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LA PREMIERE EPITRE AUX CORINTHIENS (8)

 
 
 CHAPITRE 8
 

            Les chapitres 8 à 11 traitent de la juste application - et par contraste, de l'abus - des privilèges que Dieu a donnés aux siens. Au début du chapitre 8, Paul fait probablement référence à une question posée par les Corinthiens (voir 7 : 1) concernant le fait de manger des choses sacrifiées aux idoles. Bien que, de nos jours, nous ne soyons plus confrontés à ce problème, les enseignements de ce passage peuvent nous être cependant d'une aide précieuse dans bien des questions qui surgissent.

 
Les forts et les faibles (v. 1-13)

            L'apôtre commence par mettre en garde les Corinthiens contre une connaissance purement intellectuelle dont manifestement ils se vantaient (v. 1-3). Toute connaissance des pensées de Dieu – et c'est de cela qu'il s'agit ici – est d'abord acquise au moyen de l'intelligence humaine et enregistrée par la mémoire. La connaissance doit cependant être ensuite appliquée au cœur et à la conscience, afin qu'il y ait croissance dans la vie de la foi. Si elle reste une affaire d'intelligence, elle conduit à la suffisance vis-à-vis des autres chrétiens moins instruits ! En revanche, la vraie connaissance de Dieu et de sa volonté conduit à aider et à servir avec amour son prochain. Le chrétien imbu de sa propre connaissance n'est pas encore parvenu à la vraie connaissance. Toutefois, plus il connaît Dieu et l'aime, plus il est conscient de se tenir dans la lumière et d'être connu de Lui. Cette conscience manquait aux Corinthiens, car la seule connaissance intellectuelle ne conduit pas dans la lumière de Dieu.
            L'apôtre aborde maintenant au verset 4 la question posée par les Corinthiens. Il savait tout aussi bien qu'eux qu'une idole, par elle-même, n'est rien d'autre qu'une matière inerte et qu'il n'y a qu'un seul vrai Dieu (comp. 1 Thes. 1 : 9). Il peut bien y avoir, aux yeux des païens, une multitude de dieux et de seigneurs dans le ciel et sur la terre, mais les croyants savent qu'il n'existe qu'un seul vrai Dieu, le Père, qui est l'origine de toutes choses et le but de leur vie, et un seul Seigneur, Jésus Christ, le Fils de Dieu, par qui l'ancienne et la nouvelle création ont été appelées à l'existence. Sous cet aspect, il serait peu important pour les croyants de savoir si la viande qu'ils mangent provient d'un sacrifice offert aux idoles ou non.

            Parmi les croyants à Corinthe, tous n'avaient pas compris que les idoles ne sont vraiment rien. Certains, avant d'être convertis, étaient habitués à manger des choses sacrifiées aux idoles ; ils n'avaient plus, après leur conversion, la liberté de manger de la viande qui avait été offerte à des idoles, parce que leur conscience - très sensible et faible - ne pouvait plus le supporter et en était souillée. Lorsqu'un enfant de Dieu agit contre sa conscience, il pèche (Rom. 14 : 23) et ne peut pas jouir d'une heureuse communion avec Dieu. Pour d'autres, au contraire, il était clair qu'une idole n'est rien ; ils se sentaient donc en droit de manger de la viande provenant d'un sacrifice offert aux idoles.
            Manger ou ne pas manger certains aliments ne nous rend pas plus agréables à Dieu (v. 8). Celui qui, en vertu de sa « connaissance », se sentait libre de manger de la viande offerte aux idoles, n'en avait aucun avantage devant Dieu ; celui qui n'avait pas cette liberté n'en était pas pour autant inférieur. Devant Dieu, il n'y a donc entre les deux aucune différence.

            Mais entre eux, les enfants de Dieu doivent avoir égard l'un à l'autre dans leur comportement et ne pas devenir une pierre d'achoppement les uns pour les autres. Manifestement, les Corinthiens n'y prenaient pas garde. Certains allaient même jusqu'à se rendre dans un temple païen pour manger des viandes offertes aux idoles (v. 10) ! Un frère faible, aux yeux duquel c'était un péché, pouvait alors être incité à l'imiter et se laisser entraîner à faire ce que sa conscience lui défendait. Ainsi la connaissance sans amour conduit à agir sans être conscient de ses responsabilités envers les autres, particulièrement envers des croyants faibles. Ceux-ci sont ainsi entraînés à faire quelque chose qu'ils tiennent pour un péché, et peuvent périr.
            Il s'agit ici non pas de la question de savoir si un enfant de Dieu peut perdre son salut, mais de tout le sérieux de la responsabilité que porte celui qui entraîne au péché un croyant spirituellement faible. Celui qui mélange du poison dans la nourriture d'un autre se rend coupable devant Dieu, même si cela n'entraîne pas la mort (spirituelle).

            Le commandement donné en Actes 15 : 29 de s'abstenir des choses sacrifiées aux idoles n'est nullement mis en question ou ignoré ici. Le motif de ce commandement, à savoir que derrière les idoles se cachent les démons (1 Cor. 10 : 19-22), n'est pas non plus mentionné par Paul. A cause du manque d'amour fraternel parmi les Corinthiens, Paul, conduit par l'Esprit Saint, s'efforce dans ce chapitre de toucher leur cœur et leur conscience et de les rendre attentifs à leur responsabilité réciproque. C'est pourquoi il répond à leur question, non pas en rappelant le commandement valable pour tous les chrétiens, ni en le justifiant, mais par rapport au frère faible.
            Les Corinthiens, qui possédaient de grandes connaissances, considéraient manifestement avec un certain mépris ces frères et sœurs faibles. Ils oubliaient ainsi que le Seigneur Jésus était aussi mort pour eux. Ces âmes possédaient pour Lui une valeur infinie !

            Celui qui entraîne un autre à pécher, pèche lui-même. Dans ce cas particulier, le péché réside dans le fait que la conscience faible du frère est blessée (v. 12). Mais celui qui pèche contre les frères pèche aussi contre Christ, son Seigneur.
            Pour faire honte aux Corinthiens, qui voulaient maintenir leur prétendue liberté sans égards pour leurs frères et sœurs, Paul se présente lui-même au dernier verset de ce chapitre comme un modèle à imiter. Il montre ainsi de la manière la plus claire qu'aucun croyant ne doit être, par quoi que ce soit, et même par une chose aussi « accessoire », une occasion de chute pour un autre.

 
                                                                                                   A. Remmers