bible-notes.org

Imprimer ou partager la page :

LES PARABOLES DE L’EVANGILE DE LUC (4)


LE  FIGUIER  STERILE  (Luc 13 : 6-9)

        
Le figuier, une image du peuple d’Israël
         Un dialogue divin
         Une dernière manifestation de patience
      


            Le paragraphe qui précède la parabole du « figuier stérile » relate la mort des Galiléens assassinés par Pilate et celle de dix-huit hommes ensevelis sous l’éboulement de la tour de Siloé. Pour les Juifs, ces morts étaient un signe évident du déplaisir de Dieu envers eux et de son jugement parce qu’ils auraient été plus mauvais que les autres. Les disciples raisonnaient de la même manière devant l’aveugle de naissance (Jean 9 : 2).
            Le Seigneur rectifie cette mauvaise manière de penser. Ces Galiléens et ces dix-huit victimes n’étaient pas plus mauvais que les autres ; tous les habitants de Jérusalem étaient aussi coupables qu’eux. Tous devaient se repentir et recevoir le Seigneur Jésus par la foi, sinon le jugement de Dieu les atteindrait pareillement. « Si vous ne vous repentez pas, vous périrez tous pareillement » (v. 5).
            Cet avertissement vaut pour la nation juive, comme pour chaque homme en particulier. Le jugement comporte deux aspects : temporel et éternel (voir la parabole du « roi qui fit un festin de noces pour son fils » en Matthieu 22).

            Le Seigneur Jésus approfondit cet enseignement avec la parabole du « figuier stérile » (v. 6-9).


                        Le figuier, une image du peuple d’Israël

            « Il disait encore cette parabole : Quelqu’un avait un figuier planté dans sa vigne ; il vint y chercher du fruit, et n’en trouva pas » (v. 6).

            Le « figuier » est une image du résidu juif revenu de Babylone après la déportation de 70 ans sous Nebucadnetsar. Dieu, dans sa grâce, l’avait ramené dans le pays de la promesse, et attendait dès lors du fruit de sa part ; mais il n’en portait aucun. Un beau feuillage laisse espérer de bons fruits, c’est pourquoi le figuier est une image de la « profession » religieuse. Les Juifs étaient comme un figuier avec un « feuillage » abondant, ils avaient de hautes revendications, comme celle d’être le peuple élu de Dieu ; mais il n’y avait aucun fruit pour Dieu. En contraste, le Seigneur Jésus, dans son service pour son Dieu et Père sur la terre, a parfaitement illustré ce verset : « Il sera comme un arbre planté près des ruisseaux d’eaux, qui rend son fruit en sa saison, et dont la feuille ne se flétrit point ; et tout ce qu’il fait prospère » (Ps. 1 : 3). Le fruit pour Dieu et la profession devant les hommes allaient de pair chez Lui, dans une harmonie parfaite.
            Le propriétaire de la vigne est une figure de Dieu le Père qui cherchait du fruit de sa vigne.
            Le vigneron représente le Seigneur Jésus pendant les trois années de son ministère. Il avait fait tout ce qui était possible pour amener le figuier à porter du fruit ; mais tout avait été vain. « J’ai travaillé en vain, j’ai consumé ma force pour le néant » (Es. 49 : 4). Ce côté du service de notre Seigneur nous est moins connu ; mais nous sommes conduits à l’adorer en pensant combien il s’est fatigué pour le « figuier » qui appartenait à son Dieu et Père, et en voyant quelle réponse lui a été donnée. Cela n’a-t-il pas été douloureux pour Lui ? Les hommes de Juda étaient « la plante de ses délices. Et il s’attendait au juste jugement, et voici l’effusion de sang, - à la justice, et voici un cri ! » (Es. 5 : 7).
 

                        Un dialogue divin
 
            « Il dit au vigneron : Voici trois ans que je viens chercher du fruit sur ce figuier, et je n’en trouve pas : coupe-le. Pourquoi occupe-t-il inutilement la terre ? Mais le vigneron lui répondit : Maître, laisse-le encore cette année, jusqu’à ce que je l’aie déchaussé et que j’y aie mis du fumier ; peut-être portera-t-il du fruit, sinon alors tu le couperas » (v. 7-9).
 
            La Parole relate différents dialogues entre les personnes de la Déité :
                    - Gen. 1 : 26 : « Faisons (pluriel) l’homme à notre image, selon notre ressemblance ».
                    - Gen. 3 : 22 : « Voici, l’homme est devenu comme l’un de nous, pour connaître le bien et le mal ; et maintenant… ».
                    - Matt.11 : 25 ; Luc 10 : 21
                    - Jean 17
                    - Héb. 10 : 5

            Dans notre courte parabole, c’est un dialogue entre le Père et le Fils, où le Seigneur Jésus se fait connaître comme un intercesseur plaidant pour le coupable. Le propriétaire suggère de couper l’arbre stérile tandis que le vigneron insiste pour surseoir. Il n’y a en réalité aucune discordance entre les deux ; le propriétaire est tout de suite d’accord pour accorder une chance supplémentaire au figuier et le vigneron approuvera l’abattage final de l’arbre.
             La colère et la miséricorde sont des traits essentiels de Dieu qui ne se neutralisent pas l’un l’autre. Il y a une harmonie merveilleuse entre les deux interlocuteurs. Le cœur du Père aime le Fils, et le Fils est la parfaite expression du Père (Jean 14 : 7-10). Sa parole est celle du Père, aussi bien quand elle s’adresse à Israël, au monde ou à l’Eglise. D’un côté le Fils est courroucé contre le péché comme le Père (Marc 3 : 5 ; Jean 3 : 36). D’un autre côté, Dieu a tellement aimé le monde qu’il a envoyé son Fils unique, mais c’était aussi l’expression de l’amour du Fils de venir dans le monde (Jean 3 : 16, 19 ; 6 : 38). Et il est venu pour faire la volonté de son Père.
            La parabole montre le Seigneur comme un serviteur qui se soucie de la vigne du maître : il s’adresse au propriétaire en disant « Maître ». Il est autant intéressé à l’arbre que le propriétaire lui-même.
            Nous trouvons en type la même harmonie entre Abraham et Isaac en chemin vers la montagne de Morija, illustrant le chemin qui conduisait le Fils à la croix : « ils allaient les deux ensemble » (Gen. 22 : 8). Pourtant c’est là que, par son sacrifice pour le péché, il a apaisé la colère de Dieu contre le péché, et il est maintenant « la propitiation pour nos péchés, et non pas seulement pour les nôtres, mais aussi pour le monde entier » (1 Jean 2 : 2). Rappelons que la propitiation n’est pas la même chose que le pardon. La propitiation a eu lieu pour tous les hommes, de sorte que tout pécheur peut maintenant venir à Dieu en confessant sa faute. La rançon suffit « pour tous ». Quant au pardon, ou rémission des péchés, seuls ceux qui ont effectivement cru au Seigneur Jésus Christ la reçoivent (Act. 10 : 43).
            Oui, Jésus est le seul médiateur entre Dieu et les hommes, l’homme Christ Jésus, qui s’est donné Lui-même en rançon pour tous (1 Tim. 2 : 5-6).
 
            La question du propriétaire : « Pourquoi occupe-t-il inutilement la terre ? » nous fait connaître un autre côté de la vérité. Non seulement aucun fruit n’est produit, mais, de plus, cet arbre stérile empêche le propriétaire de planter ou cultiver autre chose à sa place. Si quelqu’un dédaigne la grâce de Dieu et la position privilégiée qu’elle lui confère, il est un obstacle pour d’autres sur leur chemin ; il occulte - pour ce qui concerne du témoignage extérieur - la révélation de la grâce de Dieu. Dieu se voit obligé, tôt ou tard, de l’ôter par le jugement, ou au moins de le mettre de côté, pour offrir sa grâce à d’autres qui porteront du fruit à sa place. Telles sont les voies de Dieu envers les hommes.
            L’exemple de Judas Iscariote explique ce principe. Tous les efforts de l’amour du Seigneur envers lui sont restés vains ; c’est pourquoi sa demeure devait rester déserte, et sa charge de surveillant confiée à un autre (Act. 1 : 20, 25).
            C’est le cas d’Israël, comme nous le trouvons dans cette parabole et dans celle des « méchants cultivateurs » : « Il fera périr misérablement ces méchants et louera sa vigne à d’autres cultivateurs, qui lui remettront les fruits en leur saison » (Matt. 21 : 41).

 
                        Une dernière manifestation de patience

            « Maître, laisse-le encore cette année, jusqu’à ce que je l’aie déchaussé et que j’y aie mis du fumier ; peut-être portera-t-il du fruit, sinon alors tu le couperas » (Luc 13 : 7-9).

            L’intercession du vigneron nous rappelle la prière de Jésus à la croix : « Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font » (Luc 23 : 34).
            L’expression « encore cette année » embrasse tout l’intervalle de temps entre la descente du Saint Esprit en Actes 2 et la lapidation d’Etienne en Actes 7. Le Saint Esprit a opéré par les douze apôtres et par Etienne parmi le peuple juif d’une manière remarquable avec un message renouvelé de la grâce. C’était toujours l’activité du « vigneron » - mais Lui étant au ciel pour l’exercer - une activité intense suggérée par les actions de « mettre du fumier » et de « déchausser ». Nous retrouvons cette deuxième offre de la grâce dans la parabole du « roi qui fit un festin de noces pour son fils » : « Il envoya encore d’autres esclaves… » (Matt. 22 : 4).
            Bien que la parabole n’en dise rien, nous savons que la nation juive n’a pas produit plus de fruit que pendant les trois années où Christ était parmi eux. Et c’est ainsi que le figuier a été effectivement coupé (non déraciné). Aujourd’hui, ce peuple, en tant que témoin de Dieu, a perdu sa place sur la terre. Jean le baptiseur l’avait déjà prédit : « Déjà la cognée est mise à la racine des arbres ; tout arbre donc qui ne produit pas de bon fruit est coupé et jeté au feu » (Matt. 3 : 10). En Romains 11, nous apprenons par la figure semblable de l’olivier, que l’arrachage d’une branche n’est pas définitif. Les branches naturelles seront greffées de nouveau sur leur propre olivier (v. 24). Un résidu d’Israël fleurira à nouveau, et sera pour Dieu un champ fertile en fruits (Es. 32 : 15).C’est pourquoi il est si important que le figuier ne soit pas déraciné, mais simplement coupé. Les racines sont encore dans la terre. Dans le livre de Job, il y a un passage très précieux à cet égard : « Car il y a de l’espoir pour un arbre : s’il est coupé, il repoussera encore, et ses rejetons ne cesseront pas. Si sa racine vieillit dans la terre, et si son tronc meurt dans la poussière, à l’odeur de l’eau il poussera, et il fera des branches comme un jeune plant » (Job 14 : 7-9).
            Cela fournit l’occasion d’une dernière remarque : la parabole du figuier stérile de Luc 13 précède chronologiquement la parabole du « figuier portant des feuilles » de Matthieu (24 : 32-33). Il s’agit en fait d’une double parabole, celle de Matthieu faisant suite à celle de Luc. Lors de sa première venue, le Seigneur n’a trouvé aucun fruit en Israël. Mais avant qu’Il revienne pour la deuxième fois, le « figuier » présentera des marques d’un retour de la vie, et ce sera de nouveau le signe que l’été est proche (comparer Luc 21 : 29-31). Alors, le Seigneur, le vrai « vigneron » trouvera finalement le fruit auquel lui et son Père aspiraient. La parole du prophète Esaïe s’accomplira : « Dorénavant Jacob prendra racine, Israël fleurira et poussera, et remplira de fruits la face du monde » (27 : 6).
            Quelle fin merveilleuse des voies de Dieu envers ce peuple ! « Que ses jugements sont insondables et ses voies indiscernables » ! (Rom. 11 : 33).



                                                             D’après Ch. Briem
A suivre