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LA DEUXIEME EPITRE AUX CORINTHIENS (1)

 
 INTRODUCTION
      Auteur, destinataires et date de rédaction de l’épître
      Thème de l'épître
 CHAPITRE 1 : Tribulations et consolations 
      Salutations (v. 1-2)
      Action de grâces (v. 3-7)
      Tribulations (v. 8-11)
      Sujet de gloire (v. 12-14)
      Fermeté (v. 15-24) 
     

INTRODUCTION 

                          Auteur, destinataires et date de rédaction de l’épître

            L'assemblée à Corinthe avait été constituée à la suite du ministère de l'apôtre Paul dans cette région (2 Cor. 1 : 19), lors de son deuxième voyage missionnaire (env. 51-54 après Jésus Christ). Exceptionnellement riche en dons de grâce, elle se trouvait cependant dans un si mauvais état spirituel que Paul s'était vu dans la nécessité d'écrire successivement deux sévères épîtres sévères aux croyants qui vivaient là.
            Lors de son troisième voyage missionnaire (env. 54-58 après Jésus Christ), Paul avait envisagé de revenir à Corinthe le plus vite possible après l'envoi de sa première épître (1 Cor. 16 : 5 ; 2 Cor. 1 : 15), mais à cause des mauvaises nouvelles rapportées par Timothée (1 Cor. 4 : 17 ; 16 : 10 ; 2 Cor. 1 : 1), il renonça à ce projet. Il envoya d'abord Tite à Corinthe. Celui-ci devait examiner l'évolution de l'état de l'assemblée et préparer la collecte déjà mentionnée dans la première lettre (16 : 1-4) pour les saints tombés dans la pauvreté en Judée et à Jérusalem (2 Cor. 8 : 6).
            Entre-temps, Paul avait quitté Ephèse. Il prêcha d'abord l'évangile en Troade, mais n'étant pas tranquille, il continua vers la Macédoine, où il ne trouva pas non plus de repos jusqu'à ce qu'il y rencontre Tite (2 : 12-13 ; 7 : 5-6). A la suite de son rapport, Paul écrivit en Macédoine sa seconde épître (9 : 2-4), qui fut probablement transmise par Tite (8 : 6-18). On peut en situer la rédaction à la fin de la même année où fut écrite la première épître, c'est-à-dire 57 après Jésus Christ.

                          Thème de l'épître

            La seconde épître aux Corinthiens est l'une des plus difficiles du Nouveau Testament. Comme celle aux Philippiens, elle compte parmi les témoignages les plus personnels de l'apôtre Paul. Elle contient peu d'enseignement doctrinal, mais beaucoup de passages dans lesquels l'auteur livre ses sentiments. Tandis que la première épître porte un caractère doctrinal et la marque de l'autorité, la seconde exprime beaucoup plus les motifs moraux de l'apôtre dans son service pour le Seigneur (1 : 12-14 ; 5 : 14 ; 12 : 19) et son profond désir de retrouver la communion avec les Corinthiens (2 : 8-11; 6 : 1, 11-13 ; 7 : 2-4). Dans les chapitres 1 à 7, après l'introduction, Paul présente le caractère, les motifs et le but de sa conduite et de son ministère, dont le Seigneur Jésus est la source (1 : 20-22 ; 2 : 14-17 ; 3 :18 ; 4 : 4-18 ; 5 : 7-21).
            Le thème de la deuxième partie (chap. 8 et 9) est la collecte pour les frères et sœurs pauvres en Judée, à laquelle Paul tenait beaucoup (comp. Gal. 2 : 10 ; Rom. 15 : 25-28). Il désire ranimer le cœur des Corinthiens pour ce service d'amour.
            Dans la dernière partie (chap. 10 à 13 : 10) Paul est contraint de revenir sur un sujet déjà évoqué dans la première épître : sa mission et son ministère comme apôtre de Jésus Christ (comp. 1 Cor. 9). Alors qu'au début il ne s'agissait que de doutes sur l'authenticité de son appel, il avait affaire maintenant à une forte opposition de la part de certains Corinthiens qui mettaient en question son apostolat et se posaient eux-mêmes en apôtres. Ils réclamaient de Paul, même si ce n'était de loin pas encore à tous égards, des preuves écrites de sa qualité d'apôtre et de serviteur de Christ (3 : 1-6 ; 13 : 3). Ils revendiquaient pour eux-mêmes une autorité apostolique (10 : 10, 18 ; 11 : 5, 13-15 ; 12 : 10), se prévalaient de leur origine juive (11 : 22) et apportaient en même temps de fausses doctrines (10 : 2-5 ; 11 : 2-4). Paul se refuse à défendre son apostolat vis-à-vis de l'assemblée à Corinthe par des preuves extérieures, mais tente une nouvelle fois de toucher le cœur des Corinthiens en plaçant devant eux des détails tirés de sa vie et de son service pour son bien-aimé Seigneur (11 : 2, 7, 23-33 ; 12 : 1-10, 14-19).

 

CHAPITRE 1 : Tribulations et consolations

                          Salutations (v. 1-2)

            Comme au début de sa première épître, Paul se présente comme « apôtre de Jésus Christ par la volonté de Dieu », mais en laissant de côté l'allusion à son appel. A la différence de la première lettre, il ne mentionne son nom que deux fois (1 : 1 ; 10 : 1). Ici aussi il s'adjoint un autre serviteur, mais cette fois il s'agit du frère Timothée qui, après sa visite à Corinthe (1 Cor. 16 : 10), est revenu vers lui. Les destinataires sont désignés de manière identique : « l'assemblée de Dieu qui est à Corinthe ». Cependant, Paul ne le fait pas dans un sens aussi large que dans la première épître ; au lieu d'inclure « tous ceux qui en tout lieu invoquent le nom de notre Seigneur Jésus Christ », seuls sont mentionnés les saints de la province d'Achaïe, dont Corinthe était la capitale. En revanche, le vœu : « Grâce et paix à vous, de la part de Dieu notre Père et du Seigneur Jésus Christ ! » est exactement le même que dans la salutation de la première épître.

 
                          Action de grâces (v. 3-7)

            L'expression de reconnaissance de Paul porte un caractère particulier. Seules trois épîtres commencent par ces paroles «  Béni soit le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ » (comp. Eph. 1 : 3 ; 1 Pier. 1 : 3). Paul loue ici son Dieu, qu'il appelle « le Père des miséricordes et le Dieu de toute consolation » pour le merveilleux réconfort qu'il a expérimenté de sa part dans ses nombreuses tribulations. Jamais il ne se plaint de ses souffrances (comp. 1 Cor. 15 : 30-32 ; 2 Cor. 6 : 4-10 ; 11 : 23-28), mais les reçoit de la main de son Dieu et Père. Il rend grâces pour les encouragements que ses compagnons d'œuvre et lui-même avaient reçus, et ceci, dans le but de fortifier la foi d'autres croyants qui pourraient aussi connaître la détresse ou l'épreuve. Pour l'apôtre Paul, la venue de Tite, chargé de bonnes nouvelles de Corinthe (7 : 6-7), était une immense consolation.
            Pourquoi Paul commence-t-il cette épître de manière si peu habituelle ? Probablement pour toucher le cœur des croyants à Corinthe, comme aussi la suite de la lettre le montre. Paul était « un homme ayant les mêmes penchants que nous » (Act. 14 : 15 ; Jac. 5 : 17). Il connaissait des peines non seulement extérieures, mais aussi intérieures, et avait besoin d'être encouragé. Il parle de ses propres souffrances comme étant les « souffrances du Christ », car elles étaient la conséquence de son service dévoué pour son bien-aimé Seigneur (v. 5). Il endurait tout, afin que des âmes soient sauvées, ou comme il le dit ailleurs : « pour les élus, afin qu'eux aussi obtiennent le salut qui est dans le Christ Jésus, avec la gloire éternelle » (2 Tim. 2 : 10). Il serait également mieux capable de consoler les saints (v. 6). Si donc les croyants à Corinthe avaient à souffrir pour quelque motif que ce soit, ils devaient savoir que Paul souffrait avec eux, les comprenait et pouvait leur apporter une consolation divine que lui-même avait goûtée. Avec amour et confiance pour eux, il espérait que ce serait de la main de Dieu qu'ils recevraient aussi bien les souffrances que la consolation, comme lui-même et ses collaborateurs le faisaient (v. 7). Nous voyons ici s'ouvrir un cœur rempli d'un amour véritable divin afin que l'amour des Corinthiens pour Dieu et pour son fidèle serviteur soit affermi.

 
                          Tribulations (v. 8-11)

            Paul et ses compagnons s'étaient trouvés dans une situation particulièrement difficile en Asie Mineure. En 1 Corinthiens 15 : 32, l'apôtre compare les difficultés rencontrées à Ephèse à un combat « contre les bêtes », et au chapitre 16, il mentionne beaucoup d'adversaires dans cette ville (v. 8-9). Le point culminant des épreuves rencontrées là,a été sans aucun doute l'émeute suscitée par Démétrius, l'artisan en argenterie, suite à laquelle Paul partit en Macédoine (Act. 19 : 23-41). S'il s'agit effectivement de cette circonstance, nous apprenons ici seulement combien l'apôtre et ses compagnons en ont été affectés. Ils ne voyaient plus aucune issue pour leur vie (v. 8). Mais au milieu de souffrances presque insupportables, ces serviteurs du Seigneur réalisaient pour eux-mêmes, par la foi, le jugement de mort que Dieu porte sur l'homme naturel, et leur propre mort avec Christ (Gal. 2 : 19-20). Une telle conscience les amenait à regarder à Dieu qui ressuscite les morts. S'ils devaient perdre leur vie, ils perdraient effectivement la vie naturelle extérieure, mais peu leur importait, car ils étaient déjà morts avec Christ et connaissaient la puissance de Dieu en résurrection, pour une vie sans infirmité et sans péché (v. 9). Quelle foi triomphante ! Rétrospectivement, Paul pouvait constater avec reconnaissance que Dieu, qui les avait délivrés d'une si grande menace, les délivrait aussi continuellement de tous les dangers sur leur chemin ; et ces expériences de la foi, passées et présentes, les encourageaient à placer leur confiance en lui pour la suite du chemin et du service (v. 10).
            Il se tourne alors vers les Corinthiens (v. 11), parmi lesquels il y avait encore beaucoup de choses à mettre en ordre, mais ceux-ci paraissaient se trouver maintenant sur la bonne voie. Il reconnaît leur coopération dans la prière pour lui et pour ses collaborateurs, car, comme il l'ajoute, il ne pouvait exercer le don de grâce confié par le Seigneur pour la bénédiction d'autrui qu'avec le soutien des prières des saints (comp. 1 Tim. 4 : 14). Combien les Corinthiens si soucieux d'honneur ont dû être surpris, en lisant sous la plume de l'apôtre, des paroles empreintes d'une telle humilité sous la plume de l'apôtre ! Ce Paul qu'ils attaquaient, s'appuyait dans son ministère, non pas comme plusieurs d'entre eux pouvaient le penser, sur ses propres capacités et sa propre force, mais sur les supplications des saints ! En les invitant d'autre part à ne pas oublier non plus de rendre grâce pour le service des apôtres, il resserre encore les liens de la communion avec eux.
            Si le soutien des croyants par la prière avait déjà une telle importance pour Paul et son ministère, combien plus encore il en a aujourd'hui pour les serviteurs du Seigneur !

 
                          Sujet de gloire (v. 12-14)

            Pour Paul, le seul motif de gloire était sa marche dans la droiture et la grâce ; cette déclaration était destinée à ceux qui, à Corinthe, adoptaient une attitude critique envers lui. Il ne manquait certes pas de sagesse ni d'aucune capacité intellectuelle humaine, mais préférait n'en faire aucun usage (1 Cor. 2 : 1-5). Ses lettres également étaient en harmonie avec ce qu'il avait affirmé oralement et qu'ils avaient reconnu ; et il espérait que tel serait encore le cas. Ils étaient venus par son moyen à la foi au Seigneur Jésus, ce dont aussi quelques-uns parmi eux se glorifiaient quand ils disaient par exemple : « Moi, je suis de Paul » ((1 Cor. 1 : 12). Quant à Paul et à ses compagnons, ils trouvaient dans les Corinthiens un motif de se glorifier dans la perspective du jour du Seigneur Jésus (v. 14), celui de son apparition en gloire avec tous les siens. Alors, tout ce qu'il aura approuvé sera manifesté publiquement devant le monde (comp. 1 Thes. 2 : 19, 20 ; 2 Thes. 1 : 10).

 
                          Fermeté (v. 15-24)

            Dans la dernière partie du chapitre, Paul explique pourquoi il avait dû modifier ses projets alors qu'initialement s'il s'était proposé de leur rendre visite. A la fin de sa première lettre, il avait déjà communiqué aux Corinthiens son intention de se rendre auprès d'eux après avoir traversé la Macédoine (1 Cor. 16 : 5-7). Mais il avait changé d'avis. Avait-il alors fait preuve de légèreté ? Etait-il de ceux qui disent une fois : « oui, oui » puis ensuite : « non, non » ? Assurément pas, c'était par amour pour eux ; il voulait les épargner (voir v. 23). Non seulement son premier projet n'avait pas été établi à la légère, mais son intention présente n'était pas non plus conduite par des motifs charnels. La méfiance qu'aurait pu éprouver les Corinthiens était donc tout à fait infondée.
            Cependant Paul ne se justifie pas, mais souligne la fidélité de Dieu qui a permis que, comme ses messagers,Sylvain, Timothée et lui-même prêchent la vérité sans hésitation ni versatilité (v. 18). « Le Fils de Dieu, Jésus Christ... a été prêché au milieu de vous par notre moyen... il y a toujours oui en lui » (v. 19). Le Fils de Dieu est et demeure le seul fondement inébranlable. Là non plus, ce n'était pas d'abord oui, puis non, mais le oui restait toujours un oui ! Il n'y a là, Dieu soit béni, ni incertitude ni doute. L'évangile est l'absolue vérité. Les hommes peuvent en douter, mais ils ne peuvent rien contre la vérité de l'évangile.
            Mais ce n'est pas tout, car « pour toutes les promesses de Dieu, en lui est le oui et en lui l'amen » (v. 20). Dieu avait donné à Abraham des promesses inconditionnelles et au peuple d'Israël des promesses conditionnelles qui ne sont pas encore accomplies. Mais Dieu a-t-il entre-temps changé ses pensées ? Non, car par Christ et son œuvre à la croix toutes ces promesses auront leur accomplissement. Celles aussi qui ne sont mentionnées que dans le Nouveau Testament, telles que la justice de Dieu, la vie éternelle, le Saint Esprit (Rom. 3 : 21 ; 2 Tim. 1 : 1 ; Act. 1 : 4), se fondent toutes sur Christ et sur son œuvre accomplie. Paul ne manque pas de faire remarquer que les croyants sont les objets de ces conseils et de ces promesses de Dieu et qu'ils servent à sa gloire.
            Mais dans notre faiblesse et notre inconstance humaines, nous ne pourrions pas jouir des promesses inébranlables de Dieu, s'Il ne nous liait pas fermement à Christ (v. 21). Ceci s'opère par la foi donnée de Dieu dans le Seigneur Jésus Christ et son œuvre rédemptrice accomplie (comp. Col. 2 : 7). En outre, Dieu lui-même nous a donné le Saint Esprit, duquel nous sommes oints afin de recevoir l'intelligence de ses pensées (comp. Luc 4 :18 ; 1 Jean 2 : 20, 27). Dieu nous a de plus scellés du Saint Esprit, et par là confirmés comme étant sa possession ; et finalement, le Saint Esprit est, dans nos cœurs, les arrhes de Dieu pour la gloire future et l'accomplissement de toutes ses promesses (v. 22 ; comp. Eph. 1 : 13). Pourrait-il y avoir une plus grande certitude, une plus grande assurance ?
            A la fin du chapitre, Paul revient encore une fois sur la visite projetée, dont le report avait donné lieu aux mauvais soupçons de certains Corinthiens, mais qui en réalité visait à épargner les frères, parce que Paul voulait venir non pas « avec le bâton », mais « avec amour et un esprit de douceur » (comp. 1 Cor. 4 : 21 ; 2 Cor. 12 : 20-21). Le désaccord de quelques-uns vis-à-vis de Paul était si profond que l'apôtre est contraint d'en prendre Dieu à témoin. Face au désordre régnant encore dans l'assemblée, il n'aurait pu venir qu'avec les reproches les plus sérieux, s'il l'avait fait à ce moment-là (comp. 12 : 20-21). C'est pourquoi il attendait jusqu'à ce que la parole de Dieu qu'il leur avait présentée et la grâce les aient amenés au jugement d'eux-mêmes et à l'humiliation, afin de ne pas devoir exercer une quelconque autorité sur leur foi, mais de pouvoir coopérer à leur joie. Dans son amour pour les Corinthiens, il ne pouvait pas souhaiter qu'ils agissent par crainte des frères ou par complaisance, mais désirait qu'ils le fassent par la foi. C'était par la foi qu'ils étaient debout, et c'est par la foi qu'ils devaient agir. Paul ne pouvait pas se réjouir avec eux tant que ce but n’avait pas été atteint.

 
                                                                                         D'après A. Remmers
  

A suivre