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 DANIEL, LE PROPHÈTE (7a)

 
 CHAPITRE 7
 
       
La vision des trois premières bêtes  (v. 1-6)
       La quatrième bête  (v. 7-12)  
       Le royaume du Fils de l’homme  (v. 13-14)

            Avec ce chapitre, nous abordons la seconde partie du livre. La première contient les visions qu'ont eues les rois, ainsi que les actes, tant de ces rois que d'autres personnes en relation avec Daniel et ses compagnons. Daniel y apparaît comme le messager de Dieu, possédant Son esprit, pour exposer avec autorité les songes et les visions que Nebucadnetsar avait reçus. Voilà ce qui nous a occupés jusqu'ici.
            Maintenant, dans la seconde partie, nous avons les visions qui ont été données à Daniel lui-même, et leurs interprétations. Ces communications contiennent non seulement des principes généraux, mais des détails concernant à la fois le peuple de Dieu, et les Gentils qui l'opprimaient - détails historiques quoique donnés d'avance prophétiquement. On remarquera d'emblée une différence entre ces communications et les communications prophétiques ordinaires. Pour Daniel, ce n'est pas comme pour les prophètes en général, que la parole de l'Eternel vînt à lui ou qu'il parlât étant poussé par l'Esprit Saint ; mais il « vit un songe, et des visions de sa tête, sur son lit », ou comme au chapitre 8, une vision lui « apparut ». En fait, il n'était pas un messager pour le peuple de Dieu comme, par exemple, Esaïe et Jérémie ; mais, comme Jean à Patmos, il reçut des révélations touchant l'avenir pour la direction du peuple de Dieu dans tous les âges. Les visions de Daniel sont, par conséquent, comme celles de Jean, apocalyptiques dans leur nature.

 
 
La vision des trois premières bêtes
 (v. 1-6)

            La première vision se produisit « la première année de Belshatsar, roi de Babylone » (v. 1). Nous disons la première vision, bien qu'en fait trois visions soient données ici (v. 2, 7, 13) ; et outre celles-ci, nous trouvons, en réponse à la question posée par Daniel, l'interprétation dans les versets 17-27.
            L'objet de ce chapitre est surtout le quatrième empire gentil, son jugement et son remplacement par le royaume du Fils de l'homme. Les trois premiers empires ne sont introduits que brièvement, et le chapitre couvre ainsi, à un autre point de vue, le même sujet que la vision de Nebucadnetsar au chapitre 2. Les trois visions se rattachent l'une à l'autre et se complètent ; leur examen dans l'ordre selon lequel elles sont données conduira par conséquent à une meilleure compréhension. Quant à l'interprétation, elle sera abordée lorsque nous aurons saisi les visions avec leurs traits caractéristiques.
            Le sujet de la première vision était donc quatre grandes bêtes : « Daniel prit la parole et dit : Je voyais dans ma vision de nuit, et voici, les quatre vents des cieux se déchaînèrent sur la grande mer. Et quatre grandes bêtes montèrent de la mer, différentes l'une de l'autre » (v. 2, 3). La mer, une masse d'eau, signifie, comme souvent dans l'Ecriture, des peuples et des nations (voir Apoc. 17 : 1, 15) ; et dans le cas qui nous occupe, il y a un état d'anarchie et de confusion, vu que « les quatre vents des cieux se déchaînèrent sur la grande mer ». Les vents sont diverses influences perturbatrices, ordonnées de Dieu d'une manière providentielle, et en jugement, pour l'accomplissement de ses desseins dans le gouvernement de la terre. Ainsi, en Apocalypse 7, nous avons des anges qui retiennent les quatre vents de la terre, les empêchant d'accomplir leur mission judiciaire jusqu'à ce que les esclaves de Dieu aient été scellés au front. Là, ce sont les vents de la terre, parce que la terre était l'objet de leur visitation ; tandis que, en Daniel, ce sont les vents des cieux, indiquant la source de laquelle ils devaient sortir.
            C'était donc de la mer - de la masse des peuples dans un état d'agitation, sinon de confusion chaotique - que les quatre bêtes montèrent. Il n'y a cependant pas lieu de supposer qu'elles montèrent simultanément, car si elles représentent vraiment, comme personne ne saurait en douter, les mêmes quatre empires que ceux typifiés par la statue de Nebucadnetsar, elles apparaissent successivement sur la scène. De fait, cela est indiqué par Daniel au verset 6 : « Après cela, je vis, et en voici une autre... », et aussi au verset 7. Au verset 3, ce n'est qu'une constatation générale, mais elle montre que tous ces empires se manifestèrent et obtinrent chacun leur domination de la même manière : ils vinrent à l'existence comme des empires universels à une époque d'agitation révolutionnaire et furent édifiés sur les ruines d'autres royaumes. Tous sont décrits comme des bêtes, différant en cela du symbolisme de la statue de Nebucadnetsar. Dans la statue, nous avons la pensée de la détérioration graduelle de la puissance gouvernementale dans les mains des Gentils, depuis Nebucadnetsar (à qui elle avait été confiée directement par Dieu lui-même), comme la tête d'or, en descendant jusqu'au fer et à l'argile dans les jambes et les pieds. Ici, tous, bien qu'ils diffèrent dans leur caractère et peut-être dans leurs qualités respectives, sont vus sous forme de bêtes, pour montrer leurs traits moraux, car Dieu étant mis de côté, le moi, les appétits égoïstes, les buts, les motifs et les objets terrestres, la cruauté et la rapacité, caractérisent tous ces royaumes gentils. Quelle révélation, que tous les gouvernements de la terre, depuis la destruction de Jérusalem jusqu'au royaume de Christ, doivent être moralement représentés comme des « bêtes » !

                        Le lion

            La première bête, Babylone, « était comme un lion, et elle avait des ailes d'aigle. Je vis jusqu'à ce que ses ailes furent arrachées, et qu'elle fut soulevée de terre, et mise debout sur ses pieds, comme un homme ; et un cœur d'homme lui fut donné » (v. 4).
            Chacun de ces symboles - le lion et l'aigle - avait déjà été employé auparavant en rapport avec Babylone (Jér. 4 : 7 ; 49 : 19-22) ; ils parlent de majesté et de rapidité - cette rapidité de marche et de conquête qui a spécialement marqué le royaume de Nebucadnetsar. Mais le prophète fut témoin d'un changement remarquable. Les ailes de la bête furent arrachées ; elle perdit la rapidité d'exécution qui l'avait distinguée, révélant par là le déclin de l'empire entre les mains des successeurs efféminés de Nebucadnetsar. En outre, la bête perdit son attitude caractéristique ; elle fut amenée à se tenir debout comme un homme, et reçut un cœur d'homme - images de l'état de faiblesse auquel Babylone fut finalement réduite. Car si un lion est contraint à se tenir debout et que toute sa nature soit changée, il a perdu à la fois sa puissance et sa grandeur.

 
                        L’ours

            La seconde bête était « semblable à un ours, et elle se dressait sur un côté. Et elle avait trois côtes dans sa gueule, entre ses dents ; et on lui dit ainsi : Lève-toi, mange beaucoup de chair » (v. 5).
            Si Babylone est désignée par la première bête, la Perse ou plutôt le royaume médo-perse, est tout aussi clairement présenté par la seconde ; car il nous est expressément dit au chapitre 5 que cet empire a succédé à celui de Babylone et, au chapitre 8, qu'il a précédé celui de Grèce (v. 20- 21). Cette succession est d'ailleurs bien connue par l'histoire. Le symbole d'un ours indique son caractère féroce et qu'il se dresse « sur un côté » attire l'attention sur le fait que, composé à l'origine des deux royaumes des Mèdes et des Perses, l'un de ceux-ci - le dernier, sous Cyrus - obtint la supériorité, même s'il n'absorba pas l'autre. Le fait que cette bête avait trois côtes dans sa gueule, entre ses dents, et l'exhortation « Lève-toi, mange beaucoup de chair », indique évidemment les traits distinctifs de cet empire, c'est-à-dire, sa rapacité - engloutissant, dévorant, pour ainsi dire, royaume après royaume.

 
                        Le léopard
 
            La Grèce suit - l'empire grec tel qu'il fut formé par les conquêtes d'Alexandre, mais pas seulement tel qu'il fut détenu par lui, car « la bête avait quatre têtes ». De même que l'unique tête d'or symbolisait et Nebucadnetsar et sa dynastie, les successeurs d'Alexandre sont vus dans ces quatre têtes, l'empire d'Alexandre étant finalement, après sa mort, divisé en quatre royaumes, dirigés par quatre de ses généraux. Seuls deux d'entre eux subsistèrent. Les Séleucides eurent la Syrie et les Ptolémées, l'Egypte. Les deux autres royaumes, la Grèce et la Thrace, furent bientôt conquis par les Romains. Les deux premiers, la Syrie et l'Egypte, se maintinrent jusque vers 50 avant Jésus Christ.

            Les deux traits prédominants, tels qu'ils sont figurés par le léopard avec quatre ailes d'oiseau sur son dos, sont l'agilité et la rapidité d'exécution - des traits qui ont distingué d'une manière remarquable Alexandre dans ses guerres et ses conquêtes. Il n'a probablement jamais été surpassé en ce qui concerne la rapidité et l'impétuosité, et nous devrions nous souvenir que ces caractères du roi grec ont été dépeints quelque deux cents ans avant sa naissance. Comme Cyrus, par conséquent, il a été ceint pour son œuvre, bien qu'il ne connût pas Celui qui l'avait appelé à l'existence.
 
 
La quatrième bête  (v. 7-12)
 
            La quatrième bête est considérée dans une vision séparée, car, comme cela a été indiqué, c'est le quatrième royaume que l'Esprit de Dieu a spécialement en vue dans ce chapitre. De ce fait les trois premières bêtes ne sont que brièvement esquissées, en guise d'introduction et parce qu'elles couvrent, avec la quatrième, toute la période des temps des Gentils.
           
 
                        La bête romaine
 
            Daniel fut spécialement impressionné par la quatrième bête, comme le traduit le langage frappant qu'il est conduit à employer : « Après cela je vis dans les visions de la nuit, et voici une quatrième bête, effrayante et terrible et extraordinairement puissante, et elle avait de grandes dents de fer : elle dévorait et écrasait ; et ce qui restait, elle le foulait avec ses pieds. Et elle était différente de toutes les bêtes qui étaient avant elle ; et elle avait dix cornes. Je considérais les cornes, et voici une autre corne, petite, monta au milieu d'elles, et trois des premières cornes furent arrachées devant elle. Et voici, il y avait à cette corne des yeux comme des yeux d'homme, et une bouche proférant de grandes choses » (v. 7-8).

            Tous les commentateurs sont d'accord que l'Empire romain est décrit ici, quelles que soient leurs différences d'opinion quant à la période à laquelle s'appliquent certaines parties de la description. En fait, nulle autre interprétation n'est possible, car il est facile de constater que le dernier successeur au royaume d'Alexandre a été Rome. Nous n'avons toutefois pas besoin de faire maintenant plus que relever un ou deux traits de la vision que Daniel a eue de cet empire, vu que nous avons une interprétation revêtue d'autorité à la fin du chapitre.

            Le caractère dominant est donc la force, une puissance irrésistible, semant la terreur dans les cœurs des témoins de ses cruautés effroyables et impitoyables. Comme un autre l'a écrit : « La force, la rapacité n'épargnant et ne respectant rien, s'appropriant tout, en le foulant sous les pieds sans conscience, voilà ce qui caractériserait moralement la quatrième bête » (Études sur la Parole de Dieu -J.N.D. -Tome 3 p. 237).

            Remarquez aussi qu'elle était différente de toutes les bêtes qui l'avaient précédée. L'explication peut, me semble-t-il, en être trouvée dans le livre de l'Apocalypse, où nous lisons à l'égard de cette même bête, qu'elle « était semblable à un léopard, ses pattes comme celles d'un ours, et sa gueule comme une gueule d'un lion ; le Dragon lui donna sa puissance et son trône, et un grand pouvoir » (13 : 2). Cette Bête concentrait en elle toutes les formes bestiales qui avaient distingué ses trois prédécesseurs et, en outre, elle reçut son royaume dans sa forme finale, directement des mains de Satan. Nebucadnetsar avait reçu son pouvoir de Dieu ; l'Empire romain ressuscité, à la fin, acceptera sa puissance de Satan et recevra son énergie de lui. C'est l'apostasie complète dans le gouvernement humain. Comme une bête en effet, il tirera ses motifs de la terre, cherchera sur elle des objets, et dans sa volonté immodérée de s'agrandir et de satisfaire ses propres désirs et passions, exclura Dieu de tous ses desseins ; plus que cela même, faisant volte-face résolument, aussi complètement que les enfants d'Israël lorsqu'ils adorèrent le veau d'or, il deviendra le serviteur et l'esclave volontaire de Satan. Telle sera l'issue de tout le progrès et des lumières tant vantées ainsi que de toute la science politique de ce siècle. Cela se manifestera, en ce qui concerne les puissances dirigeantes, par la mise de côté de Dieu et l'exaltation, à sa place, de Satan !

            Il est également important de remarquer que dans cette vision du quatrième empire, Daniel le voit comme un tout - c'est-à-dire de son début jusqu'à la fin. Réservant les autres remarques à ce sujet pour la fin du chapitre, nous ajouterons simplement que la preuve en est dans la mention des dix cornes et dans l'apparition d'une autre petite corne d'une puissance remarquable, et caractérisée par son intelligence et son langage ; enfin dans le fait que la destruction finale de cette quatrième bête est suivie par l'introduction du royaume du Fils de l'homme.
 
 
                        Les trônes et l’Ancien des jours
 
            Daniel poursuit ainsi le récit de ce qu'il a vu dans ses visions de la nuit. « Je vis jusqu'à ce que les trônes furent placés, et que l'Ancien des jours s'assit. Son vêtement était blanc comme la neige, et les cheveux de sa tête, comme de la laine pure ; son trône était des flammes de feu ; les roues du trône, un feu brûlant. Un fleuve de feu coulait et sortait de devant lui. Mille milliers le servaient, et des myriades de myriades se tenaient devant lui. Le jugement s'assit, et les livres furent ouverts » (v. 9-10).

            Que l'Ancien des jours soit le Dieu éternel est incontestable ; et il est aussi évident, tant d'après le verset 22 que selon Apocalypse 1, que le Fils de l'homme est l'Ancien des jours, le Dieu éternel. Tout le jugement lui a été donné parce qu'il est Fils de l'homme ; et il est clairement établi dans la scène placée devant nous que c'est une session de jugement - non pas la séance de jugement du grand trône blanc d'Apocalypse 20, mais une session pour le jugement des vivants (car il jugera les vivants aussi bien que les morts) préalable à l'établissement de son royaume (v. 14).

            Le trône était des flammes de feu ; ses roues, un feu brûlant, et un fleuve de feu sortait de devant lui ; car le feu est toujours dans l'Ecriture un symbole de la sainteté de Dieu, appliquée en jugement. Les myriades d'anges aussi qui servent et se tiennent devant Lui, mènent à la même conclusion. Nous voyons également ce trône en Matthieu, en relation avec le jugement des nations : « Quand le Fils de l'homme viendra dans sa gloire, et tous les anges avec lui, alors il s'assiéra sur son trône de gloire » (Matt.  25 : 31). Les trônes - non pas le trône de la fin du verset 9 qui est celui de l'Ancien des jours, mais les trônes du début du verset - sont ceux que nous avons en Apocalypse 20 : « Et je vis des trônes - et ils s'y assirent, et le jugement leur fut donné » (v. 4). Ce sont les trônes occupés par les saints, les armées du ciel qui suivront Christ lorsqu'il sortira pour le jugement décrit dans notre chapitre (Apoc. 19 : 11-21). C'est ainsi que l'apôtre pouvait écrire aux Corinthiens : « Ne savez-vous pas que les saints jugeront le monde ? » (1 Cor. 6 : 2). Ils seront associés à Christ dans le jugement des vivants, et de ce fait, Daniel vit des trônes outre celui de flammes de feu sur lequel le Juge lui-même était assis. Il convient de remarquer que Daniel ne vit que les trônes eux-mêmes, tandis que Jean les vit occupés par ceux qui sortirent des cieux à la suite de Christ (Apoc. 20).
 

                        Le jugement de la bête

            Le motif du jugement, tel qu'il fut révélé au prophète, est donné dans le verset suivant : « Je vis alors, à cause de la voix des grandes paroles que la corne proférait, - je vis jusqu'à ce que la bête fut tuée ; et son corps fut détruit et elle fut livrée pour être brûlée au feu » (v. 11).
            Le motif était donc les « grandes paroles que la corne proférait ». En Apocalypse 13, il est dit de la Bête : « Il lui fut donné une bouche qui proférait des paroles violentes et des blasphèmes... Elle ouvrit sa bouche en blasphèmes contre Dieu, pour blasphémer son nom, son habitation, et ceux qui habitent dans le ciel » (v. 5-6), et ce fut à cause de ces blasphèmes que l'Ancien des jours vint et s'assit pour le jugement sur son trône de feu. Par ces actes audacieux de défi contre Dieu, la coupe de son iniquité a été remplie jusqu'à déborder et un jugement rapide et sûr vint sur elle : la bête fut tuée et son corps livré au feu éternel (comp. Apoc. 19 : 19-21).
            Suit la constatation générale : « Quant aux autres bêtes, la domination leur fut ôtée ; mais une prolongation de vie leur fut donnée, jusqu'à une saison et un temps » (v. 12). Il ne faut pas voir là la suite directe de ce qui précède. Les quatre bêtes ont d'abord été présentées à Daniel et, maintenant, après avoir montré le jugement de la dernière, la vision revient en arrière pour nous dire ce qui avait été fait des trois premières bêtes, non pas à cette session de jugement, mais précédemment, dans les voies judiciaires de Dieu dans son gouvernement providentiel. La domination et la vie de la dernière bête furent ôtées en un même moment. Il n'en fut pas ainsi de Babylone, de la Perse et de la Grèce : Babylone a continué à exister longtemps après son assujettissement par les Mèdes et les Perses ; la Perse, dépouillée de sa gloire précédente, subsiste jusqu'à aujourd'hui ; et quant à la Grèce, elle forme à nouveau de nos jours un état indépendant. Les vies de ces empires ont ainsi été prolongées « jusqu'à une saison et un temps » ; mais lorsque l'Empire romain, après être ressuscité à l'étonnement de tous ceux qui le verront, sera finalement jugé, tant lui que son chef disparaîtront pour toujours.

 
 
Le royaume du Fils de l’homme  (v. 13-14)

            Après le jugement de la quatrième bête, nous avons la vision du royaume qui ne passera jamais : « Je voyais dans les visions de la nuit, et voici, quelqu'un comme un fils d'homme vint avec les nuées des cieux, et il avança jusqu'à l'Ancien des jours, et on le fit approcher de lui. Et on lui donna la domination, et l'honneur, et la royauté, pour que tous les peuples, les peuplades et les langues, le servent. Sa domination est une domination éternelle, qui ne passera pas, et son royaume, un royaume qui ne sera pas détruit » (v. 13-14).

 
                        L’Ancien des jours, distingué du Fils de l’homme

            L'Ancien des jours, comme nous l'avons déjà vu, est le Fils de l'homme ; mais dans cette vision, l'un est distingué de l'autre. Il en est souvent ainsi dans les Psaumes. Le Messie est l'Eternel ; et pourtant au Psaume 110, l'Eternel dit au Seigneur : « Assieds-toi à ma droite, jusqu'à ce que je mette tes ennemis pour le marchepied de tes pieds » (v. 1). C'est le mystère des Personnes divines. Dans la vision de Daniel, elles sont distinguées parce que, comme Fils de l'homme, notre Seigneur reçoit tout de Dieu. Aussi, après qu'Il a été amené à l'Ancien des jours, il est dit : « On lui donna la domination ». Cela montre clairement, tant par son titre, Fils de l'homme, que par le fait qu'Il reçoit la domination, que ce que nous avons ici, c'est sa domination universelle, étendue à toute la terre, qu'Il établira après son apparition en gloire. C'est, en un mot, l'accomplissement du Psaume 8, toutes choses étant mises sous ses pieds. Par conséquent, cette vision est en relation directe avec le verset 11 et l'ordre des événements sera : d'abord la venue de Christ en gloire avec ses saints ; puis son jugement sur la Bête ; après cela, bien que la chose ne soit pas spécifiquement mentionnée ici, l'établissement de son trône en Sion ; et enfin, la verge de la force de l'Eternel sera envoyée de ce centre (voir Ps. 110) et soumettra tous les peuples, nations et langues, afin qu'ils servent Celui qui est à la fois le Christ et le Fils de l'homme.
            Nous verrons quelques-uns des traits de ce royaume glorieux dans l'interprétation de la vision ; mais avant de les considérer, il convient de remarquer l'effet produit sur Daniel par ce qu'il avait vu.

                        L’effet des visions sur l’esprit de Daniel

            « Moi, Daniel, je fus troublé dans mon esprit au dedans de mon corps, et les visions de ma tête m'effrayèrent » (v. 15).
            Divinement enseigné, Daniel a été rendu capable d'expliquer les songes et les visions de Nebucadnetsar, mais il n'a pu comprendre les siens propres. Personne ne connaît les choses de Dieu... si ce n'est l'Esprit de Dieu (1 Cor. 2 : 11) ; et ainsi, à moins qu'il ne Lui plaise de communiquer la signification d'une révélation divine, celle-ci ne pourra jamais être comprise. Daniel, par conséquent, était aussi dépendant de Dieu pour l'interprétation de sa propre vision qu'il l'avait été pour celle de Nebucadnetsar. Il faut cependant rappeler que Dieu n'envoie jamais de messages d'aucune sorte, apocalyptique ou autre, sans donner un moyen de les faire comprendre. Tant pour Nebucadnetsar que pour Belshatsar, les explications étaient à portée de main ; et c'est le cas pour Daniel dans ce chapitre.
            Pourquoi le prophète fut-il troublé et effrayé ? En tant que Juif pieux, il attendait la venue du Messie, avec son règne de paix, de prospérité et de bénédiction ; mais maintenant l'Esprit de Dieu avait ouvert devant son âme la vue de l'avenir. Bien que presque tout dût nécessairement être mystérieux pour lui, il ne pouvait pas ne pas percevoir qu'un long chemin de douleur devrait être parcouru par son peuple avant que soit atteint l'aboutissement après lequel il languissait.
            Il était par conséquent accablé et désirait recevoir de « l'un de ceux qui se tenaient là », « la vérité touchant tout cela ». Il n'est pas révélé qui étaient ceux qui se tenaient là : selon le caractère du livre, c'étaient probablement des anges. Celui à qui Daniel s'adressa répondit aussitôt à sa question : « et il me l'a dit, et me fit savoir l'interprétation des choses » (v. 16).

 
 
                                                                                     D’après E. Dennett
 
A suivre