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LA PREMIERE EPITRE AUX CORINTHIENS (5)

 
 
 CHAPITRE 5
 
           

Le désordre moral à Corinthe (v. 1 à 13)

            La troisième partie de la première épître aux Corinthiens, qui englobe les chapitres 5 et 6, s'occupe du désordre spirituel dans cette assemblée. Au chapitre 5, il s'agit de la discipline de l'assemblée dans un cas de fornication, au chapitre 6, d'affrontements devant les tribunaux entre frères, et à nouveau de fornication.

                        Comment s'occuper d'un mal manifeste dans la maison de Dieu (v. 1-8)

            Nous ne savons pas comment Paul avait eu connaissance du cas de fornication décrit au chapitre 5. Dans les Saintes Ecritures, la fornication désigne toutes relations sexuelles entre deux personnes non mariées. Maints passages de l'Ancien comme du Nouveau Testament mettent en garde contre ce péché et ses conséquences. Le cas d'inceste évoqué ici entre un homme et sa belle-mère était si flagrant que Paul doit constater qu'une telle chose n'existait même pas parmi les nations.
            Il doit cependant aussi faire aux Corinthiens le grave reproche qu'ils s’étaient enflés d'orgueil (comp. 4 : 6) au lieu de mener deuil de ce qu'un tel péché ait eu lieu au milieu d'eux. Certes ils n'avaient pas encore été enseignés quant à la manière d'agir dans un tel cas. Mais s'ils avaient été spirituellement vivants et forts, ils auraient mené deuil au sujet de ce déshonneur porté à Dieu et, comme autrefois le peuple d'Israël (Nom. 15 : 32-36), ils auraient crié à Dieu et auraient attendu ses instructions et sa volonté. Au lieu de cela, ils avaient manifesté de l'orgueil. Comme nous l'avons déjà vu, chacun à Corinthe n'était occupé que de lui-même et de sa propre gloire. De plus, ils avaient complètement perdu de vue la sainteté de Dieu et de son Assemblée.
            L'apôtre Paul était pourtant conscient de la gravité de l'état de l'assemblée à Corinthe. C'est pourquoi, à son reproche relativement à leur indifférence, il ajoute aussitôt l'injonction : « ...afin que celui qui a commis cette action soit ôté du milieu de vous ! » (v. 2). Il exprime par là un principe important pour l'Assemblée de Dieu.

            Le croyant individuellement, de même que l'Assemblée dans son ensemble, ne doit pas s'associer au péché, ou y rester indifférent. Dieu a les yeux trop purs pour voir le mal (Hab. 1 : 13), et pareillement, la nouvelle nature que le croyant a reçue de Lui, a en horreur le péché. Mais il n'habite aucun bien dans la chair du croyant, et c'est pourquoi le jugement journalier de soi-même est nécessaire. Si celui-ci est négligé, il s'installe chez le croyant un état qui manifeste un jour ou l'autre le mal non jugé. Dieu est ainsi publiquement déshonoré. L'assemblée doit ôter du milieu d'elle le mal non jugé dans cette personne, et, par là, aussi la personne elle-même. Cette démarche paraît sévère et peu charitable à l'homme naturel. Mais n'oublions pas : Dieu est amour, mais il est aussi lumière, et nous ne devons avoir aucune communion avec les œuvres infructueuses des ténèbres (Eph. 5 : 11).
            Même si Paul se trouvait probablement à Ephèse, c'est-à-dire bien éloigné des Corinthiens, il était pourtant présent en esprit. Son jugement apostolique conduit par l'amour pour son Seigneur et sa sollicitude pour toutes les assemblées (2 Cor. 11 : 28) était déjà arrêté. Ce n'était pas un jugement général, il concernait ce cas spécial : par son autorité apostolique personnelle, « celui qui a ainsi commis cette action » devait être livré à Satan (v. 4). Qu'un tel acte ne pouvait pas être celui de l'assemblée, ressort de 1 Timothée 1 : 20, où Paul emploie la même expression pour son intervention personnelle à l'égard d'Hyménée et d'Alexandre.

            En revanche, l'assemblée, comme telle, a le devoir de la part du Seigneur Jésus de recevoir et d'exclure, de lier et de délier (v. 2 et 13 ; 2 Cor. 2 : 7-10 ; comp. Matt. 18 : 18-20). Elle doit être réunie uniquement au nom du Seigneur Jésus Christ et ne peut agir qu'en Son nom. Paul se sent si étroitement lié à l'assemblée à Corinthe qu'il se voit assemblé en esprit avec eux pour accomplir l'acte solennel de la discipline, avec la puissance du Seigneur Jésus Christ et en son nom.
            L'un des buts de l'exclusion est la restauration de la communion interrompue de l'âme avec le Seigneur. Il est vrai que l'assemblée ne peut rien faire de plus dans un tel cas, mais Dieu peut aller jusqu'à la destruction de la chair, afin qu'il soit manifesté, dans la journée du Seigneur Jésus, que l'esprit d'un tel homme est cependant sauvé (v. 5).
            Les Corinthiens n'étaient pas seulement enflés d'orgueil, mais de plus, ils se glorifiaient probablement de pouvoir supporter le péché mentionné ici. C'est pourquoi Paul doit leur rappeler le fait connu alors de tous « qu'un peu de levain fait lever la pâte tout entière » (v. 6). Cela signifie que le péché ne peut jamais être considéré pour lui seul. L'assemblée est une, et est ainsi concernée dans son ensemble par le péché. Il ne s'agit cependant pas ici de l'effet du levain, mais l'accent est mis sur le contraste entre « un peu » et « la pâte tout entière ». De même que les fils d'Israël devaient ôter tout levain de leurs maisons avant la Pâque et la fête des pains sans levain, les Corinthiens devaient aussi ôter le vieux levain en jugeant le péché et en ôtant le mal de l'assemblée, afin de représenter dans la pratique ce qu'ils étaient selon la pensée de Dieu : « une nouvelle pâte » (v. 7).

            Le Seigneur Jésus, le véritable Agneau pascal, était mort. Les Corinthiens devaient maintenant, spirituellement parlant, célébrer la fête des pains sans levain et cela sans avoir aucune forme de levain au milieu d’eux. « Le vieux levain », ce sont les choses dans lesquelles ils avaient vécu avant leur conversion. Ils pouvaient porter le caractère d' « un levain de méchanceté et de perversité » et représente l'activité de la chair dans le croyant. « Les pains sans levain de sincérité et de vérité » évoquent Christ lui-même, la nourriture du croyant.

                        L'exercice de la discipline (v. 9-13)

            Les paroles du verset 9 : « Je vous ai écrit dans la lettre de ne pas avoir de relations avec des fornicateurs » ne signifient pas nécessairement que Paul se réfère à une lettre qu'il aurait écrite auparavant aux Corinthiens. L'emploi du passé plutôt que du présent se retrouve plusieurs fois dans les épîtres du Nouveau Testament (Gal. 6 : 11 ; 1 Jean 2 : 21, 26). Par cette manière de s'exprimer inhabituelle pour nous, l'apôtre veut soit souligner ses explications précédentes sur cette question, soit appuyer l'importance de ses paroles actuelles. Cela ressort aussi du fait que la mise en garde exprimée ici de n'avoir aucune relation avec des fornicateurs est répétée et justifiée au verset 11.
            Par « relation » il faut entendre un contact personnel sur le plan social ; cela ne va pas aussi loin que « communion » qui exprime une relation étroite. Lorsque Paul met en garde les Corinthiens contre toute relation avec des fornicateurs, il est compréhensible qu'il en limite la portée par ces mots : « non pas absolument avec les fornicateurs de ce monde, ou les cupides et les ravisseurs, ou les idolâtres, puisqu’alors il vous faudrait sortir du monde » (v. 10). Le monde, ici, est la création dans laquelle Satan a introduit le péché. Le chrétien vit dans un tel monde, bien qu'il y soit un étranger. Il ne peut certes avoir aucune communion avec les fornicateurs, les avares, les ravisseurs et les idolâtres, avec lesquels il entre forcément tous les jours en contact, par exemple dans son voisinage, professionnellement ou lors de ses achats, mais il lui est impossible d'éviter totalement le contact avec eux. Il lui faudrait alors sortir réellement de cette société. Telle est la voie qu'ont prise les ermites et les moines du Moyen- Age. En tant que chrétiens, nous ne devons et ne pouvons cependant pas sortir du monde, mais nous avons le devoir, individuellement et collectivement, comme étrangers célestes dans le monde, de rendre témoignage de notre Seigneur et de nous tenir séparés de tout mal.
            En répétant sa mise en garde, Paul ajoute donc une indication importante : « Mais en fait, je vous ai écrit que, si quelqu'un appelé frère est fornicateur... vous n'ayez pas de relations avec lui » (v. 11). Dans les versets 6 à 8, il avait présenté aux Corinthiens, au moyen de l'image de la pâte sans levain, leur pureté et leur sainteté aux yeux de Dieu, ainsi que les dangers du levain. Même si le mal était chose courante dans le monde environnant, comme enfants de Dieu, ils ne devaient pas davantage le tolérer pour eux-mêmes que pour les autres ! C'est pourquoi Paul les exhorte à n'avoir aucun relation avec quelqu'un appelé frère qui vit dans le péché. Celui qui confesse être né de nouveau et qui le manifeste dans sa vie pratique, a le droit d'être appelé « frère ». Il est vrai que tout frère, et toute sœur, peut tomber dans le péché. Mais quand le péché est confessé, il y a pardon. Toutefois si quelqu'un « appelé frère » vit publiquement dans les péchés mentionnés ici, la manière même de s'exprimer ici, soulève la question de savoir s'il peut être considéré et traité réellement comme tel.

            Visiblement, les péchés mentionnés ici ne sont ni des péchés cachés, ni des manifestations occasionnelles de la chair, si affligeantes que soient ces dernières. Non, il s'agit ici d'un mauvais état du cœur, qui se manifeste dans ces péchés de telle manière que la communion pratique avec la personne concernée est impossible.
            Les paroles « que vous ne mangiez pas même avec un tel homme » (v. 11) ne se limitent pas à la participation à la cène du Seigneur ; même un simple repas ordinaire, ou une quelconque expression de communion, avec une personne qui déshonore le Seigneur Jésus par sa mauvaise conduite évidente est défendu. Toute relation personnelle avec elle ne serait pas seulement une reconnaissance et une approbation pratiques de sa mauvaise conduite, mais équivaudrait à s'identifier avec elle. Il incombe à la responsabilité personnelle de tout enfant de Dieu qui a le désir de suivre fidèlement son Seigneur, d'obéir à cette sérieuse injonction ! La rupture de toutes relations avec celui qui vit dans le péché a aussi pour but de produire la repentance et le retour.

            Dans les versets 12 et 13, une ligne de séparation nette est tirée entre le « dedans » et le « dehors ». Ceux qui n'ont aucune vraie relation de foi avec Christ comme Sauveur et comme Seigneur sont « du dehors ». Le chrétien doit laisser de tels au jugement de Dieu, qui les atteindra un jour (comp. 11 : 31, 32). « Dedans » est par contre la sphère où se trouvent, de par leur position, tous ceux qui sont sauvés par la foi au Seigneur Jésus. Là, l'assemblée a pour mission de porter une appréciation et de juger.
            Quant à sa position, tout croyant est « dedans », tandis que tout incrédule est « dehors » (comp. Col. 4 : 5 ; 1 Thes. 4 : 12 ; 1 Tim. 3 : 7). Dans la chrétienté, avec ses multiples institutions et traditions non bibliques, une séparation nette entre le « dedans » et le « dehors » comme elle existait au temps de l'apôtre, n'est plus possible aujourd'hui. Quel mélange entre croyants et incrédules nous y voyons ! Combien le mal moral ou doctrinal est supporté et même excusé par de vrais chrétiens ! Il peut ainsi arriver que quelqu'un qui confesse être sauvé, vive publiquement dans le péché et rompe pourtant le pain dans une communauté chrétienne, parce que les principes scripturaires de la discipline n'y sont pas respectés. Un enfant de Dieu fidèle peut-il alors avoir des relations avec un tel homme simplement parce qu'il est reçu dans tel ou tel rassemblement ? Aucunement. Les principes fondamentaux de l'Assemblée de Dieu conservent toute leur validité.
            A ces principes se rattache aussi l'exercice de la discipline nécessaire : « Ôtez le méchant du milieu de vous-mêmes » (v. 13). Il s'agit ici non plus de la responsabilité personnelle de chaque croyant individuellement, mais du devoir, déjà mentionné au verset 2, de l'assemblée d'ôter du milieu d'elle, au nom du Seigneur Jésus, celui qui ne veut pas confesser son péché afin d'en être purifié. C'est en Son nom que l'assemblée se réunit, et tout dans son Assemblée doit être en harmonie avec son glorieux et saint Nom. C'est l'acte ultime que puisse accomplir une assemblée - souvent après de nombreux efforts affectueux individuels ou en commun - dans une profonde tristesse et humiliation, mais dans la conscience de sa responsabilité envers son Chef dans le ciel. Mais même alors, quand l'assemblée ne peut plus rien faire, l'Esprit de Dieu peut produire la repentance, le retour, et la restauration.

 
 

                                                                                                   A. Remmers