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 Puissance du témoignage collectif

 
 La puissance n’est pas dans l’apparence et le grand nombre
 Dieu maintient ses témoins partout 
 Il n'y a pas de réelle puissance sans la séparation 
 Deux dangers 
 L'évangélisation ne doit pas induire au laxisme
 Comment pouvons-nous attirer les âmes ?
 

            La puissance du témoignage collectif n’est pas dans le nombre de ceux qui le constituent, mais dans le caractère qu’ils revêtent et elle se lie aux principes sur lesquels ils sont rassemblés. L’Assemblée (ou ce qui en est l’expression) sera un centre d’attraction pour les âmes, le témoignage collectif aura vraiment de la puissance, dans la mesure où ceux qui sont réunis au nom du Seigneur réaliseront pratiquement ce qu’est l’Assemblée de Dieu, car la source de la puissance est en Dieu.
 
 

La puissance n’est pas dans l’apparence et le grand nombre

            Dans des temps où il n’est question que de « masses », de « groupements », où la puissance d’une association est fonction du nombre de ses adhérents, le danger est grand de croire que le témoignage aura beaucoup plus de force si ceux qui se réunissent voient s’accroître leur nombre ! On pourrait être tenté alors, dans la très louable intention de fortifier le témoignage, d’y introduire légèrement des éléments qui n’y ont pas leur place et seront, au contraire, une source d’affaiblissement.

            Sans doute, nous nous réjouirions en voyant des âmes en très grand nombre se grouper autour du Seigneur, à sa table, mais n’oublions pas que, parvenus à la fin de l’histoire de l’Eglise, nous sommes dans des temps d’extrême faiblesse. La Parole de Dieu nous présente les caractères d’un témoignage fidèle dans un jour de ruine ; le premier d’entre eux est celui-ci : peu nombreux et sans apparence (voir Juges 7). « Par les trois cents hommes qui ont lapé l’eau je vous sauverai » (v. 7), dit l’Éternel à Gédéon ; les vingt-deux mille faisaient bien partie du peuple, mais ils ne présentaient pas les caractères de témoins et ils auraient été une cause de faiblesse accrue. Raisonnant selon nos propres pensées, nous dirions : vingt-deux mille hommes seront beaucoup plus forts que trois cents. Mais la puissance n’est pas dans le nombre !

 
Dieu maintient ses témoins partout 
 
            Au milieu des fausses doctrines enseignées à Thyatire ou au sein du formalisme sans vie de Sardes, Dieu maintient des témoins qui, là où ils ont été placés, font face à leur responsabilité propre, avec les lumières qui leur ont été données et manifestent souvent une fidélité qui est bien de nature à nous humilier. Aussi, des promesses leur sont assurées ; ayant souffert avec Christ, ils régneront avec Lui (Apoc. 2 : 24-27 ; 3 : 4-5). Nous avons certes le devoir, si l’occasion nous en est offerte, d’éclairer ces âmes et de leur montrer quel est le véritable terrain de rassemblement des croyants. Dieu, s’Il le trouve bon, les retirera du milieu où elles se trouvent pour les conduire, Lui-même, là où « deux ou trois » sont réunis au nom du Seigneur. Mais si sa pensée est, au contraire, de maintenir un croyant parmi les témoins qu’Il veut avoir et qu’Il aura à Thyatire ou à Sardes jusqu’au retour du Seigneur, nous agirions à l’encontre de ce qu’Il s’est proposé en contraignant ce croyant à quitter la place où Dieu le voulait et où il avait son service. Si cette âme n’a pas compris ce qu’est l’Assemblée comme Corps de Christ, si elle n’a pas saisi le caractère du témoignage rendu à la Table du Seigneur, si elle n’a pas réalisé qu’un vrai témoignage ne peut être rendu que dans la séparation, elle souffrira certainement et peut-être même, fera souffrir les autres !

            « Contrains les gens d’entrer », dit à son esclave le maître de maison qui a préparé le « grand souper » (Luc 14 : 16 -24). Quand il s’agit de présenter à un inconverti le seul nom par lequel il lui faut être sauvé, il convient de se montrer pressant, de « contraindre » celui qui est dehors à entrer, celui qui est perdu à accepter le salut - et cela d’autant plus que le temps presse : c’est aujourd’hui le jour favorable. Dieu veuille que nous puissions contraindre d’« entrer » tous ceux qui sont encore sans Christ (Luc 14 : 23). Mais nous ne saurions user d’une telle contrainte pour amener des croyants à se joindre au témoignage collectif, car nous risquerions d’agir à l’encontre de la pensée de Celui qui se plaît à reconnaître, dans Thyatire comme dans Sardes, des fidèles qui rendront témoignage dans ces milieux jusqu’à son retour.

 

Il n'y a pas de réelle puissance sans la séparation

            Rappelons que, dans les temps fâcheux des derniers jours, c’est un témoignage dans la séparation que nous sommes appelés à maintenir. Notre témoignage n’aura aucune puissance si la séparation est perdue de vue. Cela est vrai pour le témoignage individuel : pauvre témoignage que celui d’Isaac à Guérar, bien que le patriarche y connaisse une remarquable prospérité matérielle ; en revanche, lorsqu’il « monte » à Beër-Sheba, ayant tout abandonné, dressé sa tente, bâti un autel, creusé un puits, son témoignage a un puissant effet moral sur Abimélec, Akhuzzath et Picol qui peuvent lui dire alors : « Nous avons vu clairement que l’Eternel est avec toi... Tu es maintenant le béni de l’Eternel » (Gen. 26 : 26-28).

            Cela est vrai encore pour le témoignage collectif. Nous ne pourrons maintenir un témoignage fidèle au sein de la « grande maison » si nous ne connaissons pas les exhortations de la deuxième épître à Timothée : se retirer de l’iniquité, se purifier des vases à déshonneur, se détourner de telles gens » (2 : 19-21 ; 3 : 5). Ce n’est pas en nous associant à ce dont la Parole nous enjoint de nous séparer que nous pourrons donner de la puissance au témoignage collectif.

            Mais le travail de l’évangélisation ne serait-il pas une excuse valable pour justifier de telles associations ? C’est la Parole qui nous donne la réponse : l’apôtre écrit à Timothée : « Fais l’œuvre d’un évangéliste » (2 Tim. 4 : 5), après lui avoir ordonné : « Retire-toi... purifie-toi... détourne-toi... ». Les deux choses ne sont pas incompatibles. Que Dieu nous garde de ne jamais sacrifier le témoignage à l’évangélisation !

 

Deux dangers

            Au terme de sa longue carrière, un de nos chers conducteurs a voulu nous laisser un message d’une telle importance que beaucoup de croyants  l’ont certainement souvent relu et médité. Transcrivons-en les dernières lignes.

            « En terminant, je désire mettre les frères tout particulièrement en garde contre deux dangers :

                      - le premier, celui de la mondanité qui se montre aujourd’hui dans l’intérêt pour les choses du monde, en proportion duquel décroît l’intérêt pour la Parole

                      - le second, le latitudinarisme (le laxisme, le relâchement dans les principes chrétiens) qui serait la ruine absolue du témoignage que le Seigneur nous a confié. L’amour fraternel est d’autant plus vrai, qu’il se lie à une marche plus étroite, c’est-à-dire à la stricte obéissance à toute la parole de Dieu.

            Ces choses sont le vœu ardent de votre faible frère en Christ…. N’oubliez pas, chers frères, que, quelles que soient les divisions que l’ennemi a semées parmi nous, à notre propre et profonde humiliation, notre témoignage est à l’unité du corps de Christ, et que tout ce qui tendrait à nous accommoder aux diverses sectes indépendantes de la chrétienté, serait la négation absolue et la perte de ce témoignage ». H. R. (1928).

 
 
L'évangélisation ne doit pas induire au laxisme

            Différentes lettres du même auteur ont été publiées, dans les années qui ont suivi, lettres où nous trouverions encore des avertissements extrêmement sérieux. Il vaut la peine d’en citer quelques extraits.

            « Si les anciens serviteurs venaient à manquer, je crois que l’énergie nécessaire pour maintenir les principes du témoignage ferait très vite défaut, car de plus en plus les vues relâchées et la mondanité semblent gagner du terrain ».

            « J’ai écrit quelques mots au cher D. à propos de son idée de collaborer avec les sectes dans l’œuvre de l’évangélisation. J’espère qu’il ne l’a pas pris en mauvaise part. Bien loin d’être jaloux de ce que le Seigneur fait par d’autres, car « le vent souffle où il veut », nous devons nous en réjouir, et prier pour eux, et pour les âmes auxquelles ils s’adressent ; mais pour nous-mêmes, nous devons marcher, à l’égard de l’évangélisation comme du témoignage, dans le domaine que le Seigneur nous ouvre. S’il est restreint, soyons-en humiliés, bien que je ne voie pas, vu notre petit nombre, qu’il soit réellement restreint. Souvenons-nous du mot : « J’ai mis devant toi une porte ouverte ». Cela n’implique nullement une association avec ceux qui s’associent aux principes de Sardes ou de Laodicée ».

            « La tendance la plus dangereuse à laquelle j’ai pensé que nous devions tenir tête est l’effort d’attirer les frères à une association avec les chrétiens des systèmes sur le terrain de l’Evangile... » (H. R.).

            De semblables associations ne peuvent qu’affaiblir le témoignage. Or, c’est aujourd’hui l’un des grands buts que poursuit l’adversaire : affaiblir sinon ruiner complètement le témoignage collectif. Pour arriver à ses fins, il nous présente généralement des choses bonnes en apparence, ce sont les plus dangereuses.

            Citons également, à ce sujet, ce qu’a écrit un autre de nos conducteurs.

                 « Satan sait se déguiser en ange de lumière et ses serviteurs en ministres de justice. Il sait distribuer l’erreur en dilutions et la présenter sous des formes très attrayantes, à l’insu même des instruments qu’il emploie, et dans lesquels on ne soupçonnerait ni mauvaise intention, ni mauvaise doctrine. Il ne commence jamais par présenter ouvertement sa pensée. Il prépare le terrain en l’arrosant de bonté, d’amour fraternel élargi, d’une charité qui admire le bien où qu’il se fasse, d’une indulgence qui se contente d’intentions louables là où les procédés ne seraient pas scripturaires...
                 Le maintien de la vérité et de la sainteté est une condition essentielle du témoignage rendu au Seigneur. L’ennemi fait son possible pour nous faire passer légèrement sur des choses aussi importantes. Tous admettent cependant que la vérité doit être maintenue, mais le désir d’union parmi les chrétiens, l’œuvre de l’évangélisation, l’amour entre tous, la font considérer en fait comme une chose secondaire.
                 Aujourd’hui, le grand but de l’ennemi est d’affaiblir le faible témoignage que le Seigneur s’est suscité jusqu’à son retour prochain. Hélas ! nous facilitons l’œuvre de l’adversaire, par notre mondanité, notre affaiblissement spirituel, l’indifférence qui nous fait traiter d’étroitesse et de manque d’amour le maintien de la vérité. Après avoir affaibli le témoignage par de nombreuses divisions, il veut le ruiner davantage encore ; c’est pourquoi il cherche à réunir ceux qu’il a divisés, non pas sur le terrain de la vérité, ce qui certes serait à désirer, mais en niant ou en atténuant les erreurs qui ont causé ces divisions. Ceux qui désirent être fidèles au Seigneur ne peuvent pas marcher à nouveau dans ces erreurs ; ils doivent garder sa Parole et ne pas renier son nom » (S. P).

 

Comment pouvons-nous attirer les âmes ?

            Prions beaucoup pour la prospérité du témoignage - prospérité qui demande, avant tout, la crainte et la dépendance de Dieu, le maintien de la sainteté et de la vérité, l’ordre et la paix dans l’assemblée. Lorsqu’il en est ainsi, le Saint Esprit peut agir librement, les âmes sont nourries et croissent, « tenant ferme le Chef, duquel tout le corps, alimenté et bien uni ensemble par des jointures et des liens, croît de l’accroissement de Dieu » (Col. 2 : 19). Telle est la véritable prospérité du témoignage, le véritable accroissement selon Dieu ! C’est alors que les âmes sont attirées ! Quelle puissance aurait le témoignage collectif, si nous savions mieux réaliser la pensée divine ! Même dans des jours de ruine, le Saint Esprit demeure un « esprit de puissance... » (2 Tim. 1 : 7). Dieu veuille que cette puissance spirituelle soit davantage éprouvée dans le rassemblement, afin que les âmes soient mises dans la présence de Dieu (1 Cor. 14 : 25).
 

            Il est sans doute hautement nécessaire de parler de Christ à ceux avec lesquels nous sommes en contact, de saisir les occasions qui nous sont offertes de leur présenter la vérité. Mais nous faisons souvent passer le char avant l’attelage : nous essayons d’attirer des âmes alors qu’il y a tant de choses laissant à désirer, tellement peu de puissance dans le témoignage, qu’elles sont rebutées. Elles seront attirées si elles sentent la puissance d’un témoignage selon Dieu. Commençons par rechercher cette puissance, puisque nous en connaissons le secret - l’assemblée sera alors un centre d’attraction pour les âmes !


                                                    D'après Paul Fuzier – Article paru dans le « Messager Evangélique » (1949 p. 141-147)