attendre à tout instant (Jean 14 : 3 ; Apoc. 3 : 11 ; 22 : 7, 12, 20). Mais s'il n'est pas encore venu, c'est premièrement parce qu'il veut que beaucoup d'hommes encore - oui, « tous les hommes » - soient sauvés (2 Pier. 3 : 9). Tous pourraient l’être, mais certains refusent la grâce offerte.

            Paul désirait plutôt être « revêtu » que « dépouillé ». Etre dépouillé signifie mourir, ce que Pierre appelle « déposer ma tente » (2 Pier. 1 : 14). Etre revêtu veut dire, par contre, connaître, comme étant vivant, la transformation du corps, lors de la venue du Seigneur. Le corps mortel sera alors transformé aussitôt, sans passer par la mort, « en la conformité du corps de sa gloire » (Phil. 3 : 21), de telle sorte que Paul peut dire avec justesse que ce qui est mortel sera absorbé par la vie (comp. 1 Cor. 15 : 54).

            Combien la constatation qui suit est merveilleuse : Dieu nous a « formés pour cela même » (v. 5) ! Notre but dans la maison céleste du Père est non pas la mort, mais toute la plénitude de la vie éternelle ! Le plaisir de Dieu en son Fils bien-aimé est tel qu'il veut s'entourer pour l'éternité d'hommes sauvés qui soient « conformes à l'image de son Fils, pour qu'il soit premier-né parmi beaucoup de frères » (Rom. 8 : 29). Nous serons éternellement avec Celui sur qui le regard du Père repose continuellement avec délices, nous le verrons comme il est, et nous l'adorerons pour son amour. Non seulement il reviendra pour prendre tous les siens, qu'ils soient endormis ou encore vivants, auprès de lui dans la gloire inexprimable de la maison du Père, mais nous avons déjà reçu maintenant le Saint Esprit comme « arrhes ». Il est « l'acompte » donné de Dieu sur la gloire éternelle, la garantie divine de l'accomplissement de toutes les promesses données (comp. 1 : 22 ; Rom. 8 : 23 ; Eph. 1 : 14).
 
 
Présents - absents (v. 6-9)

            Etant nés de nouveau, et possédant Christ comme vie et le Saint Esprit comme arrhes de la gloire future, nous pouvons donc avoir « toujours confiance » (v. 6). Même si nous passons par la mort, la vie divine demeure inaltérée en nous, car Christ lui-même, qui a triomphé de la mort par sa résurrection, est notre vie (Col. 3 : 4) ! Aussi longtemps que nous sommes encore « présents dans le corps », et vivons sur la terre, nous possédons tout uniquement par la foi, non par la vue, car nous ne verrons le Seigneur que lorsque nous serons présents auprès de Lui (v. 7). Nous sommes « présents avec le Seigneur » dès le moment où nous nous endormons, et non pas seulement quand Il prendra les siens à lui dans la maison du Père, lors de sa venue. Si Etienne a dit : « Seigneur Jésus, reçois mon esprit » (Act. 7 : 59), et si Paul avait « le désir de partir et d'être avec Christ, car c’est, de beaucoup, meilleur », nous aussi nous pouvons avoir confiance quant à notre délogement et désirer être « absents du corps et... présents avec le Seigneur » (v. 8). Notre âme et notre esprit peuvent alors jouir de la présence du Seigneur dans le paradis (comp. Luc 23 : 43). Telle est la part de tous ceux qui se sont endormis en Christ, même si notre bienheureuse et vivante espérance chrétienne ne trouvera son accomplissement définitif et parfait que lors de la venue du Seigneur Jésus pour l'enlèvement des siens.
            Lorsque nous pensons à cette merveilleuse perspective, nous ne pouvons effectivement pas faire autre chose que nous appliquer avec ardeur à être agréables à notre bien-aimé Seigneur (v. 9). La condition dans laquelle il nous trouvera quand il viendra, que ce soit comme vivants, « présents dans le corps » (v. 6) ou comme endormis, « absents du corps » (v. 7), n'est pas déterminante, car que nous vivions ou que nous mourions, nous sommes et demeurons à Lui (comp. Rom. 14 : 8 ; 1 Thes. 5 : 10). Il est évident que ce n'est que durant notre vie ici-bas que nous pouvons nous appliquer avec ardeur à « lui être agréables », car comme le montre le verset suivant, le tribunal de Christ manifestera ce que nous aurons accompli « dans le corps », donc pendant notre vie sur la terre.

 
 
La crainte du Seigneur (v. 10-13)

            De même qu'il l'a déjà fait au verset 3, Paul inclut tous les hommes, quand il mentionne que nous devons tous être manifestés un jour devant le tribunal de Christ (v. 10). Mais nous ne devons pas en tirer la conclusion que cela aura lieu pour tous au même moment. L'Ecriture sainte ne parle pas plus d'une « résurrection générale » de tous les hommes que d'un « jugement général ». Non seulement un intervalle de plus de mille ans sépare la manifestation des rachetés devant le tribunal de Christ de la comparution des incrédules devant le grand trône blanc, et il y a aussi une immense différence.
            Après l'enlèvement, ceux qui croient au Seigneur Jésus seront manifestés devant le tribunal de Christ comme pécheurs justifiés. Ils connaissent déjà comme leur Sauveur le juge devant lequel ils se trouvent ! C'est lui qui a porté sur la croix tous leurs péchés et le jugement de Dieu sur ceux-ci. Aussi peuvent-ils voir venir avec confiance le jour du jugement (1 Jean 4 : 17). Ils seront manifestés devant le tribunal avec toutes leurs pensées, leurs paroles et leurs actes, dans des corps glorifiés, sans péché, et verront là dans la lumière toutes choses comme le Seigneur les juge (1 Cor. 4 : 5). Là aussi ils recevront de lui leur récompense et leur louange pour tout ce qu'ils auront fait par amour pour lui (1 Cor. 3 : 14, 15). Seul le bien opéré durant leur vie recevra une récompense ; il n'y aura là plus de châtiment pour les siens, car « le châtiment de notre paix a été sur lui » (Es. 53 : 5), une fois pour toutes, quand il est mort sur la croix pour nous. Grâce lui en soit rendue éternellement ! Quiconque croit en Dieu qui a envoyé son Fils unique pour le salut des pécheurs perdus, ne vient par conséquent pas en jugement, mais il est passé de la mort à la vie (Jean 5 : 24).
            En revanche, ceux qui auront passé toute leur vie sans Dieu et sans son Fils, ne sortiront de leurs tombes qu'après le règne millénaire de Christ. Ils paraîtront alors devant le grand trône blanc sur lequel à nouveau le Seigneur Jésus sera assis, car Dieu lui a donné tout le jugement, parce qu'il est Fils de l'homme (Apoc. 20 : 11-15 ; comp. Jean 5 : 22, 27, 29). Il manque à ces hommes l'essentiel, leur nom n'est en effet pas écrit dans le livre de vie. Toutefois ils seront jugés non seulement pour cette raison, mais « selon leurs œuvres », qui ne méritent aux yeux saints du juge que la sanction de « mauvaises » (Rom. 3 : 10-20). Ils recevront ainsi la juste rétribution de leurs péchés : la perdition éternelle de devant la face du Seigneur, l'étang de feu, la seconde mort. « C'est une chose terrible de tomber entre les mains du Dieu vivant ! » (Héb. 10 : 31).
            Le verset qui suit confirme que Paul pense ici également à des incrédules lorsqu'il ajoute : « Connaissant donc combien le Seigneur doit être craint, nous persuadons les hommes » (v. 11). La gravité extrême de la condition de tout homme qui un jour devra se tenir devant son juge sans connaître la réconciliation, est pour l'apôtre un puissant argument et même le premier motif, en ce qui concerne la prédication du salut (comp. Act. 17 : 30, 31). Persuader les hommes souvent si indifférents ou si superficiels quant à l'éternité n'est pas un vain discours, mais c'est les convaincre (comp. Act. 18 : 4 ; 19 : 8 : « persuader » ; Act. 13 : 43 : « exhorter »). Cette conviction doit être cependant produite non seulement par des paroles, mais par notre vie vécue sous le regard de Dieu, auquel rien n'échappe - pour ainsi dire dans la lumière du tribunal. C’est un témoignage vivant aux yeux des hommes (comp. 1 Pierre 3 : 1-4). En cela aussi, Paul était un imitateur du Seigneur dont les paroles étaient toujours en parfaite harmonie avec ses actes (Jean 8 : 25) !
            Même si les hommes pouvaient reconnaître dans ses paroles et ses actes les fruits de la nouvelle vie, et s'il était lui-même conscient, dans une parfaite paix intérieure, que Dieu le connaissait à fond, Paul n'était cependant pas encore sûr de la manière dont les Corinthiens le jugeaient maintenant. Il espérait toutefois aussi avoir été manifesté dans leurs consciences. Ah ! les croyants dans cette ville se trouvaient dans un état moral si mauvais qu'ils avaient nourri et exprimé de très graves soupçons sur lui et son ministère ! Mais il croyait cependant pouvoir nourrir l'espoir justifié qu'un changement était intervenu en bien et qu'ils reconnaissaient la réalité de son amour pour eux. C'est pourquoi, quant à ce qui concernait son ministère, il ne voulait pas se recommander une nouvelle fois lui-même et se faire valoir à leurs yeux (comp. 3 : 1). Non, il voulait leur donner une réelle occasion de se réjouir en constatant qu'il les aimait et avait pour seul but de leur rendre le Seigneur Jésus plus grand et les amener plus en accord avec ses pensées. Un tel motif de se glorifier est quelque chose de tout différent de la gloire que recherchaient ceux qui « tirent gloire de l’apparence extérieure et non de ce qui est dans le cœur » (v. 12). Sont visés ici les opposants à Paul, qui certainement avaient beaucoup de choses impressionnantes à première vue à leur actif (voir 11 : 22), mais dont le cœur était sombre, rempli de ténèbres. Ils ne cherchaient qu'à se mettre en avant et à avoir de l'influence sur les croyants.
            Il n'en était pas ainsi de Paul. Les buts de son ministère étaient la glorification de Dieu et la bénédiction des hommes. Lorsqu'il parlait, étreint par la sagesse si diverse de Dieu, par le mystère du Christ, par les richesses insondables de sa grâce, et par son amour qui surpasse toute connaissance, il pouvait – comme plusieurs passages de ses épîtres le montrent – être transporté hors de lui et laisser éclater une soudaine louange à la gloire de Dieu (doxologie) (Rom. 11 : 33-36 : 2 Cor. 9 : 15 ; Eph. 3 : 20, 21). Dans de telles occasions, il est possible que quelques auditeurs aient pu penser ou dire : « Tu es fou, Paul » (Act. 26 : 24) ! Par ailleurs, le même Paul pouvait exposer avec la plus grande sobriété la volonté de Dieu quant à la relation entre mari et femme, parents et enfants, maîtres et esclaves, ainsi qu'en ce qui concerne les choses extérieures telles que le vêtement et la coiffure des sœurs. Il était alors « dans son bon sens », et cela, par amour et par sollicitude pour les croyants (v. 13).

                                                                                                  D’après A. Remmers

  

A suivre