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LA PREMIERE EPITRE AUX CORINTHIENS (14)

 
 
CHAPITRE 14
 
           
L'Esprit de sobre bon sens (14 : 1-40)

                          L'exercice des dons dans les réunions
 
            En 2 Timothée 1 : 7, l'apôtre Paul rappelle à Timothée que « Dieu ne nous a pas donné un esprit de crainte, mais de puissance, et d'amour, et de sobre bon sens ». Si nous voyons, dans la description des dons de grâce en 1 Corinthiens 12, l'esprit de puissance et, au chapitre 13, l'esprit d'amour, nous trouvons dans le chapitre 14, l'esprit de sobre bon sens. Les Corinthiens ne manquaient certes d'aucun don de grâce (1 : 7), mais ils se comportaient avec ces richesses spirituelles - et particulièrement avec le don du parler en langues - comme des enfants avec un nouveau jouet. Paul attire maintenant leur attention sur le but des dons, qui est l'édification de l'Assemblée, et non leur propre satisfaction.
            Edification signifie construction spirituelle ou, en d'autres termes, aide à la croissance dans la vie de la foi. En 1 Pierre 2 par exemple, l'Assemblée est vue comme le temple de Dieu, édifié extérieurement par l'adjonction de pierres vivantes ; et en Ephésiens 4, elle croît, comme corps de Christ, « de l'intérieur » par le ministère des dons. Une vraie édification met toujours le Seigneur Jésus au centre ! Tout doit procéder de Lui et conduire à Lui.

            Il ressort bien de la fréquente mention des termes « édification » et « assemblée » dans ce chapitre qu'il s'agit effectivement des rassemblements des croyants pour l'édification (édifier - édification : v. 3, 4, 5, 12, 17, 26 ; assemblée : v. 4, 5, 12, 19, 23, 28, 33, 34, 35).

            En lisant ce chapitre, on peut se demander pourquoi, justement dans ce contexte, le Saint Esprit n'est pas mentionné une seule fois. Cependant, en étudiant d'autres passages tels que Romains 8 : 14, Galates 5 : 18 et Jean 16 : 13, nous voyons que le Saint Esprit est Celui qui conduit, non seulement dans les réunions mais dans toute notre vie, en particulier si les sujets dont nous sommes occupés dans la présence du Seigneur, Lui étant au milieu de nous, sont sur un niveau plus élevé que les circonstances de la vie journalière. Paul dit aux Philippiens : « ...nous qui rendons culte par l'Esprit de Dieu, qui nous glorifions dans le Christ Jésus et qui n'avons pas confiance en la chair » (3 : 3).

            Visiblement, le don du parler en langues avait spécialement plu aux Corinthiens. Le Seigneur Jésus avait déjà annoncé à l'avance ce don à ses disciples (Marc 16 : 17). Il a été exercé pour la première fois à Jérusalem, en Actes 2, puis à Césarée (Act. 10) et à Éphèse (Act. 19). Ce don-signe conduisait des croyants à s'exprimer dans des langues étrangères qu'ils n'avaient pas apprises, mais dont ils recevaient la maîtrise par la puissance du Saint Esprit qui habitait en eux. En Actes 2, nous apprenons qu'ainsi « les choses magnifiques de Dieu » étaient annoncées. Cela suscitait l'admiration parmi les auditeurs juifs. 1 Corinthiens 14 : 22 nous apprend que le don de grâce du parler en langues a été donné comme signe pour les incrédules, et qu'il pouvait également être le moyen de prononcer des mystères. L'apôtre Paul possédait lui aussi ce don de grâce. Ceux qui parlaient ainsi ne comprenaient en général pas le sens de ce qu'ils disaient (comp. v. 14). Le but premier de ce don était donc non pas l'édification des croyants, mais la manifestation de la puissance de Dieu dans les siens, vis-à-vis des incrédules, particulièrement des Juifs. Comme il s'agissait d'un don de Dieu, il pouvait s'exercer au milieu de l'assemblée si un interprète était présent, pour traduire et expliquer ce qui avait été dit. Mais les Corinthiens ne tenaient aucun compte de cela et parlaient en langues dans les réunions, même en l'absence d'un interprète. Cela ne produisait aucune édification, mais au contraire amenait de la confusion. C'est pourquoi Paul expose ce sujet d'une manière si détaillée dans le chapitre 14.

            Il est souvent fait une distinction entre le parler en langues dans les Actes et dans la première épître aux Corinthiens. Il n'y a pourtant aucune raison à cela. Il s'agit toujours des mêmes mots, et donc de la même chose, qu'en Marc 16 : 17 déjà. Tandis que le livre des Actes ne fait qu'un exposé des faits du parler en langues, dans la première épître aux Corinthiens, Paul présente les caractères de ce don de grâce, et met en garde contre son usage dans les réunions des croyants, s'il ne peut pas être en même temps interprété. Tout comme les dons de guérison, le parler en langues était un don-signe, que Dieu a donné, au début de l'ère chrétienne, pour manifester sa puissance (comp. 13 : 8).
 
 
                        Prophétie et parler en langues (v. 1-6)

            Après avoir exhorté, à la fin du chapitre 12, à désirer les dons de grâce plus grands, mais aussi annoncé « un chemin bien plus excellent », Paul a présenté aux Corinthiens, dans le chapitre 13, l'amour divin comme mobile de toute action. Il leur rappelle maintenant encore une fois de poursuivre cet amour. En même temps, il les exhorte à nouveau à rechercher les dons spirituels. A cette occasion, il leur présente la prophétie comme étant le don le plus digne d'être recherché. Il en donne le motif dans les versets suivants.
            Comme nous l'avons déjà vu, les Corinthiens étaient très séduits par le don des langues qui, pensaient-ils, les valorisait, et ils l'exerçaient sans doute abondamment dans leurs réunions. Cependant, celui qui parle en langues, sans qu'il y ait traduction, n'apporte rien aux auditeurs. Dieu seul, qui a donné ce don, comprend ce qui est dit. « En esprit », c'est-à-dire dans sa conscience spirituelle remplie du Saint Esprit (conscience qui, selon les déclarations des versets 14 et 15, est distinguée de l'intelligence, c'est-à-dire des capacités intellectuelles humaines), il prononce des mystères que personne - peut-être même pas lui - ne comprend. Dans de telles circonstances, il ne peut pas être question d'édification pour l'assemblée !
            Au contraire, celui qui prophétisait édifiait les personnes présentes (v. 3). Dans les Saintes Ecritures, la prophétie n'est absolument pas limitée à l'annonce d'événements futurs. Tant le mot hébreu « nabi » dans l'Ancien Testament, que le mot grec « prophétés », signifient à l'origine « celui qui annonce » (le message divin). Des prophètes tels qu'Elie et Elisée, mais aussi Jonas, Aggée et Malachie ont peu annoncé l'avenir ; cependant ils ont parlé comme les messagers de Dieu à son peuple. Par le ministère prophétique, les pensées de Dieu sont présentées d'une manière si pressante que la conscience et le cœur sont amenés dans sa lumière. Pour cela, il est toutefois nécessaire que le serviteur se trouve dans une étroite communion avec Dieu afin de pouvoir transmettre ses pensées. Parler ainsi dans la présence de Dieu, « comme sa bouche » en quelque sorte, rend le ministère prophétique grand et digne d'être recherché. Le résultat en sera toujours l'édification, l'exhortation ou l'encouragement et la consolation.
            En parlant dans une langue qu'aucun des auditeurs ne comprend, le prédicateur peut tout au plus être lui-même parfois édifié (v. 4). On pourrait en déduire que lui au moins comprend ce qu'il dit. Cela pourrait toutefois aussi vouloir dire qu'il est édifié dans son esprit uniquement par la conscience qu'il exerce un don que Dieu lui a donné. Mais ceci peut-il être le but de l'action dans une assemblée ? Jamais ! En revanche, l'assemblée reçoit l'édification nécessaire lorsqu'un frère prophétise sous la direction du Saint Esprit.
            Quand Paul souhaite que tous les Corinthiens parlent en langues (v. 5), ce n'est pas en contradiction avec ce qui vient d'être dit. Nous ne devons pas oublier qu'il s'agissait d'un don de grâce de Dieu. Toutefois le souhait qu'il exprime ensuite montre qu'il est plus important d'exercer dans l'assemblée le don de prophétie, car il ressort de ce qu'il vient de dire de ces deux dons, que la communication des pensées et de la volonté de Dieu est préférable pour les auditeurs au parler en une langue qu'ils ne peuvent pas comprendre. Ce n'est que lorsqu'une traduction de la langue suit, que l'assemblée reçoit l'édification nécessaire.
            Même si nous ne connaissons plus actuellement le parler en langues, ce passage contient pour nous une instruction importante. L'exercice des dons de grâce a pour but l'édification de l'assemblée, ce qui cependant ne peut être obtenu que si la parole présentée est compréhensible, aussi bien au niveau de l'ouïe qu'en ce qui concerne le contenu. Ce n'était pas le cas pour le parler en langues, mais il en était bien ainsi lorsque l'orateur présentait au cœur des auditeurs une révélation de la part de Dieu, la connaissance de ses pensées, une prophétie ou la doctrine de sa Parole (v. 6). Il était - et il demeure - important que la parole exprimée puisse aussi être comprise.

                        La nécessité de l'intelligibilité (v. 7-25)

            Paul développe maintenant la pensée simple mais importante que ce qui est dit doit être intelligible, et il l'explique d'abord dans les versets 7 à 11, par trois exemples.
            Premièrement, il prend l'image d'instruments de musique tels que la flûte et la harpe. On reconnaît une mélodie à l'enchaînement de certaines notes et une belle mélodie à l'harmonie de celles-ci. Mais ceci n'est pas possible si l'on fait retentir toujours le même son, ou si l'instrument est manœuvré de manière arbitraire.
            Tout soldat connaissait autrefois la sonnerie de trompette pour le combat. Si donc le son de la trompette était entendu, mais sans qu'il soit possible de distinguer le signal connu, personne ne se préparerait au combat. Il en était de même lorsque les Corinthiens parlaient des langues que personne ne connaissait. Ils parlaient en l'air (v. 9).
            Comme troisième exemple, Paul mentionne la multiplicité des voix dans la nature. Les cris d’animaux et les langues des hommes ont tous un son distinct et peuvent être aussitôt identifiés et classés par un connaisseur. Mais si l'on ne connaît pas les sons et les paroles d'une langue, aucune communication n'est possible. Celui qui écoute ne peut pas comprendre ce qu'il entend, et malgré tous ses efforts, celui qui parle ne peut pas se faire comprendre. Les Grecs appelaient à l'origine « barbares » tous ceux qui n'étaient pas grecs et dont le langage leur était inintelligible.
            Partant de ces exemples, Paul continue son enseignement : « De même vous aussi, puisque vous désirez avec ardeur des dons de l'Esprit, cherchez à en être abondamment doués pour l'édification de l'assemblée » (v. 12). Après les versets 4 et 5, l'édification de l'assemblée est mentionnée ici pour la troisième fois déjà comme but du service. Paul ne condamne pas la tendance des Corinthiens à rechercher les diverses opérations de l'Esprit Saint, mais il les exhorte à ne pas perdre de vue ce but unique. Ils devaient même tout mettre en œuvre pour en être « abondamment doués ». Quel résultat n'y aurait-il pas eu à Corinthe - et encore maintenant - si chaque frère venait aux réunions animé d'un tel désir ! Seul l'amour pour le Seigneur et pour les siens peut produire une telle disposition de cœur. Mais aussitôt qu'entrent en jeu la recherche de la gloire personnelle, le désir de briller ou de se mettre en avant, l'édification des frères et sœurs en souffrira.
            Si quelqu'un avait le don de parler en langues, il devait prier pour être en mesure de traduire (v. 13). Celui qui priait ne comprenait pas toujours lui-même le sens de ses propres paroles (v. 14). Si même Paul avait admis, au verset 4, que celui qui parlait s'édifiait lui-même, il constate maintenant que son intelligence restait cependant « sans fruit ». Au verset 14, « esprit » désigne la conscience spirituelle de celui qui est né de nouveau, et « intelligence », ses capacités de raisonnements. Ni l'un ni l'autre de ces aspects ne devaient être exclus, car tous deux sont nécessaires pour l'édification spirituelle. Par son esprit, le croyant est en relation avec Dieu, et par son intelligence, il doit assimiler tout ce qui est dit. Si quelqu'un priait ou chantait une hymne en langue, sa conscience spirituelle (son « esprit ») était bien active, mais comme il ne pouvait pas souvent comprendre ses propres paroles, son intelligence dans les choses spirituelles n'était pas stimulée. Non, dit l'apôtre, je veux prier et chanter non pas seulement avec l'esprit, mais aussi avec l'intelligence (v. 15).
            Les versets 14 à 17 montrent que les cantiques et les prières contribuent aussi à l'édification de l'assemblée. L'édification spirituelle de ceux qui sont assemblés doit être produite non seulement lorsqu'un bon enseignement puisé dans la Parole de Dieu est dispensé, ou que le ministère prophétique place les cœurs dans sa lumière, mais aussi lorsque nous nous adressons ensemble à Dieu par des cantiques et des prières ou dans l'adoration (comp. Col. 3 : 16). Mais comment les frères et sœurs pourraient-ils ajouter leur « amen » - signifiant « en vérité, certainement » - à une action de grâces s'ils ne savent pas ce qui a été dit (v. 16) ? Ici, « les hommes simples » sont ceux qui ne peuvent pas comprendre la langue utilisée dans la prière. Dans le verset 17, il est clairement exprimé que la prière doit aussi produire l'édification. Le contenu d'une prière en langue peut être bon, et pourtant les auditeurs n’en reçoivent aucune édification. Nous pouvons déduire de ce contexte que les premiers chrétiens avaient l'habitude, à la fin d'une prière, de dire distinctement « Amen ». Déjà dans l'Ancien Testament, Dieu avait établi cette marque d'approbation et d'identification (voir Rom. 15 : 33 ; 16 : 24-27 ; Deut 27 : 15-26).
            Paul possédait lui aussi le don des langues et l'exerçait souvent, semble-t-il (v. 18). Il lui avait été donné par Dieu. Mais dans une réunion de chrétiens, il préférait prononcer cinq paroles avec son intelligence, afin que les autres soient enseignés, plutôt que dix mille paroles dans une langue que personne ne comprenait (v. 19). Tout frère qui désire se laisser employer par le Seigneur en public doit se demander - et il s'agit là d'une « question d'intelligence » - si ce qu'il dit peut être compris des auditeurs. Le Seigneur Jésus en est l'exemple parfait, lui qui présentait la Parole de Dieu aux hommes « selon ce qu’ils pouvaient comprendre » (Marc 4 : 33). Les Corinthiens n'avaient pas encore saisi ce principe simple, malgré l'abondance de leurs dons de grâce.
            C'est pourquoi Paul doit les exhorter à se montrer « intelligents ». Il ne le fait pas avec hauteur, mais par un appel à leur cœur en les nommant d'abord « frères » (v. 20). Mais il doit ensuite les engager, eux qui se comportaient comme des enfants quant à l'appréciation et l'exercice des dons, à devenir à cet égard des adultes, c'est-à-dire à agir d'une manière responsable. Mais pour la méchanceté, ils devaient être comme de petits enfants, sans compromis avec le mal (comp. Rom. 16 : 19).
            Les versets 21 à 25 continuent avec une explication du but du don des langues, et une nouvelle comparaison avec le don de prophétie. Paul cite pour cela un passage du prophète Ésaïe. L'emploi du mot « Loi » montre que ce nom était attribué non seulement aux cinq livres du Pentateuque, mais à tout l'Ancien Testament (comp. Luc 24 : 44). En Esaïe 28, Dieu prononce par la voix de son prophète le jugement sur le peuple d'Israël. Les versets 11 et 12, cités seulement partiellement, correspondent aux termes de la version des Septante, la traduction grecque de l'Ancien Testament. Dieu y annonce qu'il ne s'adressera plus directement à son peuple terrestre comme auparavant, mais qu'Il le mettra de côté et se tournera en grâce vers les nations ; c'est par les voix étrangères de celles-ci qu'Israël devra désormais prendre connaissance des voies de Dieu ! Mais ce passage « en d'autres langues et par des lèvres étrangères » ne produira pas le retour du peuple endurci, car « même ainsi, ils ne m'écouteront pas, dit le Seigneur » (v. 21 ; comp. Rom. 11 : 25). La conséquence en est le jugement de la part de Dieu.
            Tandis que le don de prophétie est utile pour l'édification des croyants, le parler en langues devient ainsi un signe du jugement de Dieu sur son peuple terrestre incrédule (v. 22). Ce fait est un argument supplémentaire contre le parler en langues dans l'assemblée. Pour mettre cela en évidence, Paul présente d'une manière concise deux situations pratiques (v. 23). Au chapitre 11 (v.18), il avait déjà décrit une réunion par ces mots : « quand vous vous réunissez en assemblée ». Cette expression atteste que ceux qui sont ainsi réunis cherchent à répondre sans condition au caractère de l'Assemblée du Dieu vivant, où le Seigneur Jésus est le seul centre et la Parole de Dieu le seul guide. Selon Matthieu 18 : 20, les croyants rassemblés ainsi au nom du Seigneur Jésus ont le privilège de le savoir présent au milieu d'eux et, selon 1 Corinthiens 5 : 4, ils peuvent compter sur sa puissance. Il est dit maintenant dans notre verset : « l'assemblée tout entière se réunit en un même lieu ». Nous voyons ici l'aspect pratique d'un rassemblement, auquel en principe tout croyant - mais aussi l'incrédule - a la possibilité d'être présent. Si donc les Corinthiens parlaient en langues dans une telle réunion, et qu'il entrait des étrangers qui ne connaissaient pas ces langues, ils seraient portés à dire que ceux qui étaient ainsi rassemblés sont fous ! Mais si un ministère de prophétie était exercé, ces personnes seraient placées dans la lumière de Dieu, et devraient reconnaître qu’Il est véritablement présent dans une telle assemblée et s'y révèle (v. 24-25).

 

                        L'ordre divin dans l'usage des dons dans l'assemblée (v. 26-40)

            Lors d'une réunion d'assemblée, le service n'est pas réservé à une seule ou à quelques personnes désignées, mais il est exercé par plusieurs, sans réglementation ou intervention humaines. Cette liberté ne signifie cependant pas que chacun peut faire ce qu'il veut. Celui qui s'exprime doit se tenir sous la direction pratique du Saint Esprit, respecter les instructions de la Parole de Dieu et se poser la question de savoir s'il sert réellement à l'édification de l'assemblée. C'est là aussi une caractéristique d'un rassemblement au nom du Seigneur. Qu'il s'agisse d'un psaume, d'un enseignement, d'une langue, d'une révélation, d'une interprétation ou de quelque autre chose, le but est toujours l'affermissement et la croissance de la vie de la foi (v. 26). Un psaume, ici, ne doit pas être pris dans le sens qu'il a dans l'Ancien Testament ; c’est un cantique qui exprime les expériences de la foi du chrétien et la louange. L'enseignement consiste à expliquer le conseil et les pensées de Dieu. Les révélations au sens du Nouveau Testament n'existent plus actuellement. Mais tant que la Parole de Dieu n'était pas encore complète, Dieu donnait par son Esprit, dans le ministère oral aussi, des communications concernant des sujets jusqu'alors inconnus (comp. 1 Cor. 2 : 9-13).
            Les Corinthiens avaient tendance à participer à l'action dans les réunions sans tenir compte des directives divines mentionnées ci-dessus. Il en résultait un grand désordre, source de déshonneur à l’égard du Seigneur et de préjudice pour les croyants. Aussi sont-ils rappelés à l'ordre, mais d'une manière qui montre très clairement que Paul ne veut pas s'interposer entre les Corinthiens et le Seigneur. Puisque le parler en langues était un don de grâce de Dieu, il ne s'y oppose pas, bien qu'il n'ait effectivement pas été donné pour l'édification des croyants. Pour le maintien de l'ordre extérieur, il ordonne seulement que tout au plus deux ou trois frères parlent en langues, l'un après l'autre, et non simultanément (comp. v. 31), et répète son injonction que, si quelqu’un parle en langue, il soit traduit, afin que les auditeurs puissent comprendre et être édifiés (v. 27 ; comp. v. 5, 13). En l'absence d’interprète, l'intéressé devait se taire dans l'assemblée. Mais il pouvait parler en langues pour lui-même et dans la communion avec Dieu (v. 28 ; comp. v. 2 et 4). Si le désordre dans les réunions décrit ici nous paraît aujourd'hui incompréhensible, les ordonnances de l'apôtre nous montrent cependant l'importance d'un ordre saint dans la présence du Seigneur et d'une attente paisible de la direction du Saint Esprit et les uns à l'égard des autres durant les heures de réunion.
            De même pour les prophètes, c'est-à-dire les frères qui avaient reçu le don de prophétie, seuls deux ou trois devaient parler (v. 29). Après ce qui est dit dans le verset 27 quant au don des langues, cette ordonnance semble aussi indiquer une limitation du nombre. Dieu veut par là garder les siens d'un excès de nourriture spirituelle dans une réunion. Si trop de pensées ou d'enseignements divers sont présentés, la capacité d'assimilation des auditeurs est mise à trop forte contribution et le but proposé est manqué. En même temps, les autres sont invités à juger. Il s'agit là non pas de se livrer à une critique des faiblesses humaines, inhérentes à tout serviteur du Seigneur, mais d'apprécier si le ministère est conforme à la Parole et en vue de l'édification de l'assemblée.
            Si donc, en ce temps où les Saintes Écritures n'étaient pas encore complètes, un autre frère présent recevait du Saint Esprit une révélation, celui qui était en train de parler devait se taire (v. 30). De cette manière, l'occasion serait de nouveau donnée d'accomplir « avec ordre » chacun à son tour un service qui puisse enseigner, consoler ou exhorter les frères et sœurs (v. 31). Mais un frère ne devait jamais se glisser au premier rang dans le service avec l'excuse ou l'argument que le Saint Esprit l'y avait poussé. Comme Paul l'avait déjà montré dans les versets 15 et 16, le croyant possède aussi une intelligence qui, dans les réunions et pour le service, non seulement demeure active, mais fonctionne comme organe de contrôle. C'est pourquoi il est dit : « Et les esprits des prophètes sont soumis aux prophètes » (v. 32). Le Dieu de paix ne tolère aucun désordre parmi les siens, particulièrement en ce qui concerne leurs réunions (v. 33). Tout doit s'y dérouler dans l'harmonie spirituelle et dans la paix intérieure et extérieure. Et là où il y a la paix, l'ordre règne aussi. Dans cette épître qui n'est pas destinée seulement aux Corinthiens, mais est adressée à « tous ceux qui en tout lieu invoquent le nom de notre Seigneur Jésus Christ, et leur Seigneur et le nôtre » (1 : 2), Paul déclare pour la quatrième fois que ses instructions sont valables pour toutes les assemblées (voir 4 : 17 ; 7 : 17 ; 11 : 16).
            L'ordre institué de Dieu comporte aussi que les femmes se taisent dans les assemblées (v. 34). Pendant des siècles, cette ordonnance claire est restée incontestée, mais aujourd'hui elle n'est plus acceptée par beaucoup de chrétiens dans les grands pays industrialisés, où l'égalité de l'homme et de la femme est réclamée et encouragée. Selon la Parole de Dieu, l'homme et la femme ont certes la même valeur à Ses yeux, mais non pas la même position. Il est écrit en Galates 3 : 28 : « Il n'y a plus ni Juif, ni Grec ; il n'y a plus ni esclave, ni homme libre ; il n'y a plus ni homme, ni femme : car vous tous, vous êtes un dans le Christ Jésus ».
            Mais selon l'ordre de la création de Dieu, qui en principe demeure valable pour toute femme, et cela aussi longtemps que la terre existe, l'homme est le chef de la femme (1 Cor. 11 : 3). A cet égard, la femme ne peut pas être l'égale de l'homme, car, quant au corps et à l'âme, elle est faite autrement que l'homme et doit se soumettre à l'homme. La marque visible en est la chevelure longue, non coupée, de la femme ; mais parmi les chrétiens, cette soumission doit aussi se montrer en ce qu'une sœur a la tête couverte, quand elle prie ou prophétise (1 Cor. 11 : 5), qu'elle n'enseigne pas ni n’use d'autorité sur l'homme (1 Tim. 2 : 12), et qu'elle ne parle pas dans les assemblées mais garde le silence, comme cela est enseigné ici. L'adjonction : « comme aussi le dit la Loi » (v. 34) se réfère sans doute moins à un commandement précis qu'au caractère général de la Loi (comp. Gen. 2 : 18 ; 3 : 16 ; Nom. 3 : 4-13). Même si une sœur a des questions, elle ne doit pas les poser dans les réunions, mais doit interroger son mari à la maison (v. 35).
            Visiblement, les croyants à Corinthe ne discernaient rien qui soit faux, ou même déshonorant dans leur éloignement de l'ordre divin. C'est pourquoi Paul leur pose pour terminer deux questions incisives : « La parole de Dieu est-elle sortie de chez vous, ou est-ce à vous seuls qu’elle est parvenue ? » (v. 36). Il veut leur dire par là que pour leurs réunions le même ordre était valable que pour les autres assemblées. Si cependant quelques-uns d'entre eux pensaient pouvoir défendre une autre manière de faire, en prétextant avoir le don de prophétie ou un discernement spirituel particulièrement bon, ceux-là précisément devaient reconnaître que ce que Paul écrivait ici sous la direction du Saint Esprit était un commandement clair du Seigneur (v. 37), et il ne se contredit pas. Aucune assemblée n'a le droit d'introduire des règles qui s'écartent ou qui vont au-delà de la Parole de Dieu. Celui qui s'y oppose, fait preuve d'une ignorance volontaire envers laquelle il n'y a aucune indulgence à avoir. Il doit lui-même en porter les conséquences.
            Pour terminer, Paul récapitule encore une fois les points principaux de ce chapitre. A la fin du chapitre 12 et au début du chapitre 14, il avait encouragé les croyants à Corinthe à désirer les dons spirituels et à les exercer. Leur zèle se concentrait cependant sur le don du parler en langues, raison pour laquelle il a dû leur présenter la prééminence de la prophétie sur le parler en langues dans l'assemblée. Et il le confirme par ces paroles : « Ainsi, frères, désirez ardemment prophétiser, et n'empêchez pas de parler en langues » (v. 39). Cela n'est pas en contradiction avec ce qu'il a dit auparavant, mais souligne le fait qu'il ne voulait pas s'interposer entre un serviteur du Seigneur et le Seigneur. Le parler en langues était aussi un don de grâce de Dieu qui, exercé de la bonne manière, ne devait pas être entravé. Tout ce qui était dit et fait dans les réunions devait cependant avoir lieu « avec bienséance et avec ordre » (v. 40). L'ordre est déterminé en premier lieu par la Parole de Dieu ; mais, comme pour la notion de « bienséance », on ne peut pas exclure que les habitudes particulières de l'époque et du lieu jouent aussi un certain rôle. Il n'y avait et il reste normalement à cet égard un certain consensus qui ne peut pas être simplement négligé par chacun, « car Dieu n'est pas un Dieu de désordre, mais de paix, comme dans toutes les assemblées des saints » (v. 33).

 
 

                                                                                                   A. Remmers