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 Le sermon sur la montagne (6)


Christ et la Loi

« Ne pensez pas que je sois venu pour abolir la Loi ou les Prophètes : je ne suis pas venu pour abolir, mais pour accomplir » (Matt. 5 : 17).

            Les enseignements du Seigneur Jésus différaient tellement de ceux des scribes et des pharisiens que quelques-uns de ses auditeurs pouvaient penser que le Seigneur mettait fin à tout ce qui avait été enseigné à Israël jusqu'alors. Dans ce passage qui traite de la Loi (v. 17-48), et qu'on ne trouve que dans l'Evangile de Matthieu, le Seigneur répond à cette pensée.

                        La loi du Sinaï

            En relation avec l'Ancien Testament, le mot Loi peut désigner :

                     - la loi du Sinaï (Act. 7 : 53 ; Gal. 3 : 17),

                     - le Pentateuque (c'est-à-dire les cinq livres de Moïse, en hébreu: la Thora), qui, selon la division juive, constitue la première des trois parties de l'Ancien Testament (Luc 24 : 44),

                    - l'Ancien Testament lui-même (Jean 10 : 34) - dans ce sens, le mot est parfois utilisé conjointement avec « les prophètes » (Matt. 5 : 17 ; 7 : 12 ; 11 : 13).

            Dieu avait donné la Loi du Sinaï à Israël après l'avoir délivré du pays d'Egypte. Cette Loi, avec ses commandements juridiques, cérémoniels et moraux, concernait uniquement le peuple d'Israël (Deut. 4 : 8 ; Rom. 9 : 4), tout comme l'ancienne alliance n'a été conclue qu'avec ce peuple. C'est ce que les chrétiens oublient trop souvent.
            La loi du Sinaï était un ensemble d'exigences et de promesses donné par Dieu à son peuple terrestre. Les lois de caractère moral étaient pour ainsi dire les exigences minimales de Dieu envers l'homme naturel, irrégénéré. Les lois cérémonielles réglementaient le culte du peuple et étaient en même temps des « ombres » des choses à venir - des ombres qui sont devenues des réalités en Christ (Col. 2 : 17 ; Héb. 10 : 1).
            Puisque la Loi provenait de Dieu, elle était sainte, juste et bonne (Rom. 7 : 12). Si les Israélites avaient pu la garder, elle les aurait conduits à la vie et à la justice (Lév. 18 : 5 ; Deut. 5 : 29). Mais ce résultat était impossible à obtenir, parce que la force nécessaire pour répondre aux exigences divines manque à l'homme naturel. Ainsi, la Loi ne pouvait conduire qu'à la connaissance plus exacte du péché (Rom. 3 : 20). Elle manifestait le péché, mais ne donnait aucune force pour l'éviter ; elle conduisait par conséquent à la malédiction et à la mort, bien qu'elle ait été donnée « pour la vie » (Rom. 7 : 10 ; 8 : 3) !

            Sur la croix, le Seigneur Jésus a pris sur Lui la malédiction de la Loi. Il a ainsi racheté ceux qui étaient sous cette malédiction. Il s'ensuit que tout Juif qui croit en Lui échappe à la malédiction de la Loi (Gal. 3 : 13); il est affranchi de la loi, « car Christ est la fin de la Loi pour justice à quiconque croit » (Rom. 6 : 14 ; 7 : 4 ; 10 : 4 ; Gal. 3 : 24-25).
            Pour cette raison, il est contraire à la volonté de Dieu révélée dans sa parole que des chrétiens se placent sous la loi. Sans doute, ceux qui le font ne retiennent-ils le plus souvent que ses prescriptions morales, c'est-à-dire les dix commandements, et laissent-ils de côté les commandements juridiques et cérémoniels. On justifie l'obligation d'observation de ces commandements par le fait que le chrétien ne doit évidemment pas tuer, ni voler, etc. Mais si celui qui est né de nouveau fuit le péché sous toutes ses formes, ce n'est pas afin d'observer la Loi, mais parce qu'il a reçu une nouvelle vie ; c'est parce qu'il possède le Saint Esprit comme source de puissance et Jésus comme modèle.

                        Abolir - accomplir

            En Matthieu 5 : 17, le Seigneur Jésus s'adresse au peuple terrestre de Dieu. Ses disciples, tout comme les foules qui l'entouraient, étaient des Juifs. Le royaume des cieux leur était promis comme à des « fils du royaume ». C'est pourquoi, à ce moment-là, le Seigneur s'adressait exclusivement à ce peuple (Matt. 15 : 24). En considérant les béatitudes, nous avons pu voir que ses paroles ont aussi une application pour les temps actuels, ces temps des « mystères du royaume des cieux ». Mais n'oublions pas que le Seigneur Jésus s'adresse tout d'abord à son propre peuple, auquel Dieu avait autrefois donné la loi au Sinaï.
            Jésus dit qu'il n'était « pas venu pour abolir, mais pour accomplir ». La prédication de Jean le Baptiseur et ses appels à la repentance, ainsi que les discours du Seigneur Jésus lui-même, annonçaient quelque chose de tout à fait nouveau. Mais cela ne signifiait pas pour autant l'annulation de ce qui existait jusque-là. La Loi et les Prophètes (tout l'Ancien Testament) n'ont pas été abolis par Christ, c'est-à-dire jugés sans valeur (comp. Jean 10 : 35). Au contraire, le Seigneur était venu pour les accomplir. Accomplir ne signifie pas seulement obéir à la parole de Dieu - expression qui pourrait s'appliquer à la Loi, mais pas aux Prophètes. Accomplir veut dire confirmer et amener à exécution. Tout l'Ancien Testament témoignait de Christ, et Lui en était l'accomplissement (Jean 5 : 39).

 
                        Iota et trait de lettre

« Car, en vérité, je vous le dis : Jusqu'à ce que le ciel et la terre passent, un seul iota ou un seul trait de lettre ne passera pas de la Loi, que tout ne soit accompli » (Matt. 5 : 18 ; comp. Luc 16 : 17).

            A la fin du règne millénaire de Christ, le ciel et la terre passeront (2 Pier. 3 : 11). Alors apparaîtra une nouvelle création, avec de nouveaux cieux et une nouvelle terre (2 Pier. 3 : 13 ; Apoc. 21 : 1). Mais auparavant, durant ce règne, Dieu reconnaîtra à nouveau Israël comme son peuple, sur la base de la nouvelle alliance (Jér. 31 : 31-35 ; Ezé. 36 : 24-27). Dieu mettra sa Loi au-dedans d'eux et l'écrira sur leur cœur. En ce temps-là, ils l'observeront de bon gré, contrairement aux temps précédents. Les ordonnances concernant les fêtes solennelles et les sacrifices seront à nouveau respectées. Mais, au lieu d'être séparé des nations comme ce fut le cas autrefois, Israël deviendra le centre et le modèle de tous les peuples (Es. 2 : 2-4 ; Zach. 2 : 2-4 ; Zach. 14 : 16).
            Le iota est la plus petite lettre de l'alphabet grec et le trait de lettre est un crochet ou une « petite corne » qui, en hébreu, différencie des lettres autrement identiques. En disant que ces éléments infimes de la Loi écrite ne passeront pas, notre Seigneur rend un témoignage explicite à l'inspiration textuelle de cette partie de la Parole de Dieu. Rien ne disparaîtra de la loi jusqu'à ce qu'elle soit accomplie dans le règne millénaire. Et elle s'accomplira d'une manière qui ne s'est jamais vue dans l'histoire d'Israël. L'expression « que tout ne soit arrivé » (Luc 21 : 32) attire l'attention sur les temps futurs du glorieux règne de Christ, où toutes les prophéties de l'Ancien Testament trouveront leur accomplissement et où toutes les paroles de la Loi seront observées.

 


La loi et le royaume

« Dès lors, quiconque aura supprimé l'un de ces plus petits commandements et aura enseigné ainsi les hommes, sera appelé le plus petit dans le royaume des cieux ; mais quiconque l'aura pratiqué et enseigné, celui-là sera appelé grand dans le royaume des cieux » (Matt. 5 : 19).


                        Mépris de la Parole de Dieu

            Après avoir expliqué, dans les versets 17 et 18, quels étaient ses rapports avec la Loi et les Prophètes, le Seigneur Jésus adresse à tous un très sérieux appel : « Quiconque donc aura supprimé… ». Mais quels sont donc ces « plus petits commandements » dont parle le Seigneur ?
            Il y avait, parmi les Juifs, des scribes et des pharisiens qui attachaient plus d'importance à leurs propres traditions qu'aux commandements de Dieu. Le Seigneur leur dira plus tard : « Vous avez annulé le commandement de Dieu à cause de votre tradition » (Matt. 15 : 6). Aussi longtemps que le régime de la Loi était en vigueur, c'est-à-dire jusqu'à la mort de Christ (comp. Rom. 10 : 4 ; Gal. 3 : 24 ; Eph. 2 : 15 ; Col. 2 : 14), les Juifs étaient tenus de l'observer dans sa totalité. Il était bien précisé en Deutéronome 27 : 26 : « Maudit qui n'accomplit pas les paroles de cette loi, en les pratiquant ! ».
            Les scribes avaient dénombré en tout 613 commandements dans l'Ancien Testament, et les avaient classés selon l'importance qu'ils leur attribuaient. Le Seigneur lui-même distingue, en Matthieu 22 : 36-40, le grand et premier commandement, celui d'aimer Dieu, mais Il y associe immédiatement celui d'aimer son prochain. En Matthieu 23 : 23, Il doit reprocher aux scribes d'avoir délaissé les choses les plus importantes de la loi : le jugement, la miséricorde et la fidélité, tout en respectant scrupuleusement le paiement de la dîme des petites herbes qui poussaient dans leur jardin !

            D'une part, les pharisiens et les scribes plaçaient donc leurs traditions humaines au-dessus des commandements divins, et d'autre part, ils insistaient sur l'accomplissement « extérieur » des plus petits détails de la Loi. Mais le Seigneur distingue entre l'observation purement extérieure de la Loi et l'état du cœur, beaucoup plus important. Or les commandements qui demandent l'amour de Dieu et du prochain mettent en évidence l'impossibilité pour l'homme naturel de vivre d'une manière qui soit agréable à Dieu. Ils montrent ainsi que la foi, et non la Loi, est le seul chemin vers Dieu.


                        Justice

« Car je vous le dis : si votre justice ne surpasse pas celle des scribes et des pharisiens, vous n'entrerez pas dans le royaume des cieux » (v. 20).

            Depuis la captivité babylonienne, les docteurs juifs avaient ajouté à la Loi une quantité de commentaires et de prescriptions, le Talmud, appelé dans le Nouveau Testament « la tradition des anciens ». Les scribes étaient les meilleurs connaisseurs de la Loi et de ces prescriptions humaines, et les pharisiens en étaient les plus sévères observateurs. En Matthieu 23, le Seigneur Jésus prononce un septuple « malheur » sur ces hommes hypocrites et remplis d'eux-mêmes, soucieux de leur apparence extérieure (v. 5-7 ; v. 25-28). Devant les hommes ils paraissaient peut-être pieux et justes, mais leur attitude tout extérieure ne résistait pas à l'appréciation de Dieu.
            C'est pourquoi le Seigneur dit ici : « Si votre justice ne surpasse pas celle des scribes et des pharisiens… ». Il n'est évidemment pas question ici de la justice divine, part de tous les croyants. Le Seigneur Jésus, dans le sermon sur la montagne, n'annonce pas l'évangile aux âmes perdues ; Il s'adresse à ses disciples. « Votre justice » est donc la justice pratique de ceux qui, par la foi en Lui, ont été justifiés, et qui Le suivent en faisant la volonté de Dieu (Matt. 7 : 21).
            « Entrer dans le royaume des cieux » signifie être lié au Seigneur comme son vrai disciple et être reconnu par Lui comme tel. Dans le Nouveau Testament, il est question au moins 14 fois de l'entrée dans le royaume (Matt. 5 : 20 ; 7 : 21 ; 18 : 3 ; 19 : 23 ; 21 : 31 ; 23 : 13 ; Marc 9 : 47 ; 10 : 23-24 ; Luc 16 : 16 ; 18 : 24 ; Jean 3 : 5 ; Act. 14 : 22 ; 2 Pier. 1 : 11). Plusieurs de ces passages montrent clairement qu'il s'agit d'une chose future, les autres ne le précisent pas. Cependant, tous montrent que l'entrée dans le royaume est réservée aux vrais disciples de Jésus. Les injustes n'hériteront pas du royaume de Dieu (1 Cor. 6 : 9).

            Une simple profession religieuse et l'accomplissement de certaines « bonnes œuvres », même si elles impressionnent fortement les hommes, ne suffisent pas pour subsister devant Dieu. En revanche, celui qui se repent sincèrement de ses péchés, celui qui croit que Christ a subi pour lui sur la croix le juste châtiment de Dieu, et qui mène ensuite une « vie nouvelle » en suivant le Seigneur et en obéissant à la Bible, celui-là fera partie des justes qui resplendiront comme le soleil dans le royaume de leur Père (Matt. 13 : 43).

 

                                            A. Remmers – article paru dans le « Messager Evangélique » (1994 p. 210-216)

 
 
A suivre